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Les faits remontent à 2018. Les membres de ce groupuscule sont jugées depuis le 10 juin 2025 pour association de malfaiteurs terroriste et de recherches d’armes. Dans la presse vous lirez sûrement le terme "ultra droite" pour qualifier ces terroristes. Mais ce terme a été inventé par les médias et les politiques pour dédiaboliser le RN et dissocier le parti d'extrême-droite de ses fanatiques suprémacistes. Tout ce qui se joue dans ce procès émane bien de l'idéologie d'extrême-droite : violence, islamophobie, racisme, identitarisme, terrorisme, théorie complotiste du "grand remplacement" alors ici, a contario de toute la presse, j'emploie le vrai terme : extrême-droite.
La cellule AFO, "Action des forces opérationnelle" est repérée par la DGSI en février 2018. Ce groupe prévoyait donc des actes terroristes visant exclusivement des musulmans et des Arabes. Guy Sibra, retraité de la police nationale, a été identifié par les enquêteurs comme étant à l’origine de la formation d’AFO. Sa compagne, Marie-Véronique R., animait le blog « Réveil patriote », organe prosélyte du groupe. L'infiltration d'un membre de la DGSI a permis de mettre au jour les agissementset projets terroristes d'AFO : entraînements au lancé de grenades en forêt, détention de dizaines d'armes à feu et de milliers de munitions, des éléments servant à fabriquer des explosifs. "Faute de charges suffisantes" la plupart des membres sont remis en liberté et placés sous contrôle judiciaire. Et l'on se demande bien ce qu'il fallait de plus à la justice pour les mettre en détention provisoire. Peu de médias relatent qu'en juillet 2018, trois suspects avaient été interpellés et placés en garde à vue pour avoir projeter d'assassiner le rappeur Médine. En juin 2019, un autre membre de l'AFO, diplomate de l'ambassade de France au Salvador, est inculpé pour son appartenance au groupe.
En mai 2023, le Parquet national antiterroriste (Pnat) requiert un procès pour 15 personnes membres de l'AFO soupçonnées d'association de malfaiteurs terroristes et d'un autre membre de l'AFO pour infractions à la législation sur les armes ou les explosifs. Le groupuscule organisaient également des stages survivalistes : utilisation d'armes à feu et de l'arbalète, apprentissage de techniques pour déjouer la surveillance policière, fabrication de napalm et d'explosifs, techniques militaires de combat ou formation juridique en cas de garde à vue. Dans les différents attentats que fomentait le groupuscule d'extrême droite, la DGSI a découvert : l' opération halal » qui prévoyait de dissimuler les femmes d’AFO sous des niqabs pour empoisonner de la nourriture dans les rayons halal de supermarchés avec du cyanure ou de la mort aux rats, tuer « 200 imams radicalisés » faire exploser la porte d’une mosquée de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), ou encore piéger un couscoussier avec des explosifs.
Le procès a débuté le 10 juin. À la barre, c'est une succession de mauvais sketch : la mamie amnésique qui ne se rappelle soit-disant de rien hormis d'avoir mis du jambon dans le rayon Halal d'un supermarché. Daniel R, ancien militaire, qui fabriquait des grenades, dit à la juge qu'il se croyait dans la série "walking dead" et rêvait de "remonter en scooter des files de voitures et de balancer des grenades dans les véhicules des musulmans" mais ajoutant que "c’était pas possible ce plan, c’était irréalisable. Et puis on risquait de faire des dommages collatéraux et de tuer des non musulmans". Philippe C., téléopérateur de taxi, qui se prenait pour un agent secret. C'est à se demander s'ils ne font pas exprès de passer pour des idiots. Le procès se poursuit : il s'agit du dossier d'extrême droite violente le plus important présenté devant la justice française.
Ce procès qui se tient 7 ans après les faits, avec des personnes mises en examen comparaissant "libres", se déroule dans un contexte où la violence de l'idéologie d'extrême-droite a gagné les politiques et les médias. D'un Retailleau, incitateur à la haine raciale et religieuse, qui hurle "à bas le voile" ou méprise Aboubakar Cissé victime d'un attentat terroriste dans une mosquée, en passant par une criminalisation systématique des musulmans accusés tour à tour soit d'antisémitisme soit de terrorisme pour un soutien affiché à la Palestine. Mais déjà en juillet 2018, le Parisien avait publié une interview complaisante de Guy Sibra, le fondateur du groupuscule terroriste. Article sobrement nommé " les confidences du fondateur du groupuscule AFO", illustré d'une photo le faisant passer pour un gentil papinou, le laissant étaler ses mensonges sans aucune mention contradictoire. L'interview est toujours en accès libre aujourd'hui.