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Billet de blog 26 novembre 2025

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Bien sûr que Bardella est premier dans les sondages

24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, les chaines dites d'information et des politiques se livrent à une propagande raciste, xénophobe et islamophobe. Cette propagande qui est allée jusqu'à faire l'apologie de crimes contre l'humanité et déshumaniser un peuple victime d'un génocide. Alors oui, bien sûr que dans ce contexte de puanteur, le RN est premier dans les sondages.

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Dans un pays où Retailleau a crié "à bas le voile" et où Wauquiez propose une loi allant à l'encontre de la loi sur la laïcité, où l'IFOP met une cible dans le dos des jeunes musulmans : bien sûr que Bardella est premier dans les sondages. De concert avec tous les politiques de droite et d'extrême-droite, les médias s'acharnent sur les femmes musulmanes voilées, des migrants ou des personnes racisées. Ils reprennent des théories complotistes comme par exemple le "grand remplacement", bien sûr ils oublient sciemment de dire que le solde migratoire de la France n'est que de 2,2 personnes pour 1000 habitants et donc parmi les plus faibles d'Europe, ou bien qu'il y a moins de 8% de musulmans en France, que Darmanin a dressé les conclusions de l'étude sur les frères musulmans avant que l'enquête ne soit menée par les chercheurs, que l'étude dit l'inverse de la conclusion ou que cette dernière s'inspire des travaux d'une chercheuse financée par le milliardaire Stérin. 

Dans un pays où médias et politiques inventent des mots directement inspirés par le nazisme : bien sûr que le RN est premier dans les sondages. N'oublions jamais le fameux "islamogauchisme". Le mot associe donc une religion et une orientation politique… ce n’est pas sans nous rappeler un terme apparu dans les années 30, le « judéo-bolchévisme », un terme alliant l’anticommunisme et l’antisémitisme. Le terme « islamo-gauchisme » a été répandu (vomi) par le sociologue Pierre-André Taguieff, souverainiste, qui pense qu’il y aurait une alliance entre des groupuscules d’extrême-gauche et des terroristes islamistes (rien que ça ! ). L’extrême-droite adore l’idée et la reprend en cœur. La Macronie prête à tout dans son opération-séduction des électeurs RN ET dans sa volonté de cacher sa médiocrité, se jette à corps perdu dans cette brèche « fascistoïde ». Les macrolepénistes n'ont que faire de la précarité grandissante des étudiants, de l'inflation, de la crise sociale et économique, eux, leur combat c’est l’islamogauchisme. Et puis racelard de Génération identitaire peut bien faire un salut nazi, d’autres peuvent bien passer à tabac des militants antiracistes, la police peut mutiler ou vouloir tuer des manifestants, Retailleau, Nuñez, Wauquiez, Darmanin, Le Pen, Zemmour et consort seront toujours là pour nous désigner le vrai danger : l’islamogauchisme en burkini. Heureusement le CNRS nous apprend qu’il n’y a pas de réalité scientifique derrière le terme « islamogauchisme ». 

Aujourd'hui, ils ont tous opté pour le mot "woke" ou "wokiste". Mais c'est quoi le wokisme ? Le mot "woke" est né au XIXe siècle aux États-Unis, ce mot a servi à décrire l'expérience des Noirs dans une société post-esclavagiste minée par le racisme et la ségrégation. Il signifie "éveil". L'extrême-droite s'est emparé de ce mot et en a fait un fourre-tout contenant tout ce qu'elle hait. À travers toutes les censures et attaques de Donald Trump pour combattre un supposé "péril woke", on peut dresser une liste non exhaustive de tous ses ennemis. Trump a supprimé les mesures de diversité, d'équité et d'inclusion dans l'administration américaine. Pourquoi ? Parce que la diversité, l'équité et l'inclusion : c'est « woke ». ll est aussi allé jusqu'à effacer ces mots et ces notions de la réalité, en menaçant la recherche scientifique de lui retirer ses financements si elle n'obéit pas à la censure. Le Président des États-Unis a posé un ultimatum scandaleux aux scientifiques : bannir tout un lexique environnemental et social de leurs travaux sous peine de voir leurs financements supprimés. Pourquoi ? Parce que la science et l'écologie, c'est « woke ». Cette censure touche aussi les ressources LGBTQ+ et la santé publique. Pourquoi ? Parce que la santé publique et tout ce qui n'est pas hétéro c'est « woke » . Plus de 120 mots qualifiés de « woke » sont concernés par cette « Grande Suppression » tels que : « changement climatique », « climat », « émissions de gaz à effet de serre », « justice environnementale », « privilège », « biais », « inclusion », « équité » ET dans la liste des néolibéraux figure aussi LE MOT « FEMME ». Oui, la femme c'est woke. JE SUIS WOKE. 

