Comment sont formées les forces de l’ordre ? Que leur apprend-on ? La question est éminemment d’actualité après la gestion calamiteuse des incidents lors de la finale de la Ligue des champions le 27 mai au stade de France et la répression sanglante des manifestations depuis des années en France.
En pénétrant dans un centre de formation pour gardiens de la paix, l’école de police de Oissel, le documentariste Antoine Dubos nous en apprend beaucoup. Son film La cité de l’ordre, soutenu par Tënk et Mediapart sera bientôt visible sur nos sites, mais d'ors et déjà quelques projections en salle sont programmées *. Et ce jeudi 9 juin, une séance en présence du réalisateur, du producteur Jean-Baptiste Fribourg (La Société des Apaches) et moi-même au nom de Mediapart se tiendra au cinéma Le Saint André des Arts à Paris.

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La Cité de l’Ordre est l’immersion au sein de l'école de police de Oissel, en Normandie, un site où les élèves gardiens de la paix s’entraînent dans une ville récréée de toutes pièces. Comme dans un décor de cinéma, il y a les néons de la pharmacie, le guichet automatique de la banque, la mairie, l’école, le commissariat reconstitué. Des appartements aussi, où se jouent des scènes de violences conjugales. Car ici, tout est fictif mais l’on joue pour de bon. Apprendre à maitriser un homme, à dominer une situation, à répondre à une agression verbale ou physique. Au fil des semaines et des situations parfois assez cocasses, les élèves-policiers se transforment et révèlent la vision de la cité et ses dangers, la vision de l’ordre social portée par la police.
Antoine Dubos a tourné alors que les Gilets jaunes commençaient à s’installer sur les ronds-points puis à investir la rue. Au fil de son documentaire, la formation prend alors une toute autre tournure, sort de la cité cinéma pour, dans les alentours, apprendre la gestion des foules en colère. Casques, boucliers, Flash-Ball et autre lanceurs de balles de défense sont de la partie. Et l’on découvre combien est peu fait cas, en ces situations, du cadre légal de l’utilisation de ces armes. Ce qui compte, c’est réprimer, dominer, à défaut de maîtriser.
Après une entrée en matière où les scènes peuvent faire penser à du théâtre amateur dans un décor de carton pâte, le documentaire parvient à saisir des tensions qui ne font plus du tout rire. Une prouesse.
* A l’occasion de la sortie de ce documentaire sur Tënk et Mediapart fin juin, début juillet, une tournée en salle est organisée.
- A Paris, le 9 juin, à 20h au Cinéma Le Saint André des Arts, en présence d'Antoine Dubos et du producteur Jean-Baptiste Fribourg (La Société des Apaches) et de Sophie Dufau (journaliste à Médiapart).
- A Lyon, le 14 juin, à 18h45 au Cinéma Lumière Bellecour en présence d'Antoine Dubos et du producteur Jean-Baptiste Fribourg (La Société des Apaches) et en partenariat avec Flagrant-déni.fr (Dévoiler les rouages de l'impunité policière).
- A Marseille, le 29 juin (horaire à confirmer) au Cinéma La Baleine, en présence d'Antoine Dubos et de Clara Martot, journaliste indépendante et spécialiste des violences policières, rédactrice pour Marsactu.