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Pour rappel plus de 640 000 Palestiniens ont été déplacés de force à Gaza depuis le mois de mars 2025. 100% des Gazaouis sont menacés par la famine. L'armée israélienne tire sur les Gazaouis qui tentent désespérément d'accéder à l'aide alimentaire assassinant plus de 1000 d'entre eux selin l'ONU. 85 000 tonnes de bombes ont été larguées sur ce territoire de 360 km2 [trois fois la superficie de Paris] entre octobre 2023 et décembre 2024. Plus de 80 % des infrastructures ont été détruites et près de 70 % des zones agricoles ont été rasées. Une étude publiée dans le journal scientifique The Lancet estimait déjà en juillet 2024 le nombre total de morts à 186 000. On serait donc a minima autour de 200 000 morts, soit 8 à 10 % de la population de la bande de Gaza. Et non je reprendrai plus le chiffre "officiel" faux de 57000 morts.
Attaquons-nous maintenant aux experts propagandistes négationnistes : France info. Lorsque le dimanche 26 janvier, après que France info ait titré « 200 otages Palestiniens retrouvent la liberté », c’est le branle-bas de combat chez tous les défenseurs d’Israël. En tête de file, Caroline Yadan, députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France, qui s’offusque sur la plateforme d’extrême droite X. La députée a estimé qu'appeler des Palestiniens « otages » était « une injure à ce qui fait notre humanité », était « abject » et « inacceptable ». Or, ce qui est abjecte et inacceptable, ce sont les crimes d'Israël recensés par les organisations de défense des droits humains et les organes des Nations Unies. Face à l'offensive de tous les pro Israël de vouloir effacer des crimes contre l'humanité, on va remettre du sens dans les mots : « Plus de 500 enfants palestiniens sont envoyés, chaque année, en prison par les autorités israéliennes. Dès l’âge de 12 ans, ils peuvent se retrouver devant une cour militaire. Illégales, ces conditions d’incarcération se sont encore durcies depuis le 7 octobre ». « Israël et territoires palestiniens occupés. Des détenu·e·s palestiniens sont soumis à des actes de torture et des traitements dégradants, sur fond de multiplication des arrestations arbitraires ». (Amnesty International). Comment ces civils arrêtés arbitrairement, détenus illégalement et torturés peuvent-ils être qualifiés de « prisonniers » ? Ceux qu’on s’évertue à appeler « prisonniers palestiniens » servent de monnaie d’échange pour faire libérer des otages israéliens, et c’est précisément cela la définition d’un otage : « Personne qu'une armée, un gouvernement livre à la partie adverse ou détient, en garantie de l'exécution d'un traité, d'une promesse.»
L'employé ayant eu le courage d'appeler les Palestiniens "otages", a été suspendu. C’est non seulement ce que nous apprenions dans un tweet de France Info mais aussi dans un tweet de Muriel Attal, directrice de la Communication chez France Télévisions : « On a immédiatement réagi Caroline. La direction de l’info et ftv ont été des lucky luke » smiley content, cœur. En deux tweets, l’un d’une députée et l’autre d’une cadre de France Télévision lui répondant, nous avons la confirmation qu'il est interdit de dire « OTAGES PALESTINIENS ». Que l'ordre est donné directement par le gouvernement aux chaines d’information de déshumaniser et criminaliser les Palestiniens. Cette ingérence politique visant à faire accepter des crimes contre l'humanité est insupportable. C’est, de plus, une énième attaque à la liberté de la presse menaçant tous les journalistes qui iraient à contresens de la propagande imposée par les gouvernements français et israélien. Au même moment de l'autre côté de l'Atlantique, Trump parle de "ménage" en déplaçant les Palestiniens en Jordanie et en Égypte, et là encore il faut remettre du sens dans les mots : il s'agit d'une épuration ethnique. Le nettoyage ou épuration ethnique est une tentative de création de zones géographiques à homogénéité ethnique par la violence, la déportation ou le déplacement forcé. L'expression désigne une politique visant à faire disparaître d'un territoire un groupe ethnique. Encore une fois, la presse mainstream française reprend les mots de Trump, et à aucun moment ne qualifiera le projet trumpiste de « nettoyage ethnique ». Et ceci nous amène à une séquence lunaire au mois de février, toujours sur France info.
