Canicule : réunion secrète au sommet de l'État.

Macron : " Bonjour à toutes et tous. Je vous ai réuni ici aujourd'hui afin que nous puissions mettre en place tous les éléments de langage pour calmer les gueux qui se plaignent d'avoir chaud. Je remercie l'AFP et les éditorialistes des chaines Bolloré d'être là pour nous aider dans ce dur labeur. On rappelle le but de la réunion : ne rien faire mais faire croire qu'on fait ET dédramatiser la situation. Oui, il y aura des morts mais au moins ils ne le seront pas de froid. [Rires]. On va commencer le tour de parole par Élisabeth parce que ça commence à gueuler fort chez ses fainéants de l'éducation nationale qui s'inquiètent pour les chiards des prolo".

Élisabeth Borne : "Merci monsieur le Président de me laisser la parole. Pour l’accueil des élèves, notamment dans la maternelle et dans le primaire, il est essentiel qu’il y ait une bonne coordination entre le rectorat, les maires et les préfets pour décider par exemple, de permettre aux parents qui le peuvent de garder les enfants à la maison ou, le cas échéant, d’une fermeture administrative d’école. Mais attention ! si un maire prend la décision de fermer les écoles, je l'accuserai de vouloir faire passer un message politique sur le dérèglement climatique". 

Macron : "C'est pas mal du tout ça Élisabeth. On ne prend aucune décision au niveau national malgré les 83 départements en alerte canicule. On se décharge de toute notre responsabilité sur les écoles et les parents des marmots. Et si un maire veut faire fermer les établissements scolaires, on l'accuse de politiser la canicule à des fins de propagande sur le réchauffement climatique. Et en plus, tout ça, ça nous coûte que dalle en investissement matériel... chers journalistes de l'AFP , vous avez une idée de titre un peu pêchu qui donne l'illusion qu'on en aurait quelque chose à foutre que les chiards aient chaud ?"

AfP : " Monsieur le Président, on a pensé à : Canicule dans les écoles: Borne demande pragmatisme et souplesse." Sur les réseaux, on rajoutera en emoji un drapeau français et le petit smiley du bonhomme qui a chaud."

Macron : "ah oui c'est bien les petits smiley, ils aiment bien ça les prolos. Faudrait qu'à côté vous sortiez un article qui dédramatise un peu la situation, du genre "il fait chaud mais c'est fun".

AfP : " Alors on a déjà le chapeau de l'article qui est certes un peu alarmiste MAIS le secret c'est la photographie qui l'illustre. On va mettre une jeune femme qui joue dans des jets d'eau en centre ville".

Macron : " Ouiiii c'est parfait ça ! De toutes façons les prolo ne lisent pas le texte, ils regardent juste les images. Faites une photo "la canicule c'est fun, c'est rigolo, on joue dans l'eau". Bon, j'ai besoin d'un peu de radicalité. Pascal, mon brave, je compte sur toi.

Pascal Praud : "oui alors avec mes confrères on va tout axer sur "l'écologie punitive" et sur "il fait chaud, c'est normal, c'est l'été". J'ai prévu un débat avec Eugénie Bastié. Car après tout, il nous font chier la jeune génération... avant aussi il y avait des canicuuules ! Et comment faisait les anciens d'après vouuus ? Je demande, c'est tout. Et puis là canicule c'est la natuuure, c'est le mooonde ! Et puis s'il fait chaud dans les classes, les enfants n'ont qu'à jouer dans la cour.... Excusez-moi, Monsieur le Président, il fait un peu frisquet dans cette salle de réunion, il y a moyen de mettre la clim un peu moins forte ?"

[Rires]

Macron : "Oui Monsieur Praud, on va la régler sur 23°C. Bon ! Petit topo : on donne bien l'illusion qu'on agit, on met des photos d'activités aquatique, on a Cnews et toutes les chaînes de mon Vincent Bolo pour démonter le discours des emmerdeurs du GIEC et des abrutis éco-terroristes. Il ne manque plus qu'une phrase choc pour bien montrer à la populasse qu'on s'en tartine le fion du réchauffement climatique et que seul compte la croissance."

Bruno Retailleau : j'interviendrai sur France Inter pour dire à tous ses assistés de prendre leur responsabilité et d'arrêter de tout demander à l'État. 

Macron : pas mal Bruno. La stratégie de la culpabilisation est l'une de mes préférées. 

Gabriel Attal : " Bon alors moi j'ai eu une idée mais c'est un peu osé. Vous vous rappelez la phrase de Chirac «  Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » pour parler de l'inaction politique face au réchauffement climatique. Au premier jour de cette vague de chaleur, je vais la détourner : " La croissance s'éteint et tout le monde regarde ailleurs".

Macron : " Putain Gabi, j'ai la chair de poule. C'est magnifique, tu vas me faire chialer. En plus ça va bien énerver les gauchiasses. De mon côté, sachez que je mets tout en œuvre pour saboter les objectifs climatiques européen. L'Union européenne prévoit une réduction de 90 % des émissions de CO2 d’ici à 2040 avec comme horizon la neutralité carbone... et ça m'emmerde, ça va freiner la compétitivité des copains."

AFP : " Mais Monsieur Macron, vous aviez pourtant déclaré, à la veille du sommet de Nice, que remettre en cause la priorité donnée au climat serait « une énorme erreur »."

Macron : "Vous n'avez toujours pas compris la stratégie du "en même temps" chers journalistes ? Les gens ne retiennent que ce qu'ils veulent. Il s'agit de semer la confusion dans leur esprit. Déclarer tout et son contraire. Parler sans agir ou agir sans leur dire. Bon, revenons sur la canicule. En terme d'actions concrètes, on a notre merveilleux ministre de l'intérieur qui, entre deux rafles de rabzouz et de mamahdou, a présidé hier une réunion de la cellule interministérielle de crise afin de s'assurer, en lien très étroit avec les ministres concernés, les préfets, les directeurs d'ARS ou encore les recteurs, que toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection des personnes, notamment les plus fragiles, étaient bien prises. Bruno, tu peux nous en dire plus s'il te plaît ?"

Bruno Retailleau : " Merci de me laisser la parole Emmanuel. Donc oui on a activé un numéro vert canicule info service jusqu’à la fin de l’épisode caniculaire. 0800 06 66 66. Il est joignable de 8h à 19h (appel gratuit depuis la France métropolitaine. Au delà de 19h, les gens n'ont qu'a se démerder."

Macron : "Un autre numéro vert ! J'adore ! (...) Putain on caille dans cette salle de réunion. C'est qui le con qui a poussé la clim à fond ? Non, je déconne 🙂."

[Rires].

Fin de la réunion dans la salle Napoléon III. Température intérieur : 22,6°C. Température extérieure : 34°C.