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Immigration : Trump contre les lois
Frédéric Martel, journaliste, avait déclaré dans une interview : " Aux USA il y a des contre pouvoirs [...] Les américains n'ont pas élu un dictateur [...] Trump c'est pas Poutine ou Xi Jinping". Une vision três occidentalo-centrée qui consiste à ne voir les dictatures qu'en Russie ou en Chine et à être dans un déni profond lorsque la dérive dictatoriale concerne une puissance occidentale. Oui, il y a des contre-pouvoirs aux USA MAIS avec lesquels Trump se torche allègrement. Si ce journaliste, lui, voit des contre pouvoirs, lorsque vous vivez là bas, c'est d'abord la peur qui domine votre vie. Même si vous êtes immigré LÉGALEMENT. Le lundi 8 septembre, les juges formant la majorité conservatrice ont autorisé unanimement la reprise des arrestations basées sur la couleur de peau et l’accent à Los Angeles. "Une décision qui transforme des millions de citoyens en suspects permanents" (Libération). Depuis quatre mois, la police et l'armée vont chercher les migrants, même légaux pour les emprisonner ou les déporter. Dans cette guerre contre l'immigration, l'allié de Trump est le ICE : Immigration and Customs Enforcement. L'administration Trump s'est affranchi du cadre légal : oui vous avez bien compris, elle ne respecte pas la loi. "Elle passe outre les décisions des juges, expulsant les migrants avant que le juge du tribunal de l'immigration saisi du dossier puisse rendre un avis. Y compris des migrants en situation régulière ou encore des enfants, nés aux États-Unis et donc Etats-uniens." Citons l'exemple de Kilmar Abrego Garcia, présent lui LÉGALEMENT sur le sol des États-Unis. "Arrêté à la mi-mars dans le Maryland, sans motif, il a été immédiatement transféré dans un centre pénitentiaire salvadorien en dépit d’une décision contraire d’un juge fédéral." Rappelons aussi qu'une personne peut être migrante de manière complètement légale aux USA et qu'il suffit à l'administration Trump de faire sauter son visa étudiant ou de travail ou qu'elle fasse partie des vagues de licenciements pour mettre fin à son statut légal et in fine être expulsée. "De plus, le président Donald Trump a décidé d’imposer une nouvelle interdiction discriminatoire d’entrée sur le territoire américain pour les ressortissant·e·s de l’Afghanistan, de l’Érythrée, de la Guinée équatoriale, d’Haïti, de l’Iran, de la Libye, du Myanmar, de la République du Congo, de la Somalie, du Soudan, du Tchad et du Yémen ainsi qu’une interdiction partielle pour les personnes originaires du Burundi, de Cuba, du Laos, de la Sierra Leone, du Togo, du Turkménistan et du Venezuela."
Militarisation du territoire : Trump contre la population.
Kidnapping de femmes et enfants, enferment des individus en situation régulière au motif de leur origine, sans mandat d’arrêt, sans aval d’un juge, transformation des bases militaires américaines en centres de détention pour migrants. Face aux arrestations et déportations opérées illegalement par l'administration Trump, la population américaine rentre en résistance contre les viols répétées de la Constitution américaine. La réponse de Donald Trump face à ces actes de Résistance : la répression. "Le Pentagone vient d’annoncer qu’il fédéralise 2000 soldats supplémentaires de la Garde nationale de Californie, portant le total à 4000 soldats, en plus des 700 Marines en service actif envoyés à Los Angeles. Il s’agit d’une occupation militaire, pas d’une mesure de sécurité publique." Un hélicoptère de combat a également été filmé en basse altitude au dessus de Los Angeles. La police ira jusqu'à tirer au LBD sur une journaliste australienne en plein direct. Le 8 juin, Trump a suggéré de procéder à l'arrestation du gouverneur de Californie, le démocrate, Gavin Newson. L'ensemble de ces éléments constitue une dérive dictatoriale selon le New-York Times. La dérive fasciste s'est intensifiée le lundi 11 août, le président américain a annoncé que son administration allait prendre en main le maintien de l'ordre dans la capitale des Etats-Unis, Washington. Dès le lendemain, 850 gardes nationaux affluaient dans la capitale, le gouvernement fédéral a l'intention de doter tous les gardes d’une arme. Ses effectifs devraient doubler dans les prochaines semaines. La raison ? lutter contre une criminalité en hausse. Sauf que les statistiques officielles indiquent une criminalité en baisse : les crimes violents sont à leur plus bas niveau depuis 30 ans à Washington, et en baisse de 35 % entre 2023 et 2024. Les vraies raisons : à Washington, Trump est en terrain "Démocrate" et ça il ne le supporte pas, il veut instaurer la peur et endiguer la moindre tentative de révolte face à sa politique fasciste. Il veut normaliser le recours à l’armée sur le territoire national
Sciences, culture et droits : Trump contre le "wokisme".
