Agrandissement : Illustration 1
Je regarde, certe, de l'autre côté de l'Atlantique, le conglomérat des fascistes sceller ses alliances avec l'effroyable Netanyahou. Mais je regarde aussi nos gouvernants français qui adhèrent, sans le dire à ce projet. Comment puis-je affirmer cela ? Je les écoute et j'entends aussi leur silence.
Bruno Retailleau et ses sous-fifres xénophobes se sont empressés d'isoler une phrase de Rima Hassan lorsque cette dernière a rappelé le Droit international. Bruno éructe, Bruno beugle, tronquant délibérément la démonstration magistrale de la députée. Elle dit : "Moi, je parle la langue du droit international, le Hamas a une action légitime du point de vue international." Bourdin lui rétorque : "C’est un mouvement de résistance ?". Elle répond : "Non, parce que la “résistance” ça peut être sujet à interprétation, vous êtes pour ou contre. La question du droit international, c’est une boussole, tout le monde doit se tenir à cette boussole : la légitimité de la lutte armée dans un contexte de colonisation, elle est extrêmement claire, et c’est ma position. Pour autant ce n’est pas parce que les résolutions des Nations unies sont extrêmement claires sur le droit des peuples colonisés à avoir recours à la lutte armée que les procédés de la lutte armée justifient tout. Vous n’avez pas le droit de prendre en otage des civils, vous n’avez pas le droit de commettre un certain nombre des exactions telles qu’elles ont été commises lors des attaques du 7 octobre par l’organisation islamiste. Moi et mon parti avons quand même très souvent rappelé que c’était effectivement des crimes de guerre." La démonstration est implacable. Retailleau peut continuer de chialer et d'enrichir la marque Kleenex. Puis, il y a eu l'autre ministre, un mediocre, dont le nom m'échappe tant il est inexistant politiquement, qui a demandé la déchéance de nationalité de Rima Hassan.
Mais voilà lorsqu'il s'agit de sionistes israéliens ou de leurs soutiens qui font des apologies de crimes contre l’humanité et des appels aux meurtres visant les défenseurs de la Palestine, Retailleau et consorts disparaissent des radars. Certainement trop occupés à étaler leur racisme, à détricoter le droit international, à dissoudre des associations antiracistes et à trouver comment emmerder les arabes et les musulmans d'ici ou d'ailleurs. Ils n'ont donc pas le temps de s'indigner et de signaler à la Procureure de la République l'apologie de crime contre l’humanité (nettoyage ethnique) proférée par Barbara Lefebvre sur inews24, le 20 février. Je la cite : « Les civils à Gaza sont autant responsables que les membres du Hamas et du Jihad islamique. Tout cela devra à un moment ou à un autre être payé et être payé au prix fort. Et donc effectivement on ne peut que soutenir le plan Trump, et décider une bonne fois pour toute, que la bande de Gaza doit devenir une zone vierge. Il faut que ces gens-là aillent vivre ailleurs.» Ou encore de signaler les propos de l’écrivain Franco-israélien, Marko Koskas, soutien du sionisme et du génocide en cours, qui publiait les mots suivants dans la « Tribune juive » le 20 février : « Je n’aurai jamais assez de balles pour dézinguer tous ces affreux. Et pas de revolver non plus. […] La conscience humaine n’est plus façonnée par les livres, mais par les hyènes de la politique. Et moi je ne vois pas d’autre réponse que foutre une balle dans la tête de Mme Sourdais, Monsieur Coquerel et toute la mélenchonie. ». Des menaces de mort claires et directes visant des membres d'un parti politique luttant pour le respect des droits humains. L'une des missions du Ministre de l'intérieur n'est-elle pas de préparer et mettre en œuvre la politique du Gouvernement en matière de sécurité intérieure ?
Que nous disent ces séquences de l'adhésion de notre gouvernement à un génocide et une épuration ethnique. D'une part, ils s'en prennent systématiquement aux personnes antiracistes ou racisées qui défendent les droits humains des Palestiniens. Systématiquement. D'autre part nos gouvernants ferment volontairement les yeux et bouchent leurs oreilles lorsque des pro-sionistes et leurs soutiens font des apologies de crimes contre l'humanité et des appels aux meurtres à L’Assemblée nationale ou dans les médias. Meyer Habib, Barbara Lefebvre, Nili Kupfer-Naouri, la liste est longue et ces gens ne sont nullement inquietés. Je maintiens que nos gouvernants sont profondément racistes et islamophobes, qu'ils adhèrent à une idéologie d'extrême-droite, à un nettoyage ethnique et à un génocide.
