Le protocole de traitement précoce systématique par hydroxychloroquine + azithromycine des personnes infectées, défendu par le Pr Raoult, pourrait avoir deux effets positifs combinés sur la mortalité occasionnée par la Covid 19. D’une part en réduisant la létalité de la maladie c’est-à-dire la proportion de décès parmi les personnes infectées. D’autre part en réduisant la contagiosité de la maladie, c’est à dire le nombre de personnes qu’une personne malade est susceptible de contaminer en moyenne durant sa maladie.
On s’est attaché jusqu’à présent presque exclusivement à polémiquer autour du premier aspect (létalité) en négligeant presque totalement le second (contagiosité) qui résulte pourtant directement de l’effet incontestable mis en évidence par le Pr Raoult dès sa première publication : la réduction rapide de la charge virale chez les malades traités, avec pour conséquence l’abrégement important de la période pendant laquelle une personne infectée reste contagieuse.
Pour fixer les idées, quelques chiffres. Sans traitement, la durée de contagiosité d’une personne contaminée est de l’ordre de 24 jours en moyenne, dont 2 avant même les premiers symptômes, s’il y en a, et tout cela 2 jours environ après avoir été contaminée. Avec un traitement précoce selon le « protocole Raoult », les personnes infectées ne seraient plus contagieuses que pendant 6 jours en moyenne, la charge virale ayant été réduite à zéro entre temps. Avec pour cette maladie un taux de contagiosité brut Ro=3, une personne malade est susceptible de contaminer 3 autres personnes en 24 jours, soit 0,75 personne seulement en six jours.
Il serait donc impératif de traiter précocement le maximum de personnes infectées, donc d’en détecter le maximum. Comme il est exclu de tester répétitivement l’ensemble de la population une solution serait de tester l’ensemble des personnes qui se sentent malades ou qui supposent avoir été infectées, ainsi que cela a été fait à l’IHU de Marseille que dirige le Pr Raoult. Cette fraction de la population qui vient spontanément se faire tester comprend majoritairement des personnes ayant des symptômes (60 % des personnes infectées) et une petite partie des personnes sans symptôme qui pensent avoir pu être contaminées parce qu’elles auraient fréquenté des personnes malades. Donc environ les 2/3 des personnes infectées peuvent être détectées et donc traitées. Ce qui ramène leur contagiosité à 0,75. L’autre tiers des personnes infectées, non détectées, ne pouvant pas bénéficier du traitement, leur contagiosité reste à 3.
Globalement cela ramène la contagiosité moyenne de l’ensemble des personnes infectées à (0,75x2/3)+(3x1/3) =1,5. Mais cette réduction de la contagiosité ne suffit pas encore pour qu'en moyenne, une personne malade contamine moins d’une autre personne et que la contagion cesse ainsi que cela est pourtant actuellement constaté à Marseille parmi la population qui s’adresse à l’IHU du Pr Raoult. Il y a donc probablement un autre facteur de réduction de la contagiosité, associé au protocole, et qui reste encore à identifier.
Mais en se focalisant sur le seul effet hypothétique du « protocole Raoult » relatif à la létalité, on est complètement passé à côté de son intérêt majeur, à savoir la réduction drastique de la contagiosité des personnes infectées qu’entraîne ce traitement.
Est-il légitime d’extrapoler l’expérience de l’IHU de Marseille ? Si c’était le cas, pourrait-on avancer que si le « protocole Raoult » avait été appliqué partout dès le début, cela aurait permis de gérer la maladie sans aucune mesure spécifique, sans confinement notamment, et aurait permis d’épargner au moins 20 000 vies en France ? Combien dans le monde ? Sans compter les dégâts humains liés à la catastrophe économique.
Dès le début (février), le Pr Raoult avançait que cette maladie serait des plus faciles à maîtriser en appliquant le protocole très simple à base de médicaments très bien connus et à bas coût qu’il proposait. On ne l’a pas écouté, sous prétexte notamment que la publication dans l’urgence de ses premiers résultats n’avait pas un niveau de « scientificité » satisfaisant. La réussite de l’IHU de Marseille dans la maîtrise locale de l’épidémie, tend à prouver qu’il avait pourtant probablement raison, ce qui n’a au fond rien de vraiment surprenant si l’on considère que Didier Raoult est un des plus grands spécialistes mondiaux des maladies à virus, avec la plus large expérience et qu’il a su rester clinicien, c’est-à-dire un vrai médecin qui se préoccupe avant tout de guérir les malades et de sauver des vies. Il ne serait pas encore trop tard pour admettre qu’il a raison, avec grande humilité et extrême gratitude. Et limiter les dégâts qui peuvent l’être encore...
On n’a probablement pas fini de parler de ce scandale caractéristique du monde où nous vivons dans lequel les technocrates scientistes et avides ont pris le pas sur les véritables professionnels compétents et dévoués, dans tous les domaines.
Et si on se mettais à écouter, pas seulement en médecine, les gens véritablement compétents et d’expérience ?