Dans sa guerre contre "le wokisme", Trump ne recule devant rien. Derrière ce mot que Trump utilise à tort et à travers se cache en réalité : l'antiracisme, l’écologie, les sciences, la santé, l'éducation, les droits des femmes et des personnes LGBTQ+, les faits historiques. En atteste ses actes. Il a posé un ultimatum scandaleux aux scientifiques : bannir tout un lexique environnemental et social de leurs travaux sous peine de voir leurs financements supprimés. Cette censure touche aussi les ressources LGBTQ+ et la santé publique. Dans les 8 000 pages internet effacées par l'administration Trump il y a les données de santé publique : des informations sur les vaccins, les soins aux anciens combattants, les crimes de haine, la recherche scientifique, un millier d'articles classés dans la catégorie « prévention des maladies chroniques ». 1 000 pages du département de la Justice ont aussi été nettoyées, « comprenant notamment un article sur la violence dans les relations amoureuses entre adolescents » (Le Point, 4 Février). Le 20 août, faisant ma revue de presse quotidienne, je tombe sur un article de l'Express, le titre : "Donald Trump lance une grande offensive contre les musées woke". Mais c'est quoi un musée "woke" ? Je clique sur l'article : "Le président américain veut faire revoir la manière dont les musées présentent certains faits historiques, comme l'esclavage, qui donne selon lui une image négative du pays." Ah. Musées woke = Musées qui traitent et exposent l'esclavage ou la colonisation. Si j'étais journaliste à l'Express, j'aurais trouvé plus opportun et plus honnête de titrer : "Donald Trump lance une grande offensive négationniste et révisionniste dans les musées".
Économie : Trump contre les travailleurs, ses électeurs et... Musk !
Entre février et mai Le DOGE a supprimé 260 000 emplois et dans certains médias français, plutôt que de parler de la précarité grandissante, des licenciements illégaux et non-justifiés, des suppressions budgétaires de programmes de prévention de maladies graves, on préfera axer le discours "Musk a réalisé seulement 175 milliards de dollars d’économies sur les 1000 milliards prévus" comme si l'échec de cette politique inhumaine ne résidait que dans l'objectif mortifère fixé par les deux autoritaristes. Au mois de mai, le divorce entre Trump et Musk est brutal. Le schisme entre les deux fascistes ? "Elon Musk est déçu, car il n’a pas l’impression d’avoir eu tous les appuis pour mener à bien sa mission". Il remet également en cause les mesures douanières de Donald Trump et redoute une récession de l’économie américaine au prochain semestre. Puis le coup de grâce est asséné sur Twitter où le milliardaire a publié : "Donald Trump figure dans les dossiers Epstein. C’est la raison pour laquelle ils n’ont pas été rendus publics. Bonne journée, DJT !". Au mois d'août, selon un rapport du Bureau fédéral des statistiques (BLS), organisme qui publie les chiffres de référence sur l'emploi, la productivité et les prix, les États-Unis ont connu un net ralentissement de la création d'emplois au cours des trois derniers mois. Il n'en fallait pas plus à Donald Trump pour renvoyer l'autrice du rapport : Erika McEntarfer, cheffe de l'agence. Le ton est donné pour son successeur : se conformer au récit économique mensonger inventé par Trump ou être viré manu militari. ll y a deux mois, une tendance a emmergé les réseaux sociaux aux USA : les MAGA regrets. Les MAGA sont les électeurs de Donald Trump, cet acronyme signifie "Make America Great Again" en référence au slogan de Trump lors de sa campagne présidentielle. Mais voilà que ces fameux MAGA, encore trop peu nombreux (1 sur 4 selon des sondages), regrettent leur vote pour l'homme orange et s'affichent dans des vidéos Tiktok, sur Instagram ou s'expriment sur Twitter. Pourquoi ? Car eux ou leur entourage se retrouvent victimes des mesures économiques, autoritaristes et fascistes de l'administration Trump. L'un voit sa fiancée expulsée du territoire alors qu'elle était dans un programme d'échange de professeur. Une dirigeante d'une entreprise de construction voient ses salariés ne plus se présenter au travail de peur d'être capturés par la police de l'immigration, résultat : son entreprise est à l'arrêt. Des trumpistes ont perdu leur emploi dans l'administration suite aux licenciements massifs du DOGE.
