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Commençons par la fin. Voilà des mois que France info tente de plagier Cnews.
Le 11 décembre, Sarah Knafo était invitée sur le plateau de France info. Nathalie Saint-Cricq, à la fois Directrice des rédactions nationales et éditorialiste politique – l'accueille chaleureusement entre léchage de bottes et tutoiement. La femme politique –issue d'un parti d'extrême-droite révisionniste – est à son aise et semble visiblement ravie de son passage sur la télévision publique. Elle est tellement détendue qu'elle déclare : "C'est pas pour vous flatter, mais vous êtes de bonnes journalistes. Si jamais c'était le privé qui reprenait ce groupe, vous seriez sans doute gardées, l'une comme l'autre. Je ne pense pas que vous seriez virées. Un homme du privé qui viendrait racheter france info serait stupide de vous renvoyer si l'émission marche". Quand on est admirée et complimentée par une femme politique dont les fonds de commerce sont le racisme, la xénophobie, l'islamophobie, la théorie complotiste du "grand remplacement" et le révisionnisme historique sur l'extermination des juifs : c'est peut-être le moment de se remettre en question Nathalie. À moins que l'extrême-droitisation de France info soit une condition sine qua none à sa privatisation future.
Le 6 decembre fût une journée chargée sur France info. Le mot d'ordre : criminaliser la France insoumise et plus particulièrement Jean-Luc Mélenchon. Ce jour-là, ce dernier était entendu dans la commission d'enquête qui portait sur des liens supposés entre mouvements politiques et réseaux islamistes. Une commission à l'initiative de Laurent Wauquiez, qui dans un premier temps n'avait ciblé que la France insoumise et avait donc été refusée par la commission des lois. Le nom fût changé pour y intégrer tous les groupes politiques et elle débuta en novembre 2025. Avant même que le leader de la France insoumise ne soit auditionné ce 6 décembre, des responsables de services de renseignement avaient déjà témoigné lors de cette commission, je cite : « il n'a pas été mis en évidence à notre connaissance, dans la doctrine de la mouvance française, de documents visant l’islamisation à court ou moyen terme ».
Ces responsables du renseignement sont les auteurs du rapport sur l’entrisme des Frères musulmans : Monsieur Courtade, préfet de l’Aube depuis 2024, précédemment en poste auprès du préfet des Yvelines en tant que préfet délégué chargé de l’égalité des chances. Ainsi que Monsieur Gouyette, diplomate et précédemment ambassadeur aux Émirats arabes unis, en Libye, en Tunisie, en Arabie saoudite et en Algérie. Bien sûr, les jours précédents, aucun média, dont France info, n'avait insisté sur les interventions de ces responsables du renseignement dont les conclusions n'allaient pas dans le sens des affabulateurs à l'initiative de cette commission "mascarade". Les chaines d'information avaient préféré inviter "l'autrice" des "Nouveaux antisémites", Nora Bussigny, elle aussi entendue lors de cette commission d'enquête – quelle est sa légitimité ? – on rappelle qu'elle s'était affublée d'une perruque rose pour "infiltrer les wokes". Je reviendrai plus tard dans cet article pour développer le cas Bussigny, cette dernière ayant été reçue sur France info afin d'étaler ses calomnies à l'encontre de l'extrême gauche sans – bien entendu – aucune contradiction.
Je tiens à souligner un point de la plus haute importance : il est tout de même étonnant que cette commission d'enquête portant sur les liens entre politiques et réseaux islamistes ne se soit pas intéressée à certains membres du RN (ex FN) et que les médias aient passé sous silence les affaires suivantes les affaires "Herman" et "Veillard" qui me semblent être pile dans la problématique qui nous intéresse :
- Affaire Claude Herman : ancien du service d'ordre du Rassemblement national (ex-Front national). Il a fourni des armes à Amedy Coulibaly qui a tué cinq personnes lors de l'attentat antisémite de l'Hyper Cacher en 2015. Herman a été condamné à sept ans de prison.
- Affaire Jean-Claude Veillard : ancien candidat du RN au municipal de Paris mis en examen par le parquet antiterroriste pour avoir participé à financer Daesh et Al-Qaïda à hauteur de 13 millions d'euros. Il a supervisé la collaboration de Lafarge avec des groupuscules terroristes en Syrie.