Le présentateur, Julien Benedetto interviewe un représentant des métiers du tourisme sur la possibilité de déporter 2 millions de Gazaouis pour transformer Gaza en nouvelle Côte d’Azur. Frank Delvau, le professionnel pro-génocide du Tourisme, répond à la question avec le même enthousiasme que celui de Joseph Mengele quand il se remémorait les crématoires fumants. Il frétille et est même satisfait que Trump prenne l’exemple de la Riviera française. C’est aussi ça les patriotes si fiers de ces nations construites sur le pillage des richesses, l’esclavage et les crimes coloniaux. Pour comprendre à quel point le traitement de l'information "Gaza-plage" sur france info ou ailleurs n'est ni une erreur ni une maladresse mais une réelle volonté de repousser la fenêtre d’Overton (les limites du dicible) afin de faire accepter à l'opinion public une épuration ethnique et donc un crime contre l'humanité. Explications : ce sujet a été décidé et validé en conférence de rédaction. Toutes les parties prennante ont travaillé dessus : le rédacteur en chef, chef d'édition, chargé de production, les journalistes, le ou la réal, le présentateur et dans le cas de France info : l'invité Frank Delvau. Autant de personnes qui a un moment n'ont pas pris la mesure du scandale ? Peu probable. Il est évident qu'il y a un parti pris de certaines "chaînes d'info" pour la politique génocidaire d'Israël qui tend à déshumaniser les Palestiniens.
Au mois de mai, France info sort un article sur Gaza. Dès le titre de l'article, France info nous fait une belle démonstration de la Novlangue journalistique : "Nourriture, médicaments, carburant... Quelles sont les conséquences après deux mois de blocus total d'Israël dans la bande de Gaza ?" Dès les premiers mots, c'est à se demander s'ils ne feraient pas un concours chez France info pour ne jamais dire les mots : génocide, colonisation, nettoyage ethnique et crimes contre l'humanité. Et ils sont assez idiots pour poser la question : quelles sont les conséquences ? Au hasard je dirai : la famine, la maladie et in fine, l'extermination d'un peuple. Premier paragraphe, le sommet de l'ignominie. Quoi de mieux, dès le début de l'article, que de restituer les éléments de langage de la propagande du gouvernement génocidaire ? : "Nous intensifions notre attaque contre le Hamas à Gaza. Nous sommes en voie de le vaincre." David Mencer, porte-parole au sein du gouvernement israélien, a défendu avec ces mots la nouvelle étape de l'offensive de l'Etat hébreu contre le mouvement islamiste palestinien, lundi 5 mai. Ce plan de "conquête" comprendra le fait "d'étendre [l'offensive] et le contrôle des territoires, mais pas d'occuper", "un déplacement de la population gazaouie vers le Sud pour sa propre protection", ainsi que "des frappes puissantes contre le Hamas". Et l'on retrouve la recette habituelle : "contrôle du territoire" pour ne pas dire colonisation, "déplacement de la population" pour ne pas dire : déportation et nettoyage ethnique, "frappes puissantes contre le Hamas" pour ne pas dire " extermination de civils". Si le titre pose la question des conséquences de la situation humanitaire catastrophique, pourquoi ne pas commencer l'article par un bilan humain, pourquoi vouloir restituer les explications et justifications mensongères de l'État génocidaire ? Début du second paragraphe : "En parallèle, le gouvernement israélien entend mettre en place un nouveau modèle de distribution d'aide dans la bande de Gaza, d'après l'ONU. Il s'agira d'"acheminer l'aide humanitaire par l'intermédiaire de centres contrôlés par l'armée", et non par des acteurs humanitaires tels que des ONG ou des agences onusiennes." Pour rappel l'aide humanitaire était bloquée depuis le 2 mars, c'est une famine organisée, une pénurie de médicaments voulue, comment peut-on croire que le gouvernement israélien mettra en place une distribution d'aide à Gaza ? Si la fin du paragraphe se termine bien par un point de vue critique de la part de l'ONU sur cette "distribution d'aide", il aurait été plus honnête commencer le paragraphe en prenant une distance critique sur les déclarations du gouvernement génocidaire et de mettre en perspective les multiples pillages et destructions de l'aide humanitaire déjà opérés par les colons israéliens.