Géopolitique : Trump contre le Droit international et l'humanitaire
Au mois de février, Donald Trump annonçait : « Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza, et nous allons faire du bon boulot avec […] Nous en prendrons possession […] Nous allons en faire la Côte d’Azur du Moyen-Orient ». Le président américain a proposé de faire « tout simplement le ménage » dans la bande de Gaza et de transférer ses habitant·es dans des lieux « plus sûrs » comme l’Égypte ou la Jordanie, hostiles à l’idée. Les mots colonisation, déportation, épuration ethnique, crimes contre l’humanité ne seront pas écrits par la majorité des « journalistes » de la presse mainstream française. Alors notre seule arme face cet effacement de la réalité, face à cette fausse neutralité, c’est de remettre des définitions claires au cœur de nos écrits et de nos discours. Lorsque Trump dit « prendre le contrôle », « prendre possession », il s’agit du verbe : COLONISER. Définition : transformer un pays en une colonie, en un territoire dépendant d'une métropole. Peupler un pays, une région de colons. Mettre un pays sous sa dépendance économique. Occuper un lieu, l'envahir en s'installant en grand nombre dans des résidences secondaires, des propriétés. Lorsque Trump utilise l’expression « faire le ménage » et « transférer ses habitants », il s’agit ici de déportation et d’épuration ethnique. La définition de la déportation selon l’Académie Française : transfert de certaines catégories de la population d’un pays hors de leur patrie. Ensuite intéressons-nous à la définition du nettoyage ou épuration ethnique selon l’encyclopédie Universalis : « Tentative de créer des zones géographiques se caractérisant par leur homogénéité ethnique, au moyen de la déportation ou du déplacement forcé de personnes appartenant à des groupes ethniques définis. Le nettoyage ethnique entraîne parfois la suppression de toutes les marques physiques témoignant de l'existence du groupe visé, par la destruction des monuments, cimetières et lieux de cultes ». Nous y sommes : le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a approuvé le mardi 19 août le plan de conquête de la ville de Gaza : une occupation totale de l'enclave. Trump continue de semer le chaos en mettant fin à l’Agence américaine pour le développement international (Usaid), plus importante agence humanitaire au niveau mondial. Une étude internationale vient de révéler que l’effondrement des financements américains consacrés à l’aide internationale pourrait entraîner plus de 14 millions de morts supplémentaires d’ici à 2030. Trump finance un nettoyage ethnique mettant en danger immédiats la vie de 2 millions de personnes.
Trump est contre. Contre les lois, les immigrés légaux ou pas, l'écologie, la culture, la recherche, la santé, le Droit international, les droits des femmes et des minorités, les libertés individuelles, la liberté d'expression. Il avance tels ses bulldozers à Gaza et les dirigeants européens continuent de lui faire des courbettes, loin d'être hostiles aux dérives fascistes des politiques MAGA. Mais parmis les millions de victimes qu'engendreront sa politique mortifère, le réel danger pour Trump ne viendra-t-il pas de ses anciens supporters ? De ceux qui pensaient, qu'en votant pour un fasciste, ils allaient être épargnés par les mesures racistes, autoritaristes ou économiques. Ces MAGA repentis qui défendent bec et ongle le second amendement de la Constitution des États-Unis d'Amérique qui "reconnaît la possibilité pour le peuple américain de constituer une milice pour contribuer à la sécurité d'un État libre, et il garantit en conséquence à tout citoyen américain le droit de détenir des armes." Qui aura la peau de Donald ?