Retour sur France info, 6 décembre. Dans un interview lunaire, Erwan Seznec, rédacteur en chef adjoint au Point, declare : "C'est-à-dire que LFI [...] ne recule devant aucune outrance pour cultiver l'électorat arabo-musulman." Reprenons son expression : "cultiver l'électorat arabo-musulman" : une essentialisation d'une population vue comme une masse informe, sans individualité et dans laquelle aucun n'est vu comme un électeur FRANÇAIS qui aurait droit à une représentation politique. Imaginez un seul instant le scandale – à juste titre – si un journaliste parlait de "cultiver l'électorat juif" dès lors qu'un parti évoque la lutte contre l'antisémitisme : ce serait choquant et antisémite. Car lorsqu'Erwan Seznec, dans un discours criminalisant LFI, évoque les "outrances" de ce parti : de quoi parle t-il exactement ? Du fait que LFI combatte l'islamophobie, le racisme ? Ou que ce parti apporte son soutien aux Palestiniens en dénonçant le génocide en cours ?
Le même jour, juste après la commission d'enquête, Antoine Léaument exprima en direct sa colère saine quant à la séquence qui avait précédé son interview. D'une part sur l'expression "électorat arabo-musulman" et d'autre part sur l'évocation par France info de l'interview mensongère de Prisca Thevenot sur BFM prétendant que Jean-Luc Mélenchon n'a pas clairement répondu aux questions allant même jusqu'à inventer une phrase que le leader de la France insoumise n'a jamais prononcée. Suite à cela, Antoine Léaument invite les téléspectateurs de France info à aller voir les 1h45 d'audition de Jean-Luc Mélenchon sur Youtube afin que chacun se fasse sa propre opinion. Le député demande simplement à ce que les Français s'attachent aux faits et ne se laissent pas influencer par les interprétations et les mensonges étalés sur les chaînes d'information. C'est à ce moment précis que sur le plateau de France info, on entend quelqu'un le traiter de "trumpiste". Quelle étonnante insulte quand on sait que la particularité du trumpisme est précisément de rejeter tout élément factuel en adoptant un discours se basant sur la post-vérité, le dévoiement du langage, la criminalisation des musulmans, des migrants et de la gauche... tout comme France Info dans les multiples séquences évoquées dans cet article.
Le 3 décembre, Alexis Corbières était invité sur le plateau de France info face à Nathalie Saint-Cricq. L'occasion pour la Directrice des rédactions nationales de France Télévision de tenir des propos xénophobes et islamophobes. Retranscrivons une partie du dialogue ici :
Alexis Corbière : « L’antisémitisme est une chose sérieuse, il existe dans le pays .. »
N. Saint-Cricq : « Et la quête du vote musulman aussi »
A. Corbière : « Alors là, je vous reproche… Pourquoi faites‑vous ce lien ? Pensez-vous qu’il y a des gens qui sont antisémites pour aller chercher le vote musulman ?»
N. Saint-Cricq : « Ah oui ! »
A. Corbière : « moi je trouve ça intolérable »
N. Saint-Cricq : « Intolérable ? ce n’est pas intolérable, il y a eu des études … »
Madame Saint Criq affirme que certains politiques sont antisémites pour aller chercher le vote des musulmans. Ce qui sous-entend, selon elle, que tous les musulmans sont antisémites. Elle tient les mêmes propos stigmatisants qu'Éric Zemmour à l'encontre des personnages de confession musulmane : rappelons que, lui, a était condamné pour ses multiples incitations à la haine raciale et/ou religieuse. La stigmatisation et la criminalisation d'une communauté religieuse n'est pas un fait nouveau : ces mêmes methodes étaient utilisées contre les personnes juives dans les années 30. Les islamophobes d'aujourd'hui s'inspirent donc des techniques de propagande des antisémites d'hier. Bien sûr, l'Arcom reste timide quant aux multiples outrances de la chaîne. C'est à se demander s'il n'y aurait pas une forme d'adhésion à cette propagande d'extrême-droite déversée en continu sur le service public. Quelques jours plus tard, Saint Cricq ne fera pas d'excuse et se justifiera en disant qu'elle n'insinuait pas que les musulmans étaient antisémites mais que certains élus le croyaient et tenaient donc un discours antisémite pour appâter ces électeurs. Et pourtant son "Ah oui" résonne encore sur le plateau et dans nos foyers.
