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Il y a quelques semaines, Musk s'est lancé dans une guerre contre Wikipédia appelant au boycott de l'encyclopédie. Il accuse l’encyclopédie en ligne de "rouler pour la gauche et d’être un outil de propagande". Mais le propriétaire de X, auteur de deux saluts nazis, est surtout en guerre contre l'information et le fact-checking. On aurait pu penser que la France échapperait à cette vindicte contre l'encyclopédie mais on peut toujours compter sur la médiocrité de la droite, de l'extrême droite et du Printemps Républicain pour attaquer un outil de savoir. Tout ce beau petit monde s'est empressé d'aller signer une tribune contre Wikipédia lancée par Le Point. Cette attaque de Wikipédia survenant quelques semaines après les attaques de Musk, sous couvert de "modifications malveillantes" — qui d'ailleurs sont corrigées en très peu de temps lorsque cela arrive — est en réalité une volonté de censure. Les pages les plus attaquées sont en général très protégées par les contributeurs. Et les signataires de cette tribune sont les habitués de la liberté d'expression à géométrie variable. Sophie Aram, Kamel Daoud, Natacha Polony, Rachel Khan, Philippe Val, les soi-disants grands défenseurs d'une "liberté d'expression" mais uniquement lorsqu'il s'agit de déverser leur racisme, leur islamophobie et leur haine de la gauche antiraciste et pro-palestinienne.
Suivant cette logique de guerre de l'information et de censure, nous apprenions dans le même intervalle que les États-Unis "subissent une vague inédite d'interdictions de livres ciblant principalement les ouvrages destinés à la jeunesse abordant les sujets de genre, racisme, ou les questions LGBTQ+". Lorsque Trump et sa horde de MAGA défendent le "free speech", cette sacro-sainte liberté d'expression, il faut donc bien entendre que cela concerne uniquement leurs propos stigmatisants. Et il faut comprendre que ceux qui prônent à outrance le free speech sont les premiers à censurer des mots ou des livres qui iraient à l'encontre de leur idéologie xénophobe, homophobe et misogyne.
Fausses informations, haine raciale et religieuse, propagande des extrêmes droites française, étasunienne et israélienne sont devenues légion dans nos médias. Et ainsi, hier, sur inews24, Barbara Lefebvre, essayiste et chroniqueuse, a pu faire en toute quiétude une apologie de crime contre l'humanité pour adouber le projet de nettoyage ethnique de Trump à Gaza. Je la cite : " Les civils à Gaza sont autant responsables que les membres du Hamas et du Jihad islamique. Tout cela devra à un moment ou à un autre être payé et être payé au prix fort. Et donc effectivement on ne peut que soutenir le plan Trump, et décider une bonne fois pour toute, que la bande de Gaza doit devenir une zone vierge. Il faut que ces gens-là aillent vivre ailleurs". Le reste de ces propos est d'une médiocrité égale et dans le marasme fasciste actuel, nous en sommes presque à nous réjouir qu'elle les appelle "ces gens-là" et non "des animaux". Et exactement dans le même laps de temps, le collectif "Palestine Vaincra" est dissout sur des motifs fallacieux, grâce à la loi Séparatisme, qui, en plus d'être islamophobe et ségrégationniste, permet au gouvernement de s'attaquer à ses opposants politiques antiracistes.
Et à nouveau le jeudi 20 février, en plein discours à la Conservative Political Action Conference (CPAC), la grand-messe de l’extrême droite mondiale organisée près de Washington, Steve Bannon, à l'instar d'Elon Musk, a fait un salut nazi, sous les acclamations d'une foule en délire. Les médias mainstream français continuent de parler d'un "geste polémique". À cette heure où j'écris ce quelques lignes, les néolibéraux n'ont toujours pas dit que : "c'était un coeur envoyé à son public". Mais j'attends.
Nous en sommes là. Une libération totale de la parole raciste et fascisante, et une censure quasi systématique des médias, de outils et des militants qui tentent désespérément de ramener le réel et l'humanisme dans un monde se teintant de brun.