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Commençons par la fin. Décembre 2025, deux ans de génocide, il y a minimum 70000 morts, la famine est utilisée comme une arme de guerre, Gaza compte le plus grand nombre d’enfants amputés par habitant au monde, plus de 90% du territoire est détruit... mais Sophia Aram et le Point sont toujours négationnistes. Alors qu'Amnesty International vient de publier un rapport qui accuse le Hamas de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, c'est l’occasion pour Sophia Aram et le Point de publier une vidéo d'un cynisme absolu. "L'humoriste", d'un air guilleret, y fustige "un rapport tardif" tout en critiquant le fait qu'Amnesty International se soit empressée de qualifier de génocide les crimes commis par Israël à Gaza. Ce qu'oublie de dire Sophia Aram est que ce n’est pas la première fois qu’Amnesty International se penche sur les crimes commis le 7 octobre 2023. Dès le 13 octobre 2023, soit 6 jours après les massacres commis par le Hamas, une enquête avait été publiée. Amnesty évoquait déjà, je cite « des homicides délibérés, enlèvements et attaques menées sans discernement contre la population civile », un « mépris effrayant pour la vie humaine », des actes qu’Amnesty qualifiait déjà de « crimes de guerre et violations des droits humains ». Mais peut-être cette enquête avait-elle échappé à la vigilance de Sophia.
Dans cette même vidéo, lorsque Sophia prononce la phrase "commettre un génocide", elle ne manque pas l'occasion de mimer le signe des guillemets en adoptant une moue dédaigneuse pour marquer son scepticisme. Comble du cynisme, elle en profite pour s'en prendre aux ONG qui enquêtent sur les violations du Droit international et à Francesca Albanese, la rapporteur spéciale de l'ONU aux territoires palestiniens, en reléguant leurs enquêtes, analyses et conclusions au même niveau que l'avis de "n'importe quel individu" ou de "sa boulangère". Elle remet en cause l'objectivité des ONG comme si ces dernières ne s'appuyaient jamais sur le Droit international pour enquêter et rédiger leurs rapports. Non Sophia, les ONG ne se substituent pas au Droit international, elles en sont des parties prennante comme indiqué sur viepublique.fr :
• Certaines d'entre elles participent pleinement à l'action des institutions internationales et à la conclusion de textes internationaux.
• les ONG peuvent être directement impliquées dans la régulation juridique des relations internationales, en fonction de la légitimité qui leur est attribuée par les États et les organisations internationale.
Cette vidéo de Sophia sort au moment où l'on apprend dans le Figaro qu'en pleine catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien dévasté "par la guerre", toujours privé d'eau courante et d'électricité, «14 ONG sont désormais interdites d'accès, poussant plusieurs responsables humanitaires à dénoncer une volonté de «contrôle politique» de leur action». Trop occupée à décrédibiliser le travail des ONG, à se moquer de Francesca Albanese, Sophia oublie de mentionner qu'au moins 412 travailleurs humanitaires – travaillant pour lesdites ONG – ont été tués à Gaza entre octobre 2023 et avril 2025. Il semblerait que cette information n'aille pas dans le sens de son narratif.
Sophia rit, sophia se moque... des féministes. Au mois de décembre l'annulation du festival de la BD d'Angoulême est annoncé. Les raisons : des discriminations, une mauvaise gestion du festival par la société 9e Art +, des violences sexistes et sexuelles répétées et le viol de Chloé – nom d'emprunt– suivi de son licenciement pour "faute grave", onze jours avant d'atteindre ses six mois d'ancienneté, la société 9e Art+ lui reprochant un "comportement inapproprié" et un "état d'ébriété". Chloé avait fait part, dès le lendemain, à sa responsable RH de s'être réveillée nue d'un Black out, probablement droguée par un tier et violée, cette dernière lui aurait conseillé de prendre "la pilule du lendemain". Tous ces éléments graves ont donc entraîné l'annulation du festival grâce à la naissance du mouvement «Girlcott». Girlcott est un jeu de mot s'inspirant du mot "Boycott" et il n'en fallait pas plus à Sophia Aram pour faire une chronique se foutant de la gueule des féministes comme si ces dernières étaient ignorantes du fait que le début du mot "Boy" n'avait rien avoir avec "garçon". C'est un jeu de mot Sophia : tu vas t'en remettre. Mais on a bien compris que sa chronique était un moyen de décrédibiliser les féministes et de passer sous silence les violences sexistes et sexuelles omniprésentes dans ce festival.