Intéressons plus en détail au cas "Saint-Cricq". L'un de mes contacts a ecrit une lettre au Mediateur de France Télévision demandant une clarification urgente quant au statut et aux interventions de Mme
Nathalie Saint-Cricq à l’antenne. En effet : « la récente nomination de Mme Saint-Cricq à la direction de la rédaction nationale de l’information place celle-ci au cœur de la définition et de la mise en œuvre de la ligne éditoriale de la chaîne. Dans le même temps, elle continue d’apparaître comme "éditorialiste politique" lors de différentes émissions, où ses prises de position sont présentées comme des analyses de référence. Cette accumulation de fonctions brouille la frontière entre information, commentaire et pilotage éditorial. Pour un groupe audiovisuel public financé par l’argent de tous, cette confusion des rôles n’est pas acceptable. Elle alimente les soupçons de parti pris, fragilise la confiance des téléspectateurs et donne l’impression que la diversité des points de vue est subordonnée à la parole d’une seule figure centrale. Le pluralisme, principe fondamental du service public, ne peut être garanti si l’on ne sait plus très clairement quand une responsable de l’information parle en tant que dirigeante, en tant que commentatrice ou en tant que simple invitée.» Voici la lettre dans son intégralité :
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Quelques semaines plus tôt, Alix Bouilhaguet, éditorialiste politique à France info avait décidé le dimanche 9 novembre de lâcher toutes les fakes news possibles sur Zohran Mamdani, nouveau maire de New-York et sur l'UNRAW, l'office de secours et de travaux des Nations Unis pour les réfugiés de Palestine dans le Proche Orient. Alix Bouilhaguet, sans cligner des yeux, affirmait à propos de Zohran Mamdani : «Il est ouvertement pro-Palestinien [...] il a repris le slogan "mondialiser l'intifada", en clair "faire la guerre aux juifs partout dans le monde. [...] Quand on lui demande de condamner le 7 octobre, souvent il botte en touche et il répéte que le problème c'est l'occupation pratiquée par Israël, est ce que ça, ça ne vous choque pas ?». Face à elle, Manuel Bompard rétablit la vérité sur ces trois fausses informations. Zohran Mamdani n'a jamais utilisé l'expression "mondialiser l'intifada". Il a condamné le 7 octobre clairement. Par contre je vais rajouter une précision importante : d'après l'encyclopédie Universalis, le mot Intifada est un mot arabe désignant la lutte sans armes à feu menée par les jeunes Palestiniens contre l'occupation israélienne. C'est quand même incroyable cette propension des éditorialistes français à dévoyer un mot pour lui ajouter une signification antisémite. Ceux qui nous chantent le refrain du "droit d'Israël à se défendre" alors que ce pays viole le Droit International et les droits humains depuis 1948 sont les mêmes qui refusent aux Palestiniens le droit de se défendre même dans une lutte sans arme : l'intifada.
Après avoir rétabli les faits, Manuel Bompard demande à Alix Bouilhaguet de donner des informations exactes et non des approximations. L'éditorialiste enchaîne : « Alors une information exacte : il [Zohran Mamdani] lève des fonds pour l'UNRWA, une agence onusienne qui est accusée de collusion avec le Hamas.» Pour rappel, cette accusation provenait de l'État d'Israël qui n'a jamais fourni aucune preuve. L'enquête indépendante, dont les résultats furent connus en avril 2024, avait conclu qu'aucun élément ne permettait de lier l'UNRAW aux crimes du 7 octobre et qu'il n'y avait aucune preuve de lien avec le Hamas. Cette séquence "avalanche de désinformation" devient une sale habitude chez France info qui a donc décidé depuis des mois de radicaliser son discours à l'extrême-droite, devenant une pâle copie de Cnews. En tant que contribuables, nous sommes en droit d’attendre du service public qu'il nous délivre des informations sourcées et vérifiées. Et il est de bon ton de rappeler quelques lois pour dissuader les chaînes d'informations de répandre leur fiel :
• Loi n°2018-1202 sur la manipulation de l'information.
• Loi n° 72-546 sur l'incitation à la haine en raison de l'appartenance ethnique ou religieuse.
• les articles 29 et 23 de la loi du 29 juillet 1881 sur la diffamation publique.
Le 16 novembre, soit une semaine plus tard, après avoir laissé infuser les multiples fake news, Alix Bouilhaguet "s'excuse". Et les guillemets ici sont de rigueur car sa prise de parole n'est en réalité qu'un ajout du mensonge aux mensonges. Je la cite : "Lors de l'interview, il y a effectivement eu des formules imprécises et parfois inexactes. Si j'ai pu heurter les auditeurs et les téléspectateurs, je m'en excuse mais il n'y a eu de ma part aucune intention partisane, aucune volonté de déformer les faits sur des questions qui sont effectivement extrêmement complexes". La présentatrice, Alexandra Bensaïd ajoute une invective sous forme de menace : " Et pour clore cette mise au point, j'ajoute que le harcèlement en ligne est inacceptable, il est aussi puni par la loi". Interpeler France Info sur un flot de désinformation impliquant potentiellement le viol de trois lois n'est pas du harcèlement, c'est une exigence de rigueur que nous demandons à une chaine se disant "d'informations". Revenons sur les non-excuses d'Alix Bouilhaguet : il ne s'agissait aucunement de "formules imprécises" mais d'accusations graves visant le nouveau maire de New-York et l'UNRWA. Le "il y a" met une distance entre elle et les propos tenus. Ces mots ne sont pas descendus du ciel comme par magie, ils ont été pensés, ils ont été mis par écrit lors d'un comité de rédaction et ils ont été prononcés par la bouche de la rédactrice en chef. La forme conditionnelle qui suit " si j'ai pu heurter" n'a rien à faire ici : vous avez heurté une partie de vos téléspectateurs en diffamant et stigmatisant un homme parce qu'il est musulman et dénonce un génocide, vous avez heurté une partie de votre audience en proférant de graves accusations contre l'UNRWA car elle vient en aide aux Palestiniens.
