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Billet de blog 30 mai 2020

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Le clinicien et les scientistes

On le sait : quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites. On voudrait maintenant nous faire avaler que c’est en appliquant un protocole de traitement de la Covid-19 inefficace voire dangereux que l’équipe de l’IHU dirigée par le Pr Raoult a jugulé l’épidémie à Marseille (alors qu’elle sévit encore ailleurs) avec une mortalité trois à cinq fois moindre qu’ailleurs.

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Comme disait ma grand-mère quand elle entendait des sornettes de cet ordre : dites-ça à un cheval, même un cheval de bois, il vous enverra une bonne ruade !

Il semble bien que presque tout le monde a perdu la raison, et l’honneur en même temps. On choisit délibérément de ne pas évaluer le très précis et très prudent « protocole Raoult » et sous prétexte que lorsqu’ils sont mal employés, les médicaments mis en œuvre peuvent être inefficaces voire dangereux, on le dénigre par amalgame. C’est logiquement stupide et moralement indigne.

Il est clair que lorsqu’un médicament est employé sans précautions là où il ne peut pas être positivement efficace, il ne reste que les effets négatifs indésirables. Dans le « protocole Raoult » les risques cardiaques inhérents à l’hydroxychloroquine, sont précisément parés par le recours systématique à un entretien clinique complété d’examens biologiques ciblés accompagnés d’un électrocardiogramme préalable à tout traitement. Les personnes à risque cardiaque peuvent ainsi être exclus du traitement. Et les patients qui le reçoivent bénéficient d’un suivi par analyses + électrocardiogrammes qui permet d’interrompre immédiatement le traitement au moindre doute. Par cette procédure, l’équipe de l’IHU de Marseille dirigée par le Pr Raoult montre qu’elle est parfaitement consciente que les risques, faibles mais parfaitement connus, de l’hydroxychloroquine pourraient éventuellement dépasser les bénéfices attendus, non encore prouvés. Dans ces conditions, dénigrer un protocole appliqué seulement à des patients sélectionnés pour être exempts de risque cardiaque au prétexte de la dangerosité de la molécule pour les personnes à risque cardiaque relève à l’évidence de la malhonnêteté intellectuelle.

Par ailleurs, si l’incidence du protocole sur la létalité n’a pu encore être formellement démontrée, il existe une forte présomption d’efficacité dans la première phase (infectieuse) de la maladie, fondée d’une part sur la réduction rapide de la charge virale par l’hydroxychloroquine, démontrée in vivo après avoir été constatée in vitro, et d’autre part sur l’action bien connue de l’azithromycine sur le risque de pneumonie, première complication à redouter. C’est sur cette base que le traitement est mis en œuvre dès le dépistage de l’infection, bien avant toute aggravation nécessitant hospitalisation, et dans le but de l’éviter. Dans ces conditions, dénigrer l’administration des médicaments lors de la première phase (ambulatoire) de la maladie sous prétexte qu’ils seraient inefficaces voire néfastes lors de la seconde phase (hospitalisation) relève évidemment à nouveau de la malhonnêteté intellectuelle.

On aura remarqué en outre que la prise en charge précoce des personnes infectées ne peut que réduire la pression sur le système d’hospitalisation dont la saturation a été le principal facteur de mortalité évitable, au dessus de la létalité incompressible de la maladie. Et de plus, la réduction rapide de la charge virale chez les personnes infectées ne peut que réduire leur contagiosité en écourtant la période où elles sont contagieuses, donc in fine le nombre de contaminations.

L’équipe de l’IHU de Marseille dirigée par le Pr Raoult a tout simplement fait ce qu’il fallait faire, en fait la seule chose qu’on pouvait faire prudemment avec quelque chance de succès, et la réussite en a indubitablement résulté. Qu’on ne sache pas encore démontrer formellement et comprendre pourquoi ne doit pas occulter le résultat concret évident : l’épidémie est éradiquée seulement à Marseille au prix d’une mortalité trois à cinq fois plus faible qu’ailleurs.

Les pommes tombaient depuis toujours quand Newton a démontré pourquoi. Avant lui aucune personne sensée n’a jamais soutenu que les pommes ne tombaient pas puisqu’on ne comprenait pas pourquoi. De nos jours ce genre de raisonnement est celui des technocrates scientistes qui composent notre « élite » et prétendent nous le faire adopter.

Un véritable expert est quelqu’un qui, d’une part sait tout sur son domaine de compétence et d’autre part, a acquis au fil du temps une expérience approfondie qui lui a appris ce qu’on ne doit pas faire et ce qu’on peut faire dans telle ou telle situation. Le véritable expert a tellement intériorisé et intégré tout ce savoir que, dans toute situation qui relève de ses compétences, il sait très rapidement ce qu’il faut faire, presque intuitivement tant il n’a pas besoin de réfléchir longuement car il a déjà mené toutes les réflexions depuis bien longtemps. Homme d’action, il voit immédiatement ce qu’il faut faire comme une évidence tout en ayant clairement à l’esprit toutes les raisons qui justifient cette action.

