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Billet de blog 27 janvier 2025

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Des otages

Lorsque le dimanche 26 janvier, après que France info ait titré « 200 otages Palestiniens retrouvent la liberté », c’est le branle-bas de combat chez tous les défenseurs d’Israël.

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Illustration 1

En tête de ce peloton des insurgés sionistes, Caroline Yadan, députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France, qui s’offusque sur la plateforme d’extrême droite X. La députée a estimé qu'appeler des Palestiniens « otages » était « une injure à ce qui fait notre humanité », était « abject » et « inacceptable ». Or, ce qui est abjecte et inacceptable, ce sont les crimes d'Israël recensés par les organisations de défense des droits humains et les organes des Nations Unies.

 Face à l'offensive de tous les pro Israël de vouloir effacer des crimes contre l'humanité, on va remettre du sens dans les mots : « Plus de 500 enfants palestiniens sont envoyés, chaque année, en prison par les autorités israéliennes. Dès l’âge de 12 ans, ils peuvent se retrouver devant une cour militaire. Illégales, ces conditions d’incarcération se sont encore durcies depuis le 7 octobre ». « Israël et territoires palestiniens occupés. Des détenu·e·s palestiniens sont soumis à des actes de torture et des traitements dégradants, sur fond de multiplication des arrestations arbitraires ». (Amnesty International). Comment ces civils arrêtés arbitrairement, détenus illégalement et torturés peuvent-ils être qualifiés de « prisonniers » ? Ceux qu’on s’évertue à appeler « prisonniers palestiniens » servent de monnaie d’échange pour faire libérer des otages israéliens, et c’est précisément cela la définition d’un otage : « Personne qu'une armée, un gouvernement livre à la partie adverse ou détient, en garantie de l'exécution d'un traité, d'une promesse.»

 L'auteur ayant eu le courage d'appeler les Palestiniens "otages", a été suspendu. C’est non seulement ce que nous apprenions dans un tweet de France Info mais aussi dans un tweet de Muriel Attal, directrice de la Communication chez France Télévisions : « On a immédiatement réagi Caroline. La direction de l’info et ftv ont été des lucky luke » smiley content, cœur. En deux tweets, l’un d’une députée et l’autre d’une cadre de France Télévision lui répondant, nous avons la confirmation qu'il est interdit de dire « OTAGES PALESTINIENS ». Que l'ordre est donné directement par le gouvernement aux chaines d’information de déshumaniser et criminaliser les Palestiniens. Cette ingérence politique visant à faire accepter des crimes contre l'humanité est insupportable. C’est, de plus, une énième attaque à la liberté de la presse menaçant tous les journalistes qui iraient à contresens de la propagande imposée par les gouvernements français et israélien.

 Au même moment de l'autre côté de l'Atlantique, Trump parle de "ménage" en déplaçant les Palestiniens en Jordanie et en Égypte, et là encore il faut remettre du sens dans les mots : il s'agit d'une épuration ethnique. Le nettoyage ou épuration ethnique est une tentative de création de zones géographiques à homogénéité ethnique par la violence, la déportation ou le déplacement forcé. L'expression désigne une politique visant à faire disparaître d'un territoire un groupe ethnique. Encore une fois, la presse mainstream française reprend les mots de Trump, et à aucun moment ne qualifiera le projet trumpiste de « nettoyage ethnique ». Les gouvernements français et américain en vendant des armes à Israël et en se faisant les relais de la propagande sioniste se rendent complices de crimes contre l'humanité. Crimes reconnus par la Cour pénale internationale.

 Inversions des valeurs, dévoiement du langage, inversions accusatoires, double bind, révisionnisme, abrutissement généralisé, tels sont les dogmes des néolibéraux d'extrêmes droite à l’ère de la post-vérité, il est temps d’organiser une riposte globale pour contrer la vague fasciste qui déferle sur l’Occident.

Un jour les coupables et leurs complices rendront des comptes devant la justice.

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