Le samedi 1er novembre, deux policiers accusés de viol par une femme dans une geôle du tribunal de Bobigny ont été mis en examen et placés en détention provisoire. Leur sentiment d'impunité était si fort qu'ils ont non seulement violé cette femme dans l'enceinte même du tribunal mais que l'un d'entre eux a aussi filmé une partie de l'agression avec son téléphone. Mais il serait naïf de croire que ce viol filmé d'une femme par deux policiers est un acte isolé de deux "brebis galeuses". Au mois de juin 2025, le magazine Disclose et L’Oeil du 20 heures (France 2), publiait une enquête révélant les témoignages de 57 femmes qui avaient été victimes de violences sexuelles commises par les fonctionnaires chargés de recueillir leurs plaintes. Un scandale ignoré par le ministère de l’intérieur pour évidemment protéger le bras armé de l'État. En ce mois de novembre 2025 étaient aussi révélées par Mediapart et Libération, 84 heures d'enregistrement vidéo des caméras portées par les gendarmes en mission à Sainte Soline. 84 heures révélant l'intention des gendarmes de tuer ou mutiler des manifestants, leurs paroles trahissant leur violence. Ces enregistrements prouvent que Gérald Darmanin avait menti lorsqu'il déclarait : « Je pense, quant à moi, que ce ne sont évidemment pas les forces de l’ordre, qui n’ont eu recours à la violence que d’une manière légitime et proportionnée ». En voici un échantillon :
- « Il y a un mec de Aurillac il lui a mis une cartouche de LBD en pleine tête. Il l’a shooté pleine tête a 10 mètres. Le mec il était sec. »
- «C’est un trou de terre, il y aura eu des morts juste pour un trou de terre. Après tant que c’est des morts de chez eux ».
- « En tendu. En tendu. Baisse ton canon, putain ! » « Devant, tendu, vous balancez en tendu ! »
- « Je compte plus les mecs qu’on éborgne, un vrai kiff »
- « T’en crèves deux trois, ça calme »
- « Tiens, dans ta gueule fils de pute »
- « il faudrait « les tuer »
Rappeler ces faits nous permet de remettre du contexte dans le sketch de Pierre Emmanuel Barré sur Radio Nova le dimanche 9 novembre. Sketch où l'humoriste qualifie les forces de l’ordre françaises de "violeurs" et de "meurtriers" suite aux nombreuses actualités révélées depuis le début du mois. Voici la citation complète : "Des viols, des mutilations, des meurtres, et des types qui se filment en train de faire tout ça en rigolant… En fait, la police et la gendarmerie, c’est Daech avec la sécurité de l’emploi". Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a saisi la justice suite à ces propos qu'il juge "inqualifiables". Pour rappel, concernant les violences policières où des menaces de mort ont été prononcées par les forces de l'ordre, les mots et les actes du notre ministre n'ont pas été aussi forts : il avait déclaré qu' il n'était "pas content". Le samedi 15 novembre, France Info décide de traiter cette actualité. Paul Melun, essayiste et chroniqueur régulier sur la chaine, déclare : "ce n'est pas une chronique humoristique, c'est une chronique politique [...] Le problème c'est que ce discours trouve un écho dans une partie de la société et met une cible dans le dos des personnes visées". Premièrement, il semble découvrir que l'humour est politique. Deuxièmement, il prétend qu'une chronique humoristique met une cible dans le dos des forces de l'ordre, ces mêmes policiers et gendarmes violents qui, eux, ont réellement ciblé des manifestants avec des armes létales. Paul Melun est donc davantage ému par les mots d'un humoriste que par les viols, les mutilations et tentatives de meurtres bien réelles commises par les forces de l'ordre de notre pays.