Une autre preuve de l'enlisement raciste de la France est venue s'ajouter lors de la séquence "Jean-Michel Apathie rappelle un fait historique". Il a déclenché un vent de panique chez tous les décérébrés obsédés par le roman national. Ceux qui voudraient nous faire croire aux bienfaits de la colonisation, les mêmes qui éructent la bave aux coins des lèvres "oui mais on a construit des routes", ceux qui parlent de civiliser des peuples sauvages et qui oublient sciemment de mentionner les meurtres de masse, la torture et les viols commis par l'armée française. N'en déplaise aux négationnistes et aux révisionnistes : Jean-Michel Apathie à raison. Les crimes coloniaux de la France en Algérie dès 1830 sont très documentés car les généraux de l’époque étaient fiers de leurs agissements, assumant leur barbarie, cette dernière décrite dans des correspondances entre militaires. En 1830, Alger est sous son contrôle l’armée française qui met en place la stratégie des « colonnes infernales » : une destruction systématique pour empêcher toute reconstruction, un nettoyage ethnique pour remplacer les populations indigènes par des colons. Pourchassés par l’armée française, les Algériens se réfugient, avec leurs troupeaux, dans les montagnes et se cachent dans des grottes. L’armée française opte pour la technique sadique des "l'enfumades" : allumer des feux à l’entrée de ces grottes, pour que la fumée asphyxie les Algériens. Pendant plus de cinq ans, l’armée française a perpétré cette technique faisant des milliers de morts. Meurtres, tortures, 500 000 Algériens vont être exterminés par la France lors de cette conquête de l'Algérie.
Nous en arrivons au sujet qui fache les gauches. La violence. Si nous ne pouvons compter sur nos dirigeants pour respecter le droit international, pour respecter les droits humains fondamentaux, s'ils laissent les extrêmes droites française et israélienne nous menacer de mort, faire des appels aux meurtres et des apologies du génocide ALORS nous devons nous poser la question de la légitime défense. Sans abandonner les autres formes de luttes plus pacifiques, mais face au fascisme, leur efficacité reste limitée. Sous Macron nous avons vu des manifestants se faire énucléer, mutiler, emprisonner, ficher, ou tuer. Nous avons vu nos droits et nos libertés attaqués, nos conquis sociaux disparaître dans la violence des 49.3. Nous avons vu l'antiracisme et l'opposition à un génocide criminalisés. Les violences policières, politiques, médiatiques, les tentatives d'assassinats de groupuscules néonazis et les appels aux meurtres des sionistes et leurs soutiens sont autant de facteurs qui doivent nous questionner sur cette morale de la non-violence inculquée par la bourgeoisie.
La morale bourgeoise présente dans nos médias et dans la bouche de nos politiques nous assène depuis l'enfance que "la violence c'est mal". La docilité de la population garantit à la classe bourgeoise protection et conservation de ses privilèges. Cela permet de ne surtout pas bousculer la marche destructrice du Capitalisme. Je me rappelle de cette photo d'un enfant Palestinien jetant une pierre sur un char de colons israéliens, et de commentaires indignés sur la "violence terroriste" de cet enfant. Pas le char, arme de guerre de colons commettant des crimes contre l'humanité. Non, l'enfant. Je me rappelle de l'émotion bourgeoise pour trois tags sur l'arc de triomphe lors du mouvement des gilets jaunes et de la moraline bourgeoise pendant des semaines sur "les sauvages" qui dégradent un monument sans ne jamais parler de la violence d'état qui, elle, a mutilé des humains demandant seulement à vivre dignement de leur travail. Je me rappelle de ces journalistes lors de la manifestation du 1er mai 2019 qui filment une poubelle qui brûle mais détournent la caméra lorsqu'un homme âgé se fait traîner au sol par la police. La morale bourgeoise voudrait que seuls les États et leurs armées détiennent le monopole de "la violence légitime". Légitime ? Sauf qu'il n'y a pas plus illégitime que la violence étatique : une violence s'abattant sur sa population lorsqu'elle lutte pour ses conquis sociaux, ses droits, ou l'environnement ; lorsqu'elle vend du matériel militaire à une État commettant un génocide et une épuration ethnique ; lorsqu'elle envoie son armée pour piller, coloniser, asservir, soumettre, torturer des populations abandonnées par la communauté internationale.
À l'heure où la CIA ressort un guide sur "Comment saboter le fascisme", il est peut-être temps de reconsidérer nos préjugés sur la violence au sein de nos luttes. Aucun droit, aucune liberté n'ont été conquis sans elle.