Les ingrédients
▪︎ Prenez le parti de gauche qui a fait le plus haut score à la dernière présidentielle. De préférence un parti antiraciste, qui lutte contre l'islamophobie (très en vogue à l'heure actuelle) et qui s'oppose à un génocide perpétré par votre partenaire économique xénophobe et colonialiste.
▪︎ Prenez quelques musulmans, personnes racisées, et des militants antiracistes très exposées dans les médias : les faire mariner au préalable dans un mélange de criminalisation et de fake news.
▪︎ Saupoudrez d'une énorme poignée de : Sophia Aram, Caroline Fourest, Céline Pina, Nathalie Saint-Cricq, Meyer Habib, Retailleau, Bolloré, Drahi, Nora bussigny, Raphaël Enthoven, Pascal Praud.
▪︎ Prenez une cuillère de PS, 10 cuillère de Macronisme, 5 cuillères de LR, et 75 cuillères de RN.
Les ustensiles
▪︎ Plusieurs moules à cake et des culs de poule : Twitter, Libération, Franc-tireur, Le Monde, France info, BFM, Cnews, le Figaro, Le Parisien, TF1, LCI, France 2, France Inter, Europe 1. Les livres "la Meute" et "les Nouveaux antisémites".
▪︎ Munissez-vous d'un nombre conséquent de "woks" pour les "wokes".
▪︎ Une Marmitte de la marque "post-vérité".
Les étapes de la recette (certaines étapes peuvent être réalisées en simultanée).
• Étape 1 : Fake news, complotisme et création de mots pour désigner vos ennemis.
Islamogauchisme : directement inspiré d'une recette allemande des années 30 appelée le « judéo-bolchévisme », ce met était un mélange d'anticommunisme et d'antisémitisme. La variante « islamo-gauchisme » est une recette qui a été répandu par le sociologue Pierre-André Taguieff, souverainiste, d’extrême droite, qui affirmait qu’il y aurait une alliance entre des groupuscules d’extrême-gauche et des terroristes islamistes. Faites abstraction du fait que le CNRS nous apprenne qu’il n’y a pas de réalité scientifique derrière le terme « islamogauchisme » : sinon la mayonnaise ne prendra pas.
Prenez votre wok et faites frire les wokes. Ce procédé culinaire est très simple. Il s'agit de mettre tous vos ennemis politiques, les wokes, dans un grand wok et de mélanger sans discontinuer jusqu'à qu'ils forment une masse homogène que vous pourrez insulter, violenter et calomnier en un coup de fouet. Bien que ce terme soit né au XIXe siècle aux États-Unis, pour décrire l'expérience des Noirs dans une société post-esclavagiste minée par le racisme et la ségrégation, aujourd'hui, d'après la recette trumpiste, il désigne la diversité, l'équité, l'inclusion, les migrants, les musulmans, les personnes racisées, la recherche scientifique, l'écologie, les personnes LGBTQ+, la santé publique, le féminisme.
Il vous faudra n'importe quelle fake news à partir du moment où elle cible et calomnie les "wokes" (se référer au paragraphe précédent pour voir la liste de vos ennemis "wokes"). Inspirons-nous de la recette étasunienne (bien que difficile à digérer) : pour décrédibiliser Zohran Mamdani, les trumpistes ont prétendu qu'il était antisémite, proche des frères musulmans, complice du terrorisme. Dans la recette, reprenez mot pour mot les mêmes mensonges et accusations pour viser l'extrême gauche. Pour cela pouvez vous aider des ustensiles "La Meute" et "les Nouveaux antisémites" (cf étape 5) – création/design de Nora Bussigny – qui permettent d'épaissir votre mélange.
• Etape 2 : Déshumaniser et criminaliser les musulmans, les personnes racisées, les militants et plus que tout : les Palestiniens
À l'instar de Sophia Aram : vous pouvez arabiser et islamiser les noms de ses ennemis politiques. Comme avec Aymeric Caron qu'elle appelle "Abou Aymeric Al Versailly". Attention à cette technique culinaire, elle n'est pas applicable hors du spectre de l'islam : judéïser les noms et prénoms de vos ennemis politiques – parce vous considéreriez que la judéité d'un nom est disqualifiante et insultante — serait à juste titre qualifié d'antisémitisme. Ceci n'est pas valable pour l'islam puisque nous vivons dans un pays profondément raciste et islamophobe.
On arrose le tout avec une grosse rasade d'Enthoven, il ne s'agit pas ici d'être subtile, il faut qu'il reste des grumeaux pour plus de consistance. Ainsi, vous certifierez : "il n'y a aucun journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse. Les conclusions de la commission d’enquête de l’ONU ne valent rien. Quant aux ONG, elles sont au service du pire : Amnesty International, Human Rights Watch… l’humanitaire fait le jeu du Hamas."