Le 10 novembre, France info affichait le graphique d'un sondage représentant une projection du résultat du premier tour 2027. Et bien que la chaîne ait fini par s'excuser en minimisant le problème, le nombre "d'erreurs" laisse penser qu'il s'agit d'une grotesque tentative de manipulation des masses : le 6,5% d'Hollande fait la même taille que le 12% de Mélenchon. Le 6% de Zemmour est deux fois plus petit que le 6,5% d'Hollande et plus petit que le 5,5 de Xavier Bertrand. Le 5,5% de Tondelier est aussi deux fois plus petit que le 5,5 de Xavier Bertrand. Intéressons nous aux noms des candidats. Pourquoi François Hollande ? Il est plus probable que cela soit Faure ou le gagnant du resultat de la primaire. Pourquoi Xavier Bertrand pour les LR alors qu'ils n'ont même pas entamé les démarches d'une primaire ? En 2022 au premier tour, le RN avait fait 8 133 628 voix, si on considère le même nombre de participants au premier tour 2027, le 35 % de Bardella revient à 12 425 000 électeurs, comme si le RN gagnait 4,3 millions d'électeurs en plus. Et LFI perdrait donc plus de 3 millions d'électeurs.
Mais sur France info, la situation s'etait empirée bien avant cela. Lorsque le dimanche 26 janvier, après que France info ait titré « 200 otages Palestiniens retrouvent la liberté », c’est le branle-bas de combat chez tous les défenseurs d’Israël. En tête de file, Caroline Yadan, députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France, qui s’offusque sur la plateforme d’extrême droite X. La députée a estimé qu'appeler des Palestiniens « otages » était « une injure à ce qui fait notre humanité », était « abject » et « inacceptable ». Or, ce qui est abjecte et inacceptable, ce sont les crimes d'Israël recensés par les organisations de défense des droits humains et les organes des Nations Unies. Face à l'offensive de tous les pro Israël de vouloir effacer des crimes contre l'humanité, on va remettre du sens dans les mots : « Plus de 500 enfants palestiniens sont envoyés, chaque année, en prison par les autorités israéliennes. Dès l’âge de 12 ans, ils peuvent se retrouver devant une cour militaire. Illégales, ces conditions d’incarcération se sont encore durcies depuis le 7 octobre ». « Israël et territoires palestiniens occupés. Des détenu·e·s palestiniens sont soumis à des actes de torture et des traitements dégradants, sur fond de multiplication des arrestations arbitraires ». (Amnesty International, Quand Israël emprisonne les enfants palestiniens, ou l'autre visage de la répression, 15/02/2024). Comment ces civils arrêtés arbitrairement, détenus illégalement et torturés peuvent-ils être qualifiés de « prisonniers » ? Ceux qu’on s’évertue à appeler « prisonniers palestiniens » servent de monnaie d’échange pour faire libérer des otages israéliens, et c’est précisément cela la définition d’un otage : « Personne qu'une armée, un gouvernement livre à la partie adverse ou détient, en garantie de l'exécution d'un traité, d'une promesse».
L'employé ayant eu le courage d'appeler les Palestiniens "otages", a été suspendu. C’est non seulement ce que nous apprenions dans un tweet de France Info mais aussi dans un tweet de Muriel Attal, directrice de la Communication chez France Télévisions : « On a immédiatement réagi Caroline. La direction de l’info et ftv ont été des lucky luke » smiley content, cœur. En deux tweets, l’un d’une députée et l’autre d’une cadre de France Télévision lui répondant, nous avons la confirmation qu'il est interdit de dire « OTAGES PALESTINIENS ». Que l'ordre est donné directement par le gouvernement aux chaines d’information de déshumaniser et criminaliser les Palestiniens. Cette ingérence politique visant à faire accepter des crimes contre l'humanité est insupportable. C’est, de plus, une énième attaque à la liberté de la presse menaçant tous les journalistes qui iraient à contresens de la propagande imposée par les gouvernements français et israélien. Au même moment de l'autre côté de l'Atlantique, Trump parle de "ménage" en déplaçant les Palestiniens en Jordanie et en Égypte, et là encore il faut remettre du sens dans les mots : il s'agit d'une épuration ethnique. Le nettoyage ou épuration ethnique est une tentative de création de zones géographiques à homogénéité ethnique par la violence, la déportation ou le déplacement forcé. L'expression désigne une politique visant à faire disparaître d'un territoire un groupe ethnique. Encore une fois, la presse mainstream française reprend les mots de Trump, et à aucun moment ne qualifiera le projet trumpiste de « nettoyage ethnique ». Et ceci nous amène à une séquence lunaire sur les opportunités touristiques à "Gaza Riviera" au mois de février, toujours sur France info.
