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Billet de blog 1 avril 2025

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"Les lois c'est pour le prolétariat, pas pour les bourgeois", hurlaient-ils en chœur

Tous vent debout pour sauver la délinquante Le Pen. Et partout, les magistrats, la démocratie et l'État de droit sont attaqués par le RN et ses alliés médiatiques.

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Les médias beuglent, Christophe Barbier éructe : " de quel droit un juge se permet-il de faire interdire un éventuel candidat à une élection ?". Et je vais vous répondre chers politiques et médias outrés que l'on puisse condamner des (ploutocrates) coupables de délits. Concernant l'inéligibilité, il s'agit de la loi appelée "Sapin II" : "La loi du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique a rendu obligatoire, le prononcé de cette peine complémentaire d’inéligibilité à l’encontre de toute personne condamnée pour une infraction d’atteinte à la probité". Et vous savez quoi ? Cette loi a été votée à l'Assemblée nationale par nos élus : l’ Assemblée nationale a adopté le mardi 14 juin 2016, par 304 voix pour, 199 contre et 45 abstentions la loi Sapin II. Et je vais vous surprendre, le 5 avril 2013, pour la seule fois de ma vie, j'ai été en accord avec Marine Le Pen lorsqu'elle défendait l'inéligibilité à vie des élus condamnés dans des affaires de détournements de fonds publics. Interviewée sur Radio Classique et Public Sénat, voici ce qu'elle déclarait. « J’ai entendu le président de la République dire que ce qu’il faudrait c’est rendre inéligible à vie ceux qui ont été condamnés pour corruption fiscale et fraude. J’étais parfaitement d’accord, c’était dans mon programme présidentiel ». Mais celle qui se pensait intouchable, planant au dessus des lois, fût rattrapée par la justice. Le Pen annonce vouloir saisir la Cour Européenne Des droits de l’Homme. Sauf qu'en 2018,  à l'Assemblée nationale, elle contestait la “place exorbitante” accordée à la CEDH dans le droit français, assimilant l’instance internationale à “un gouvernement des juges”. Marine Le Pen affirmait que la CEDH était “une force de désarmement massive des États”. La députée d’extrême droite critiquait vivement “ces juges étrangers” désignés “sans légitimité démocratique”. Pour les petits malins qui voudraient contester ou euphémiser son discours, ma source est le compte rendu de la séance du jeudi 15 février 2018 

   Mais aujourd'hui tout est oublié, ça joue les amnésiques sur ces mots prononcés par Le Pen il y a 12 ans. L'opération "sauver Le Pen et ses complices" est lancée dans les médias : Jacobelli sur LCI, Chenu sur France 2,  Bardella sur Europe 1, Edwige Diaz sur RFI, Aliot sur BFM, Odoul sur Sud Radio et Marion Maréchal sur TF1. Dans l'ignominie ambiante, je tiens à porter à votre attention le tweet de Philippe Schreck, député RN et avocat, je le cite : "On est au delà du gouvernement des juges, mais dans la dictature des juges ! 3 mollahs du droit ont supprimé la démocratie. Face à la dictature, le peuple a le devoir de se soulever." Ce monsieur est un avocat qui visiblement ne connaît pas bien la loi : Discrédit sur une décision de justice (Art.434-25 du code pénal) ; Provocation à la rébellion (Art.433-10) ; Provocation à un rassemblement d'insurgés (Art.412-4) ; Injure (Art.33 de la loi de 1881). Il ne connaît pas non plus les définitions de "dictature", de "démocratie" ou encore d' "État de droit". Parce précisément ce qui est respecté dans la condamnation de Le Pen c'est l'application stricte de la loi et de veiller à ce que les élus, "comme tous les justiciables, ne bénéficient pas d’un régime de faveur." Mais vu que Philippe Schreck est d'extrême-droite, il peut en toute quiétude mentir, terroriser, insulter et menacer des magistrats et la démocratie. Je rappelle à toutes fins utiles que des dispositifs antiterroristes sont détournés et utilisés pour condamner et museler des militants de gauche, pour des faits beaucoup moins graves que le tweet de Schreck : il s'agit de l' "affaire du 8 décembre". Au terme d’une audience lunaire, les sept « accusés du 8 décembre » ont été condamnés pour association de malfaiteurs terroriste. "Malgré l’absence de projet concret, et au prix d’une jurisprudence dangereuse". Mais ces condamnations qui constituent de réels détournements de la loi, des injustices flagrantes, conviennent parfaitement à l'alliance Macrolepéniste. 

   Pour finir, j'ai quelques questions à poser à Christophe Barbier et à tous les chiens de garde de la Macrolepénie : de quel droit des élus se permettent de détourner de l'argent public à hauteur 4 millions d'euros ? De quel droit peuvent-ils occuper des emplois fictifs ? De quel droit peuvent-ils s'engager dans des pactes de corruption pour financer leur campagne électorale ? De quel droit des médias merdiques peuvent-ils participer au harcèlement de magistrats et à la négation de l'État de droit ?En 2025, nous en sommes là : criminalisation des juges, héroïsation d'une délinquante, attaque de l'État de droit. Car Christophe Barbier n'est pas le seul à pousser des cris d'orfraie. Voici une rétrospective des éléments de langage pour sauver la soldate Le Pen. « Les juges ont choisi la solution finale » : le responsable du RN en Aveyron compare la peine de Marine Le Pen à la Shoah. Cette même Shoah que des élus et encartés RN nient quand ça les arrange. Le Pen, quant à elle, se compare à tour à tour à Navalny, opposant de Poutine assassiné, puis lors de son rassemblement, elle s'assimile à Martin Luther King, exactement au même moment où un groupuscule fasciste distribuait un tract contre le métissage, pour la suprématie blanche et un nettoyage ethnique en France. En conférence de presse, elle avait même qualifié sa condamnation de « bombe nucléaire » (sans irradié, sans mort, NDRL). Dans la catégorie "fasciste assumé", Guy-Olivier Cuénot, élu RN se réjouissait sur ses réseaux sociaux des menaces de mort contre la présidente du tribunal, les qualifiant de « saine révolte contre ce fascisme gauchisant ». Lui emboitant le pas, Bruno Retailleau s'en prennait au Syndicat de la Magistrature et prétendait qu'il existait des « juges rouges ». À tout ce pastiche fascisant, mensonger et ridicule, il ne manquait plus qu'une dimension biblique : irruption de Bruno Gollnish qui compare Marine Le Pen à Jésus. Pour finir, j'ai quelques questions à poser à la meute fasciste : de quel droit des élus se permettent de détourner de l'argent public à hauteur 4 millions d'euros ? De quel droit peuvent-ils occuper des emplois fictifs ? De quel droit peuvent-ils s'engager dans des pactes de corruption pour financer leur campagne électorale ? De quel droit des médias merdiques peuvent-ils participer au harcèlement de magistrats et à la négation de l'État de droit ?

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