L'enquête sur la gestion de la chaine a duré plusieurs mois, mais la directrice était en poste depuis de nombreuses années.
Elle était très présente, s'invitait dans des émissions où les producteurs/productrices, forcément polis, parfois obséquieux, l'accueillaient. Son nom était souvent cité, plus d'une émission était présentée comme étant "sur une idée de Sandrine Treiner". Cela paraissait bizarre. C'était du jamais vu sous les directions précédentes ou, du moins, dans une bien moindre mesure . Là, vu simplement de l'extérieur, cela devenait indécent. La chaine aurait, parait-il, gagné en audience (grâce aux podcasts d'ailleurs et pour notre plus grand bonheur). Tant mieux, vu le niveau des autres, mais quand même son contenu est devenu plus "lisse". Je ne saurais dire si S.T. en est à l'origine, mais les débats ont fini par disparaître. On se souvient avec nostalgie des matins de Jean Lebrun, des engueulades du Panorama, des controverses de "Staccato" et, plus récemment du "Grain à moudre". Producteurs/productrices et intervenant(e)s prenaient alors des risques. C'est de moins en moins le cas.
Le statut de producteur/productrice à FC pose un vrai problème. À moins de décrocher - en y mettant les formes - une émission régulière, on dépend, aujourd'hui comme hier, du bon vouloir de la direction. Pas d'accord? Dehors. Les choses peuvent être dites avec plus d'élégance, mais elles reviennent au même. Mais si la maltraitance qui semble désormais avérée a pu perdurer, c'est parce qu'individuellement on pouvait y trouver son compte. Dans un milieu atomisé, la solidarité n'existe pas. Jusqu'au jour où la coupe est pleine pour une majorité. (Ne leur jetons pas la pierre, nous qui bénéficions du statut de la fonction publique.)
La seconde question dépasse le cas de S.T. même si elle l'a illustré. Elle concerne le rapport des femmes au pouvoir. Pour en avoir connues plusieurs à la tête d'institutions, je regrette de devoir admettre que, dans la plupart des cas, je dis bien dans la plupart et pas dans tous, elles agissent de façon pire que les hommes. (Je fais abstraction ici du comportement typiquement masculin des prédateurs, ce qui bien sûr n'est pas une mince affaire.) Pour quelles raisons? Mal à l'aise dans l'exercice du pouvoir, les femmes souffrent d'un manque de légitimité historique qui les conduit à adopter des pratiques autoritaires. Et quand enfin, elles sont acculées à le reconnaître, elles invoquent, comme Sandrine Treiner, qu'elles seraient plus vulnérables parce que femmes. Une piètre défense. Il faut le rappeler, ce n'est que lorsqu'une parité dans les postes de direction aura été atteinte qu'on pourra enfin espérer un changement de comportement. En attendant, pas plus qu'à un homme de pouvoir l'indulgence ne doit être accordée à une femme de pouvoir qui en abuse.