Le présentateur, Julien Benedetto interviewe un représentant des métiers du tourisme sur la possibilité de déporter 2 millions de Gazaouis pour transformer Gaza en nouvelle Côte d’Azur. Frank Delvau, le professionnel pro-génocide du Tourisme, répond à la question avec le même enthousiasme que celui de Joseph Mengele quand il se remémorait les crématoires fumants. Il frétille et est même satisfait que Trump prenne l’exemple de la Riviera française. C’est aussi ça les patriotes si fiers de ces nations construites sur le pillage des richesses, l’esclavage et les crimes coloniaux. Pour comprendre à quel point le traitement de l'information "Gaza-plage" sur France Info ou ailleurs n'est ni une erreur ni une maladresse mais une réelle volonté de repousser la fenêtre d’Overton (les limites du dicible) afin de faire accepter à l'opinion public une épuration ethnique et donc un crime contre l'humanité. Explications : ce sujet a été décidé et validé en conférence de rédaction. Toutes les parties prennante ont travaillé dessus : le rédacteur en chef, chef d'édition, chargé de production, les journalistes, le ou la réal, le présentateur et dans le cas de France info : l'invité Frank Delvau. Autant de personnes qui a un moment n'ont pas pris la mesure du scandale ? Peu probable. Il est évident qu'il y a un parti pris de certaines "chaînes d'info" pour la politique génocidaire d'Israël qui tend à déshumaniser les Palestiniens.
Au mois de mars, l’éditorialiste Nathalie Saint-Cricq devient directrice de la rédaction nationale de France Télévisions. Dans un article de l'Humanité nous apprenions qu'aucun employé n'avait été prévenu de cette nomination, attisant la colère des syndicats. Sous couvert d'anonymat un journaliste de France Télévision témoignera auprès du journal l'Humanité : "Nathalie Saint-Cricq représente l’ostracisation, le contraire du pluralisme, et le management toxique très présent ...". Lorsque Aurore Bergé, qui était présidente du groupe Macroniste à l’Assemblée Nationale, avait été nommée en 2022 au conseil d’administration de France Télévisions, les syndicats avaient dénoncé « une volonté de reprise en main politique ». Saint Criq a toujours été une envoyée spéciale pour le sauvetage du Macronisme. Lors des mobilisations historiques contre la réforme des retraites, elle avait déclaré que la révolte repose, entre autres, sur le fait « [qu’]il y a le style Macron, qui est un style… bon… il réussit, il est jeune, il est diplômé, il est riche, il n’a pas… voilà, ça c’est quelque chose qui naturellement peut énerver les gens ». Elle ne parlera jamais de la destruction méthodiques des conquis sociaux. Non ! Son argument ô combien objectif est : tous les gueux sont jaloux. Le 17 mars 2024, Nathalie Saint-Cricq, au cours de l’émission « Questions politiques » ira jusqu'à calomnier les étudiants de Science po mobilisés pour la Palestine. Poussant des cris d'orfraies en coeur avec la meute médiatique pourvoyeuse de fake news, Saint Criq accusera les étudiants d'antisémitisme et de violences sur une élève de confession juive. Même une fois la fake news débunkée, Saint Criq ne fera ni commentaire, ni mea culpa, l'essentiel étant de criminaliser les soutiens de la Palestine dénonçant le génocide.
Au mois de mai, France info sort un article sur Gaza. Dès le titre de l'article, France info nous fait une belle démonstration de la Novlangue journalistique : "Nourriture, médicaments, carburant... Quelles sont les conséquences après deux mois de blocus total d'Israël dans la bande de Gaza ?". À noter qu'a la date où j'écris ces lignes (28 octobre), France Info a modifié le titre de son article : "Risque de famine", "quasiment plus d'antidouleurs"... Quelles sont les conséquences après deux mois de blocus total d'Israël dans la bande de Gaza ?"