Pendant douze paragraphes France info nous restitue "fidèlement" la situation critique à Gaza, parsemée de témoignages d'humanitaires sur la malnutrition et les pénuries de médicaments organisées par Israël conduisant 2,1 millions de personnes à la famine, la maladie ou la mort. Mais la performance dans ces paragraphes est de ne jamais dire les mots : "génocide, intention génocidaire, colonisation, nettoyage ethnique ou crimes contre l'humanité". Ce n'est pas moi qui emploie ces mots au hasard pour qualifier la situation à Gaza, c'est le Droit International. Puis au 14ième paragraphe, l'avant dernier, face aux preuves de l'horreur et l'inhumanité du gouvernement israélien, il aurait été dommage de ne pas restituer un de leur énième mensonge afin de semer le doute dans les esprits : "Malgré ces effets déjà tangibles, Israël n'infléchit pas sa position, convaincu qu'une partie de l'aide humanitaire profite au Hamas. "Le blocage de cette aide est l'un des principaux leviers de pression" face au mouvement islamiste, a récemment déclaré le ministre de la Défense, Israël Katz. Lors de son point-presse, lundi, David Mencer a répété que le Hamas avait "détourné de l'aide". A Gaza, l'Ocha n'a pourtant aucune preuve d'un "détournement à grande échelle". AUCUNE PREUVE... mais les médias continuent d'égrainer la propagande israélienne. Ultime paragraphe : "7 octobre" et "les otages Israéliens" sont mentionnés avant les 2,1 millions de personnes en proie à la famine, avant les dizaines de milliers de civils Palestiniens déjà massacrés. Mais de tous les articles de cette presse mainstream, je n'ai quasiment jamais lu que ce blocage de l'aide humanitaire, cette famine organisée et les bombardements étaient aussi une condamnation à mort pour les otages Israéliens. Il serait peut-être temps de restituer les paroles de Netanyahou nous prouvant son désintérêt total pour les otages, son projet de génocide et de nettoyage ethnique, achevant ainsi le projet colonial d'Israël depuis 1948 : « Gaza sera totalement détruite ».
Et voilà que le 9 juin, une journaliste de France info vient couvrir la manifestation de soutien à la Palestine et aux membres d'équipage de la Freedom Flotilla, un homme se place derrière elle et crie "facho". À juste titre si vous avez lu l'intégralité de l'article : oui, faire de la propagande pour un État génocidaire, c'est être fasciste. Elle lui assène un coup. Elle récolte ce qu'elle et sa chaîne de propagandistes ont semé. Bien sûr tous les médias pro-Israel titrent " une journaliste agressée" se gardant bien de dire qu'elle a donné le premier coup. Le 10 juin, tous les médias français mainstream ont repris la propagande israélienne. Les Français de la #FreedomFlotilla, dont Rima Hassan, n’ont pas refusé d’être rapatriés en France. "Ils ont refusé de signer un document dans lequel ils devaient reconnaître être entrés illégalement sur le territoire israélien, condition fixée par Israël pour leur libération. Un document est inacceptable :
- L'arrestation par Israël de la flottille a eu lieu dans les eaux internationales. Gaza a le droit de recevoir de l'aide humanitaire.
- La flottille n'est pas entrée sur le territoire israélien et n'en a pas eu l'intention : la bande de Gaza n’en fait pas partie.
Nous sommes en août 2025, France info annonce accueillir deux éditorialistes de Cnews : c'est l'achèvement d'un long processus de mutation en un organe de propagande d'extrême-droite. Mais nous serons là pour répertorier toutes leurs apologies de crimes contre l'humanité, tous leurs mensonges, et leurs tentatives de déshumanisation d'un peuple. Pour un devoir de mémoire.