Dans un pays où le ministre de l'intérieur préfère poursuivre un humoriste dénonçant les violences policières plutôt que de sanctionner de manière pérenne les forces de l'ordre à l'origine de ces violences : bien sûr que le RN est premier dans les sondages. En ce mois de novembre 2025 étaient révélées par Mediapart et Libération, 84 heures d'enregistrement vidéo des caméras portées par les gendarmes en mission à Sainte Soline. 84 heures révélant l'intention des gendarmes de tuer ou mutiler des manifestants, leurs paroles trahissant leur violence : 
« il y a un mec de Aurillac il lui a mis une cartouche de LBD en pleine tête. Il l’a shooté pleine tête a 10 mètres. Le mec il était sec. » 
«C’est un trou de terre, il y aura eu des morts juste pour un trou de terre. Après tant que c’est des morts de chez eux ».
« En tendu. En tendu. Baisse ton canon, putain ! » « Devant, tendu, vous balancez en tendu ! »
« Je compte plus les mecs qu’on éborgne, un vrai kiff »
« T’en crèves deux trois, ça calme »
« Tiens, dans ta gueule fils de pute »
« il faudrait « les tuer ».
Ces enregistrements prouvent que Gérald Darmanin avait menti lorsqu'il déclarait : « Je pense, quant à moi, que ce ne sont évidemment pas les forces de l’ordre, qui n’ont eu recours à la violence que d’une manière légitime et proportionnée. » 
Le samedi 1er novembre, deux policiers accusés de viol par une femme dans une geôle du tribunal de Bobigny ont été mis en examen et placés en détention provisoire. Leur sentiment d'impunité était si fort qu'ils ont non seulement violer cette femme dans l'enceinte même du tribunal mais que l'un d'entre eux a aussi filmé une partie de l'agression avec son téléphone. Mais il serait naïf de croire que ce viol filmé d'une femme par deux policiers est un acte isolé de deux "brebis galeuses". Au mois de juin 2025, le magazine Disclose et L’Oeil du 20 heures (France 2), publiait une enquête révélant les témoignages de 57 femmes qui avaient été victimes de violences sexuelles commises par les fonctionnaires chargés de recueillir leurs plaintes. Un scandale ignoré par le ministère de l’intérieur pour évidemment protégé le bras armé de l'État.

Dans un pays où une chaîne publique fait la promotion du nettoyage ethnique en parlant des opportunités touristiques à Gaza plage : bien sûr que Bardella est premier dans les sondages. Au mois de février, sur France info, le présentateur, Julien Benedetto interviewe un représentant des métiers du tourisme sur la possibilité de déporter 2 millions de Gazaouis pour transformer Gaza en nouvelle Côte d’Azur. Frank Delvau, le professionnel pro-génocide du Tourisme, répond à la question avec le même enthousiasme que celui de Joseph Mengele quand il se remémorait les crématoires fumants. Il frétille et est même satisfait que Trump prenne l’exemple de la Riviera française. C’est aussi ça les patriotes si fiers de ces nations construites sur le pillage des richesses, l’esclavage et les crimes coloniaux. Pour comprendre à quel point le traitement de l'information "Gaza-plage" sur France Info ou ailleurs n'est ni une erreur ni une maladresse mais une réelle volonté de repousser la fenêtre d’Overton (les limites du dicible) afin de faire accepter à l'opinion public une épuration ethnique et donc un crime contre l'humanité. Explications : ce sujet a été décidé et validé en conférence de rédaction. Toutes les parties prennante ont travaillé dessus : le rédacteur en chef, chef d'édition, chargé de production, les journalistes, le ou la réal,  le présentateur et dans le cas de France info : l'invité Frank Delvau. Autant de personnes qui a un moment n'ont pas pris la mesure du scandale ? Peu probable. Il est évident qu'il y a un parti pris de certaines "chaînes d'info" pour la politique génocidaire d'Israël qui tend à déshumaniser les Palestiniens.