Dès les premiers mots, c'est à se demander s'ils ne feraient pas un concours chez France info pour ne jamais dire les mots : génocide, colonisation, nettoyage ethnique et crimes contre l'humanité. Et ils sont assez idiots pour poser la question : quelles sont les conséquences ? Au hasard je dirai : la famine, la maladie et in fine, l'extermination d'un peuple. Premier paragraphe, le sommet de l'ignominie. Quoi de mieux, dès le début de l'article, que de restituer les éléments de langage de la propagande du gouvernement génocidaire ? : "Nous intensifions notre attaque contre le Hamas à Gaza. Nous sommes en voie de le vaincre." David Mencer, porte-parole au sein du gouvernement israélien, a défendu avec ces mots la nouvelle étape de l'offensive de l'Etat hébreu contre le mouvement islamiste palestinien, lundi 5 mai. Ce plan de "conquête" comprendra le fait "d'étendre [l'offensive] et le contrôle des territoires, mais pas d'occuper", "un déplacement de la population gazaouie vers le Sud pour sa propre protection", ainsi que "des frappes puissantes contre le Hamas". Et l'on retrouve la recette habituelle : "contrôle du territoire" pour ne pas dire colonisation, "déplacement de la population" pour ne pas dire : déportation et nettoyage ethnique, "frappes puissantes contre le Hamas" pour ne pas dire " extermination de civils". Si le titre pose la question des conséquences de la situation humanitaire catastrophique, pourquoi ne pas commencer l'article par un bilan humain, pourquoi vouloir restituer les explications et justifications mensongères de l'État génocidaire ? Début du second paragraphe : "En parallèle, le gouvernement israélien entend mettre en place un nouveau modèle de distribution d'aide dans la bande de Gaza, d'après l'ONU. Il s'agira d'"acheminer l'aide humanitaire par l'intermédiaire de centres contrôlés par l'armée", et non par des acteurs humanitaires tels que des ONG ou des agences onusiennes." Pour rappel l'aide humanitaire était bloquée depuis le 2 mars, c'est une famine organisée, une pénurie de médicaments voulue, comment peut-on croire que le gouvernement israélien mettra en place une distribution d'aide à Gaza ? Si la fin du paragraphe se termine bien par un point de vue critique de la part de l'ONU sur cette "distribution d'aide", il aurait été plus honnête commencer le paragraphe en prenant une distance critique sur les déclarations du gouvernement génocidaire et de mettre en perspective les multiples pillages et destructions de l'aide humanitaire déjà opérés par les colons israéliens.
Pendant douze paragraphes France info nous restitue "fidèlement" la situation critique à Gaza, parsemée de témoignages d'humanitaires sur la malnutrition et les pénuries de médicaments organisées par Israël conduisant 2,1 millions de personnes à la famine, la maladie ou la mort. Mais la performance dans ces paragraphes est de ne jamais dire les mots : "génocide, intention génocidaire, colonisation, nettoyage ethnique ou crimes contre l'humanité". Ce n'est pas moi qui emploie ces mots au hasard pour qualifier la situation à Gaza, c'est le Droit International. Puis au 14ième paragraphe, l'avant dernier, face aux preuves de l'horreur et l'inhumanité du gouvernement israélien, il aurait été dommage de ne pas restituer un de leur énième mensonge afin de semer le doute dans les esprits : "Malgré ces effets déjà tangibles, Israël n'infléchit pas sa position, convaincu qu'une partie de l'aide humanitaire profite au Hamas. "Le blocage de cette aide est l'un des principaux leviers de pression" face au mouvement islamiste, a récemment déclaré le ministre de la Défense, Israël Katz. Lors de son point-presse, lundi, David Mencer a répété que le Hamas avait "détourné de l'aide". A Gaza, l'Ocha n'a pourtant aucune preuve d'un "détournement à grande échelle". AUCUNE PREUVE... mais les médias continuent d'égrainer la propagande israélienne. Ultime paragraphe : "7 octobre" et "les otages Israéliens" sont mentionnés avant les 2,1 millions de personnes en proie à la famine, avant les dizaines de milliers de civils Palestiniens déjà massacrés. Mais de tous les articles de cette presse mainstream, je n'ai quasiment jamais lu que ce blocage de l'aide humanitaire, cette famine organisée et les bombardements étaient aussi une condamnation à mort pour les otages Israéliens. Il serait peut-être temps de restituer les paroles de Netanyahou nous prouvant son désintérêt total pour les otages, son projet de génocide et de nettoyage ethnique, achevant ainsi le projet colonial d'Israël depuis 1948 : « Gaza sera totalement détruite ».
Et voilà que le 9 juin, une journaliste de France info vient couvrir la manifestation de soutien à la Palestine et aux membres d'équipage de la Freedom Flotilla, un homme se place derrière elle et crie "facho". Elle lui assène un coup. Elle récolte ce qu'elle et sa chaîne de propagandistes ont semé. Bien sûr, tous les médias pro-Israël titrent " une journaliste agressée" se gardant bien de dire qu'elle a donné le premier coup. Le 10 juin, tous les médias français mainstream ont repris la propagande israélienne. Les Français de la #FreedomFlotilla, dont Rima Hassan, n’ont pas refusé d’être rapatriés en France. "Ils ont refusé de signer un document dans lequel ils devaient reconnaître être entrés illégalement sur le territoire israélien, condition fixée par Israël pour leur libération. Un document est inacceptable :
- L'arrestation par Israël de la flottille a eu lieu dans les eaux internationales. Gaza a le droit de recevoir de l'aide humanitaire.
- La flottille n'est pas entrée sur le territoire israélien et n'en a pas eu l'intention : la bande de Gaza n’en fait pas partie.