Et lorsque le véritable expert est en outre une personne ayant des valeurs humanistes qui s’intéresse effectivement aussi bien à chaque individu qu’aux comportements collectifs, ce qu’il fait parce que cela lui paraît évident peut être particulièrement astucieux, bien au-delà de minimiser les risques et d’avoir des chances raisonnables de marcher.

Et en effet, sur la base d’une expertise universellement reconnue, le Professeur Raoult et l’IHU ont agi de manière particulièrement éthique et intelligente. Pour s’en convaincre, regardons comment de multiples effets ont été combinés pour produire le succès final.

D’abord, élaborer un protocole de traitement non risqué et ayant des chances de marcher. Ensuite, faire savoir que ce traitement existe et que tous les gens qui se présenteront pourront en bénéficier s’ils sont effectivement malades.

Cela incite directement les gens à venir se faire tester dès qu’ils pensent qu’ils pourraient avoir été infectés puisqu’ils n’ont rien à perdre. En effet, de deux choses l’une, soit la personne saura qu’elle n’est pas infectée, soit elle sera prise en charge immédiatement.

Et en attendant, elle ne contaminera pas les autres. Car en effet, à part les personnes à risques majorés par des comorbidités et celles dont l’état déjà aggravé nécessite une hospitalisation, chaque personne testée est renvoyée chez elle en attente du résultat de son test par SMS sous 48h. Avec la consigne d’éviter les contacts dans l’intervalle. On voit que la procédure a d’emblée pour premier effet de réduire la contagion.

Le SMS invite les personnes testées positives à revenir à l’IHU, en prenant toutes les précautions pour ne contaminer personne d’autre, afin de recevoir leur traitement ambulatoire qu’elle doivent observer immédiatement et pendant une semaine au cours de laquelle il leur est conseillé de s’isoler. Une quarantaine d’une semaine seulement (durée nécessaire à l’annulation de la charge virale) est plus facile à respecter scrupuleusement que la quarantaine standard de deux semaines sans traitement. En outre, le fait de prendre un traitement, en rappelant aux personnes ayant peu ou pas de symptômes qu’elles sont néanmoins malades et contagieuses, les incite à mieux respecter leur isolement. Par ailleurs, il leur est conseillé d’avertir les personnes avec lesquelles elles ont pu être en contact la semaine précédente et d’inviter ces dernières à venir se faire tester à leur tour. Second effet de réduction de la contagion par réduction du nombre de personnes contagieuses sans le savoir disséminées dans la nature.

Outre l’effet de réduction de la contagion, la stratégie mise en place à l’IMU de Marseille a l’avantage d’éviter la saturation du système d’hospitalisation en évitant les cas de pneumonie qui auraient pu le surcharger, sans compter la réduction du nombre d’appel au 15 (SAMU). Autre facteur de réduction de la mortalité.

On voit donc que l’effet direct du protocole de traitement médicamenteux sur l'infection, probable mais toujours pas formellement établi, n’est pas le seul et peut-être même pas le plus déterminant dans la réduction de la mortalité Covid-19 à Marseille. En regardant les chiffres de près on peut d’ailleurs constater que la létalité est de l’ordre de 0,5 %, pas significativement plus faible qu’ailleurs, hors cas de saturation du système hospitalier. En revanche le taux d’hospitalisations de cas graves et surtout de contaminations rapportés à la population globale semble bien plus faible qu’ailleurs. Il est donc probable que c’est d’abord en réduisant localement la contagion que les procédures mises en place par l’IMU autour du « protocole Raoult » sont parvenues à juguler l’épidémie Covid-19 à Marseille au prix d’une mortalité trois à cinq fois plus faible qu’ailleurs.

Les technocrates scientistes qui nous dirigent et prétendent nous informer ont le regard braqué sur la seule question de l’efficacité ou non de la combinaison hydroxychloroquine + azithromycine en oubliant que ce traitement fait partie d’un protocole, lui même mis en œuvre via une véritable stratégie de santé publique. C’est la combinaison du tout qui à conduit au succès à Marseille.

La médecine n’est pas une science, c’est un art qui s’appuie sur les connaissances scientifiques pour soigner des individus insérés dans une population. Réduire la médecine au savoir technique qui la sous-tend est une erreur typique du scientisme. Exceller dans l’art de la médecine appartient aux véritables experts restés des cliniciens au contact du terrain, n’oubliant jamais qu’il soignent des gens insérés dans un environnement et que cela ne se réduit pas à traiter techniquement des maladies. La médecine est un art global, un art éthique et noble, qui s'appuie sur des connaissances et des compétences techniques qui ne sont qu'un premier et indispensable prérequis.

A Marseille, l’IHU dirigé par le Professeur Raoult a fait exactement ce qu’il fallait faire, la meilleure chose qu’on pouvait faire face à l’irruption de cette maladie inconnue jusqu’alors. Avec les résultats positifs que l’on constate.

Merci et bravo !

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