Dans un pays où Nemesis, un groupuscule d'extrême-droite, protégé par la police, fait irruption dans une manifestation contre les violences sexistes et sexuelles et que ce sont les manifestants qui sont criminalisés par les médias et les politiques : bien sûr que le RN est premier dans les sondages. En 2021, Nemesis, équipée d’un service d’ordre cagoulé armé de barres de fer et de gazeuses, avait attaqué la manifestation contre les violences faites aux femmes et s’en était pris à des manifestantes afghanes. Le 23 novembre 2024, le collectif était entouré d’un cordon policier et appuyé par les journalistes du média d’extrême-droite Frontières pour tenter d’initier une altercation avec les cortèges et organisations féministes. Au mois de Septembre 2024, la directrice du collectif Nemesis, Alice Cordier, a essayé de lancer une abominable fake news visant à faire passer Dominique Pélicot pour un gauchiste qui faisait violer sa femme par des hommes racisés pour la "punir de son racisme". Cette désinformation visait à étouffer le fait que les violeurs de Gisèle Pélicot étaient des "monsieur tout le monde", car l'une des principales thèses de Nemesis est de faire croire que la quasi entièreté des viols, féminicides ou violences sexuelles sont commis par des personnes racisées ou des migrants. C'est pour cela qu'on ne les entend quasiment jamais sur les affaires de VSS dans les institutions catholiques comme Bétharram ou Notre-Dame de Garaison, et qu'elles restent silencieuses sur les féminicides commis par des conjoints ou ex aux prénoms bien français. Le 7 avril 2024, au carnaval de Besançon, devant 20 000 personnes, deux militantes Nemesis ont brandi des pancartes rapprochant migrants et violeurs. Entrainant une plainte de la maire de la ville, Anne Vignot, et une enquête pour "provocation à la haine ou à la violence à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur origine ou d'une prétendue race". Suite à la plainte d'Anne Vignot contre les deux xénophobes Nemesis, elle sera victime d'un cyberharcèlement de la part des militants d'extrême-droite : des centaines propos haineux ou dégradants, des menaces de mort, de viol.

Dans un pays où médias et politiques taisent les meurtres, les tentatives de meurtres ou le terrorisme d'extrême-droite tout en dédiabolisant le RN, où la justice refuse de reconnaître le caractère raciste de certains crimes : bien sûr que le RN est premier dans les sondages. Loïk Le Priol, Romain Bouvier et Lyson Rochemir ont assassiné Federico Martín Aramburú. William M., armé d'un pistolet semi-automatique et de plusieurs chargeurs avait abattu trois personnes kurdes et en avait blessé d'autres, revendiquant les motivations racistes de son crime, Darmanin, la justice, les médias avaient refusé de parler de terrorisme. Quelques jours plus tard, Tonny F. voulait rendre hommage à ce terroriste, William M. Il voulait s'en prendre, selon ses dires à une « voisine bougn*ule », il dénonçait une cité progressivement transformée en « califat » et le rôle du gouvernement, accusé de « sublimer l’africanisation de l’Union européenne » : un racisme revendiqué. Il tire donc sur une adolescente de 13 ans d'origine maghrébine et la circonstance aggravante de racisme n'est pas retenue. Le 3 juillet 2024, un site d’extrême-droite avait publié une liste de noms d’avocats qui avaient signé une tribune contre le RN. Tribune intitulée : « Liste (très partielle) d’avocats à éliminer »  et illustrée d’une photo de guillotine. Le 31 août 2024, Djamel Bendjaballah, éducateur de 43 ans, a été tué sous les yeux de sa fille de 10 ans devant le collège Van der Meerch de Capelle-la-Grande près de Dunkerque (Nord). Il est passé à trois reprises sous les roues de la berline de l’ex-conjoint de sa compagne, Jérôme Decofour, membre d'une milice d'extrême droite : la Brigade Française Patriote. Malgré les preuves du caractère raciste du crime, la justice et l'État refuse de le qualifier en tant que tel. 

Le Dimanche 16 février, une trentaine d'individus d'extrême droite "cagoulés et munis de tessons de bouteille" ont pénétré dans la cour d'un immeuble du Xe arrondissement où se situe l'association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie (ACTIT) alors que des militants antifascistes regardait le film Z de Costa-Gavras. Après avoir hurlé "Paris est nazi" et avoir blessé à l'arme blanche un homme, six d'entre eux ont été arrêtés. Retailleau n'a réagit que deux jours plus tard dans un discours – médiocre – à l'Assemblée Nationale. Je le cite : « S’il y a un combat qui devrait nous réunir, c’est le combat contre la violence, contre le fascisme, le nazisme, l’extrême droite… et aussi contre l’ultragauche ! ». Le mot "ultra gauche" est crié. L'extrême droite tente de nous tuer et Retailleau trouve le moyen de nous criminaliser. 16 personnes, islamophobes, suprémacistes et identitaires, faisant partie d'un groupuscule terroriste d'extrême-droite  nommé "AFO"  prévoyaient d'assassiner 200 imams,  d'empoisonner au cyanure et à la mort aux rats de la nourriture Halal et de faire exploser une mosquée. Une grande partie des membres du groupuscule étaient des sympathisants RN et l'un d'entre eux un ex candidate FN.

Ceci n'est qu'un échantillon de la violence politique, médiatique et juridique à laquelle nous faisons face chaque jour. Cette violence qui, aujourd'hui, est responsable de la montée en puissance du RN dans des sondages affirmant que si l'élection avait lieu dimanche, Bardella serait élu président. Heureusement, rien ne se passera dimanche et il nous reste un peu de temps pour contrer la vague brune qui déferle sur nous.

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Couverture de l'Humanité

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