Le 3 octobre, France info recevait sur son plateau Nora Bussigny, "journaliste" au Point et à Franc Tireur, venue faire la promotion de son livre "les nouveaux antisémites". Les deux médias auxquels elle contribue sont connus pour leur islamophobie, leur négationnisme du génocide et leur propagande en faveur d'Israël.
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Mais pas seulement, Franc Tireur s'illustrera aussi dans l'antisémitisme en allant jusqu'à titrer un article "Juifs mais trop" pour critiquer une association juive qui s'opposent à la politique colonialiste et génocidaire de Netanyahou. Toute la théorie exposée dans les livres de Bussigny repose sur son "infiltration" au sein de l'extrême-gauche, elle tend à démontrer que cette dernière est liée à des réseaux islamistes et que les pro-Palestiniens dénonçant le génocide sont en réalité des antisémites. Pour nous "infiltrer", elle s'était déguisée, affublée d'une perruque rose... fin de la blague. Dans ses livres, Bussigny ne définit aucune méthodologie d'enquête. Elle omet aussi de dire que la gauche radicale a déjà théorisé l'antisémitisme structurel présent en France mais cela ne va dans le sens de son recit donc elle passe sous silence, entre autres, le recueil "contre l'antisémitisme et ses instrumentalisations" co-ecrit par neuf personnes : auteur.e.s, maitre de conférences, philosophe, juifs décoloniaux. Lorsqu'elle est invitée sur le plateau de France info, il n'y a aucune parole contradictoire, aucune question travaillée, Nora est en terrain conquis, là pour régurgiter son idéologie, ses mensonges. Elle peut ainsi déclarer : " L'intersectionnalité peut présenter certaines dérives et une hiérarchie des luttes". Alors que l'intersectionnalité en sociologie est exactement l'inverse de cela. Sur le site d'Oxfam, nous pouvons en un clic lire la définition sociologique de ce terme : "L’intersectionnalité désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination qui s’entrecroisent, se recoupent et s’intensifient mutuellement." C'est la prise en considération de toutes les formes de discrimination sans hiérarchie entre ses dernières.
Le 19 octobre, France info invite Michel Onfray pour parler de la théorie complotiste d'extrême-droite du "grand remplacement" sans aucune contradiction face à lui. Si je maintiens que cette théorie est un énorme mensonge c'est parce que je me fie aux chiffres : pour qu'existe le "grand remplacement", il faudrait au moins qu’en longue période, la dynamique du solde migratoire (c’est-à-dire la différence entre les arrivées de personnes étrangères en France et les départs) l’emporte sur celle du solde naturel (c’est-à-dire la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès sur le territoire français). Ce n’est pas ce que l’on observe : "Sur la décennie écoulée (2010–2019), la population française a augmenté en moyenne de 3,7 personnes pour 1000 habitants, dont 3,3 en raison du solde naturel et seulement 0,4 en raison du solde migratoire. » Le 25 octobre France info recevait en interview et titrait dans son bandeau "Gilbert Collard : mémoire d'un avocat sans filtre". "Sans filtre" pour ne pas dire islamophobe, homophobe et pourvoyeur de fake news sur les militants anti-RN en leur inventant des slogans antisémites.
Et enfin sur France info, il y a celui que nous pourrions appeler "la boussole", celui qui n'indique pas le nord mais le virage de la chaîne à l'extrême-droite : Patrice Romedenne. Sur son compte X, il relaie les sites racistes Frontières, Fdesouche ou Boulevard Voltaire. Ce présentateur affirme que Cyril Dion est un « fou furieux », que Ian Brossat est un « clodo », que le « wokisme assassine notre culture » et il pose la question « Qui a donné la nationalité française à Rima Hassan ?». Lors d'une interview il a interrompu Jean-François Corty, président de Médecins du Monde lorsque ce dernier évoquait le « génocide en cours » à Gaza en lui assenant « Je vous laisse la responsabilité du terme génocide ». Lors d'une intervention, il a affirmé que l’enquête d'Haaretz établissant que l’armée israélienne avait tiré sur les Gazaouis lors de distributions alimentaires reposait sur des accusations du Hamas alors qu’il s’agissait de témoignages de soldats israéliens.
Nous sommes le 7 décembre 2025, France info achève ainsi son processus de mutation en un organe de propagande d'extrême-droite. Il est étonnant que Cnews n'ait pas encore dénoncé ce flagrant plagiat. De notre côté, il est essentiel de répertorier toutes leurs apologies de crimes contre l'humanité, tous leurs mensonges, leur désinformation et leurs tentatives de déshumanisation d'un peuple et d'une communauté religieuse : pour un devoir de mémoire quand, dans un futur proche, la direction de France info fera mine d'avoir oublié ses heures sombres.