Sophia arabise et islamise les noms de ses ennemis politiques. Comme avec Aymeric Caron qu'elle appelle "Abou Aymeric Al Versailly". Ça fait beaucoup rire Sophia et l'extrême droite aussi. Imaginez une seule seconde qu'une personne judéïse les noms et prénoms de ses ennemis politiques parce qu'elle considèrerait que la judéité d'un nom est disqualifiante et serait source de moqueries, d'insultes. Ce serait à juste titre qualifié d'antisémitisme. Les raisons des moqueries de Sophia contre Aymeric Caron ? La guerre du député contre les fake news de l'IA "Grok". Elle appelle cela "Jihad"... des mots arabes toujours pour dénigrer : son obsession. Cette IA diffusant des fakes news, des propos antisémites, racistes et complotistes. IA créée par un milliardaire fasciste ayant fait deux saluts nazis. IA qui, récemment, a affirmé que la photo d'un enfant Palestinien affamé était en réalité la photo d'un enfant prise en 2016 à l'hôpital d'Al-Hudaydah au Yémen. Faux. Les erreurs de Grok sont uniquement des prétextes pour nier l'existence de la catastrophe humanitaire à Gaza. Mais ça fait rire Sophia.
Pour décrédibiliser des personnes pro-Palestine, Sophia les ramène aussi à leur origine, elle les réduit à des produits ou des stéréotypes. Elle appelle Greta Thunberg "Miss Krisprolls” ou elle rebaptise la flottille de la liberté "des Wasa pour Gaza" ou elle se moque de Rima Hassan en la nommant "Lady Gaza". Ça fait beaucoup rire Sophia et l'extrême-droite aussi. Alors je lui propose un exercice pour qu'elle comprenne le problème : lui viendrait-il à l'idée d'appeler une personne d'origine burkinabé "Lady Ouagadougou " ou une personne asiatique "Frère tang" ou une personne marocaine " Miss Boulaouane" ? Non. D'ailleurs celle qu'elle surnomme "Lady Gaza" est née apatride dans un camp de réfugiés en Syrie. Sa famille est originaire du village palestinien d'Al-Birwa qui fût colonisé en 1948 par les forces israéliennes de la brigade Carmeli. C'est plus simple d'appeler Rima Hassan "Lady Gaza", ça permet de faire oublier l'histoire de sa famille et la Nakba... et puis ça fait rire Sophia.
L'extrême-droite, telle que le JDD ou le Point par exemple, adore Sophia. Cette extrême-droite négationniste du génocide, qui minimise des crimes contre l'humanité, et qui, comme elle, se moque des tentatives de briser le blocus humanitaire illégal. Sophia écrit : "En plus du niveau de souffrance auquel les Gazaouis sont confrontés, il aura fallu ajouter cette semaine le cynisme de Greta Thunberg et Rima Hassan faisant semblant de leur apporter un sachet de farine, deux Doliprane et trois serviettes hygiéniques…". D'ailleurs la souffrance des Gazaouis n'inréresse Sophia que lorsque cela lui permet de dénigrer les soutiens du peuple Palestinien. Mais Sophia ne nous dit pas comment elle soutient les Gazaouis, quelles sont les bonnes manières ? Est-ce qu'elle soutient les Gazaouis lorsqu'elle affirme "qu’il n’y a pas plus d’apartheid en Israël que de génocide, à ce stade, à Gaza" ? ou lorsqu'elle qualifie des soutiens de la Palestine "d'idiots utiles des mollahs" ? Ou quand elle s'affiche aux côtés de Mila, la même Mila qui voulait voir des photos “d’arabes scotchés de la tête aux pieds accrochés à des feux rouges” ?
Mais elle a de la chance Sophia. Elle vit dans un pays très tolérant envers les racistes et les islamophobes. Dans un pays où l'islamophobie tue jusque dans une mosquée mais où des personnes du PS à l'extrême-droite préfèrent débattre de l'existence même du terme islamophobie... alors que sa première utilisation retrouvée remonte à 1910, en pleine période coloniale, sous la plume d’ethnologues spécialisés dans l’étude de l’islam ouest-africain. Mais surtout Sophia vit dans un pays qui a soutenu le gouvernement israélien en lui vendant du matériel militaire sans discontinuer, un pays qui n'a cessé de calomnier ceux qui dénonçaient les crimes contre l'humanité commis par Tsahal et les dirigeants israéliens. Un pays qui a instrumentalisé la lutte contre l'antisémitisme pour empêcher toute critique de la colonisation, de l'apartheid et du génocide (que Sophia nie). Pourtant nombre d'organisations nous alertent sur la situation à Gaza et en Cisjordanie : Amnesty International, l'ONU, MSF, l'UNICEF, OXFAM, Médecins du Monde, deux ONG israéliennes B'Tselem et Physicians for Human Rights qui qualifient de génocide les massacres perpétrés par le gouvernement israélien... Sophia osera t-elle les dénigrer eux aussi ? Les affublera t-elle de son fameux "Abou Al", d'être les "idiots utiles des mollahs" ou d'être des "antisémites d'extrême gauche" ?
À mesure que les images de Gaza entièrement détruite nous parviennent, que des charniers sont découverts, que les corps des Palestiniens se décharnent en proie à la famine, pour se rassurer Sophia peut toujours détourner le regard vers ses trophées et rire : un Molière pour le cynisme, une légion d'honneur pour le négationnisme, un prix "contre le racisme et l'antisémitisme" pour récompenser l'islamophobie.
Voilà, c'est tout ce qui faisait rire Sophia.