Oui, parce que j'avais écrit sur les crimes racistes et coloniaux de la France, c'était impardonnable, d'après Valentin Rigourd, ça meritait donc un trou dans ma tête comme il me l'écrivit sur Instagram. Mais ce n'était pas la première fois que je faisais face à cette armée de racistes, de mascu, de trolls. Quand ce n'est pas l'incitation au viol, ce sont des membres de Reconquête qui viennent en commentaire me dire qu'ils ont des photos de moi (bravo les sherlocks, vous savez télécharger une photo). Bref, sur les réseaux j'ai été assassinée plusieurs fois.
En général quand les "trolls des canapés" me menacent, je fais une capture d'écran, je signale le contenu au réseau social concerné, et je bloque le Jean-Michel Faf. Mais je n'ai jamais porté plainte. Pourquoi ? Parce que : Police. Ces 8 dernières années, la macronie m'a "donnée l'occasion" d'aller manifester à plusieurs reprises et de goûter à l'autoritarisme, à la misogynie et au racisme de l'institution policière. Racisme duquel je fus le témoin. 60% d'entre eux ont voté à l'extrême-droite lors des présidentielles, on ne compte plus les affaires de racisme dans l'institution révélées par le média d'investigation StreetPress . Alors je n'ai nul doute qu'en allant porter plainte contre Rapture2878, Roi Yann Vallée ou Yoyo251199, j'ai 6 "chances" sur 10 de tomber sur un flic qui ne leur serait pas hostile. Et puis il y a ces grands moments où tu reçois cette fameuse notification t'informant que ton signalement de la publication de Sebon.dce ne viole pas "les standards de la communauté". Et pourtant Sebon menace d'exterminer des gens au Zyclon B. Méta, pourtant si prompt à nous censurer dès lors que l'on soutient la Palestine et que l'on dénonce le génocide, semble moins regardant concernant les nazillons.
Le site d'extrême-droite "Réseau libre" a dressé une liste de personnes à abattre d'une "balle dans la nuque". Des journalistes, des écrivains, des avocats, des syndicalistes, des chroniqueurs... toutes ces personnes médiatisées ont déposé une plainte collective. Ça n'a nullement ému les médias mainstream ou la macrolepénie. Quant à la justice elle nous a habitué à des condamnations légères et pas vraiment dissuasives. Je repense à Papacito qui avait tenu des propos homophobes et menacé de mort un maire du Tarn-et-Garonne dans deux vidéos : les « déviants » doivent être « exécutés». Une menace de mort prononcée distinctement par sa grande bouche. Ugo Jil-Gimenez de son vrai nom, avait été condamné à 5 000 euros d’amende pour injures homophobes et incitation à la violence. Une condamnation loin d'être dissuasive. En 2021, Papacito et Code Reinho tirent au calibre 12 sur ce qu’ils présentent comme un électeur de Jean-Luc Mélenchon, auquel Papacito assène des coups de couteau, pour finir par faire exploser la tête du mannequin. Une plainte est déposée et l'affaire est classée SANS SUITE par le tribunal qui juge qu'il s'agit d'une vidéo "parodique". Alors si la police, la justice, les médias, les politiques se foutent éperdument que des intellectuels ou politiques de gauche soient menacés de mort... imaginez moi, Sophie, tenter une quelconque action.
Alors maintenant vous comprenez pourquoi je ne porterai pas plainte. Et si l'un d'entre eux arrive à décoller son cul du canapé et vient me menacer en face, je préfère user de ma légitime défense et aller en prison plutôt que de céder à la peur. J'ai décidé d'illustrer cet article avec un petit florilège des menaces dont j'ai été l'objet et des publications qui n'ont ému ni Zuckerberg, ni Pharos. Je ne cache pas leur noms ou pseudos car leurs commentaires sont publics, ils savaient donc que ces incitations à la haine seraient visibles de tous.
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