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Le premier reflex de la boite de production d’Arthur est de tenter de censurer les images et les comptes qui diffusent le montage vidéo. Premier échec, l’effet Streisand s’invite dans l’équation. « Cela désigne un phénomène médiatique involontaire. Il se produit lorsqu'en voulant empêcher la divulgation d’une information que certains aimeraient cacher, le résultat inverse survient, à savoir que le fait caché devient notoire ». Le premier reflex d’Arthur est le fameux « c’était une autre époque »… l'époque de la main baladeuse heureuse, l'époque du consentement optionnel, l'époque du "elles fermaient leur gueule et c'était mieux comme ça", l'époque du vicieux cameraman qui filmait le décolleté ou le fessier à l'insu de la candidate, l'époque des violences sexistes et sexuelles épanouies. Et l’on pourrait se dire qu’Arthur n’avait peut-être pas conscience d’aller trop loin dans ses gestes. C’est faux et un extrait d’une des émissions vient nous confirmer la totale lucidité d’Arthur sur son comportement. Tout en passant ses mains près de la poitrine d’une jeune femme lors de son émission, l’animateur dira avoir lu des témoignages dans des magazines affirmant qu’il tripotait un peu trop les candidates et aura cette réflexion lunaire : « vous avez raison, continuez à écrire ».
Il est ici très important d’examiner le contexte. Dans un système de domination masculine additionné au fait de se trouver sur un plateau télé, exposé à une large audience, avec comme consignes « faire le show, la bonne humeur » : les candidates ont été amenées à devoir accepter des comportements déviants de la figure d’autorité ou à elles-mêmes agir en fonction des directives de la prod. Mais ce contexte a aussi pu pousser Arthur lui-même à avoir un comportement extrêmement déplacé qu’il n’aurait pas eu dans sa vie hors des plateaux. Il ne s’agit pas ici d’excuser l’attitude de l’animateur, mais d’établir les conditions mises en place par un système qui a permis de légitimer ce comportement. Le fou allié, après 300 heures de visionnage de l’émission, nous dresse un topo sociologique fort intéressant : la majorité des candidats sélectionnés pour ce jeu de hasard sont issus du prolétariat. Soit au SMIC ou au chômage et donc dans l’espoir de sortir de leur précarité. Les femmes sélectionnées correspondent aux standards de beauté de l’époque : très mince, tenues moulantes ou légères. Le Banquier, personnage central tentant d’influencer les choix des candidats, est la figure d’autorité. Pour finir par Arthur, le présentateur, qui se positionne comme le « bon copain », le « médiateur » entre le prolétariat et le banquier capitaliste, celui sur lequel on peut se reposer. Donc au-delà de la question patriarcal, l’émission est aussi le symbole d’une violence de classe.
Puis est venue la vague d’antisémitisme. Car oui Arthur, depuis la sortie de cette compilation, subit des insultes antisémites. Ceux qui ont rapproché son comportement problématique avec les femmes et sa religion sont de fieffés connards au même titre que ceux qui assimilent tous les musulmans à des terroristes ou tous les migrants à des violeurs. De plus ces personnes ayant déversé leur fiel antisémite permettent aujourd’hui à Arthur non seulement d’accuser d’antisémitisme ceux qui dénoncent ses violences sexistes et sexuelles mais aussi de disposer d’un argument supplémentaire pour faire censurer les images compromettantes. Comme d’habitude la meute médiatique ne met nullement en cause l’extrême droite dans ce déversement de haine religieuse mais cible des supposés motivations antisémites d’une partie de la gauche. Notamment des défenseurs de la Palestine qui avaient dénoncé le soutien d’Arthur au gouvernement d’extrême-droite israélien. Arthur qui nous appelle : « les crétins en keffieh hurlant leur haine ». Et nous en venons encore une fois à une instrumentalisation de l’antisémitisme pour un sujet initial qui n’avait strictement rien à voir avec la judéité de l’animateur. Ramener la violence sexuelle et la violence de classe à la nationalité ou à la religion de celui qui en est l’auteur a pour unique but de masquer le caractère systémique desdites violences.