Lorsqu'un musulman gagne une élection, même outre-atlantique, prenez votre moule Twitter et à l'intérieur mélangez l'ensemble de vos obsessions : Rima Hassan, extrême gauche, 11 septembre, Hamas, Zad, woke et islamiste. Plus le mélange est épais et indigeste, plus la recette sera réussie. Inspirez-vous de la grande gagnante 2025 du concours "Racisme en tartine", Marion Maréchal Le Pen dont je vous livre ici la technique pour un étalage uniforme : " Zohran Mamdani était le candidat soutenu par Rima Hassan, Mélenchon et toute l’extrême gauche réunie. Vingt-quatre ans après le 11 septembre, il vient d’être élu maire de New York avec le même programme de ruine économique que celui de la France insoumise. La métropole américaine pourrait devenir une ZAD pro-Hamas à ciel ouvert. Aucun pays, aucune ville n’est désormais à l’abri d’une prise de pouvoir par la gauche woke et islamiste. Pour éviter cette dérive en France, une seule issue : la coalition des droites, maintenant. "
Une technique un peu plus simple existe. À l'instar de Celine Pina ou Tristane Banon, toujours dans votre moule Twitter , vous reprenez une photo des Twin towers lors des attentats du 11 septembre avec la mention "Never forget" et juste à côté vous faites figurer la photo de Zohran Mamdani avec la mention "forget". Alors oui, peu importe que la personne musulmane élue n'est aucun lien avec les attentats ou qu'elle avait 10 ans au moment des faits : ce qui importe c'est de s'attaquer à sa religion. Peu importe son.pays d'origine, n'oubliez pas, dans les recettes racelardes on amalgame tout avec un bon mixeur, immigrés, migrants, arabes, musulmans, noirs.
Une fois que l'islamophobie a bien infusé dans la société : tout comme Jérôme Guedj, diluez dans un fond d'acide le terme "islamophobie" en prétendant que cela n'existe pas... de préférence quelques jours après le meurtre d'un homme de confession musulmane dans une mosquée. Surtout jetez à la poubelle la définition du Larousse : « Hostilité envers l’islam, les musulmans. ». Et brûler la trace de sa première utilisation en 1910, en pleine période coloniale, sous la plume d’ethnologues spécialisés dans l’étude de l’islam ouest-africain. Cette année-là, dans sa "Politique musulmane de l’Afrique occidentale française", Alain Quellien définit l’islamophobie comme un « préjugé contre l’islam répandu chez les peuples de civilisation occidentale et chrétienne ».
N'oubliez pas la pincée de Retailleau en criant "À bas le voile" à toutes les étapes de la recette : ça permet à la pâte de bien gonfler.
• Étape 3 : Hiérarchiser les vies humaines pour justifier un génocide et faire la promotion du tourisme après un nettoyage ethnique
Pour hiérarchiser les vies humaines il existe deux techniques, cependant à manier avec précaution, auparavant il aura bien fallu respecter les etapes en lien avec la déshumanisation et la criminalisation des arabes/musulmans/immigrés/migrants. La première est la technique Céline Pina, je cite : « Une bombe […] tuera sans doute des enfants, mais ces enfants ne mourront pas en ayant l’impression qu’en face d’eux l’humanité a trahi tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre. », ainsi vous justifiez la mort des enfants palestiniens parce qu'après tout quelle chance de mourir sous les bombes de l'armée "la plus morale du monde". La seconde est la technique "Fourest", je cite : « on ne peut pas comparer le fait d’avoir tué des enfants délibérément en attaquant comme l’a fait le Hamas, et le fait de tuer des enfants involontairement comme le fait Israël ». Il est essentiel à cette étape de la recette de passer sous silence que l'armée israélienne cible délibérément des enfants et qu'ils représentent plus du tiers des victimes.
Une fois que l'opinion a bien mariné dans un mélange de racisme, de négationnisme, prenez votre ustensile France info : interviewer un représentant des métiers du tourisme sur la possibilité de déporter 2 millions de Gazaouis pour transformer Gaza en nouvelle Côte d’Azur. Soyez fier que Trump ait pris l'exemple de la Riviera française et affirmez votre patriotisme d'appartenir vous aussi à une nation construite sur le pillage des richesses, l’esclavage et les crimes coloniaux.
• Étape 4 : Intrumentalisez la lutte contre l'antisémitisme.
Étape essentielle de la recette : déformer, manipuler, vider de son sens, tordre le mot "antisémitisme" afin qu'il ne designe plus que les opposants au génocide des Palestiniens et plus largement aux personnes antiracistes. Badigeonner de calomnies ceux qui luttent contre une idéologie xénophobe, colonialiste et génocidaire. Ainsi vous pourrez par la suite instrumentaliser la lutte contre l'antisémitisme pour invisibiliser un génocide. Les techniques "Bolloré", "Sophia Aram", "Meyer Habib" et "Enthoven" sont les plus utilisées.
Sortir un livre mensonger " les nouveaux antisémites" sur votre ennemi politique en respectant bien le dosage des ingrédients : sources unilatérales, accusations et manque de contradictoire, raccourcis malhonnêtes, culpabilité par association, "liens étroits avec le terrorisme" jamais prouvés. Dans deux culs de poule différents, Quotidien et France info, répartissez bien les mensonges pour des saveurs plus variées.
• Étape 5 : Assemblage
Mélangez le tout dans un saladier de post-vérités et répartir dans les moules : Libération, Franc-tireur, Le Monde, France info, BFM, Cnews, le Figaro, Le Parisien, TF1, LCI, France 2, France Inter, Europe 1.
Le temps de cuisson
Il peut varier selon les goûts et les intérêts de vos convives, certains, très peu attachés aux faits et friands de fake news, de racisme, de négationnisme n'auront besoin que de quelques secondes de cuisson comme les électeurs RN, LR, Macronistes. D'autres comme le PS auront besoin de quelques heures supplémentaires : pile le temps de s'allier pour une élection législatives et de trahir une fois qu'ils auront obtenu des sièges à l'Assemblée Nationale.
C'est prêt, vous pouvez déguster !
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