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Billet de blog 14 décembre 2023

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Parution de mon livre : « gouverner sans contraindre »

C’est parce que depuis plus de deux siècles, l’obéissance de la majorité à la minorité gouvernante ne résulte nullement d’une contrainte manifeste, mais d’une docilité, d’une morale intériorisée, qu’elle ne cesse pas d’étonner. Se libérer de cette illusion ne va pas sans une critique historique du mode de domination symbolique issu de la Révolution française.

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Je suis très heureuse de vous annoncer la parution de mon dernier ouvrage Gouverner sans contraindre, une histoire structurale des régimes de domination.

https://www.editions-harmattan.fr/livre-gouverner_sans_contraindre_une_histoire_structurale_des_regimes_de_domination_soulef_ayad_bergounioux_francois_jankowiak-9782336423920-78660.html

Résumé: 

Comment conduire les gouvernés à obéir à un État, né de mouvements révolutionnaires inconstitutionnels, fondé sur les principes d’égalité des droits et de souveraineté populaire ? Comment se fait-il qu’au sein d’une démocratie qui suppose, a minima, la participation des citoyens à la décision politique, les agents sociaux se soumettent quasi-naturellement à des lois qui sont le fait de bienheureux qui dominent en vertu de la confiance librement aliénée que leur accordent les dominés ? C’est parce que depuis plus de deux siècles, l’obéissance de la majorité à la minorité gouvernante ne résulte nullement d’une contrainte manifeste, mais d’une docilité, d’une morale intériorisée, qu’elle ne cesse pas d’étonner. En tant que structures sociales, ils sont des systèmes de relations intelligibles, façonnés par les rapports de force entre groupes sociaux pour le monopole sur les instruments du pouvoir. En d’autres termes, c’est dans les luttes, c’est-à-dire l’histoire, que se situe le principe de toutes les différences pertinentes entre les régimes de domination et, par-là, l’origine de leur efficacité.

Se libérer de cette illusion ne va pas sans une critique historique du mode de domination symbolique issu de la Révolution française.

Faire retour sur les conditions historiques qui ont prévalu dans l’élaboration du régime de domination symbolique propre aux États bureaucratiques universalistes, égalitaire en droit, permet de rompre avec la vision enchantée du processus révolutionnaire français. Ce dernier symbole, toujours vivace, dans l’imaginaire collectif national d’une ère politique mythique, républicaine et démocratique, perpétue dans les faits et dans le droit, les présupposés sociaux de l’élite libérale et conservatrice qui les a conçus. Ainsi c’est à condition de traiter la domination symbolique comme un fait historique et juridique, façonné par le rapport de force entre les classes concurrentes, qu’il a été possible de déterminer les raisons de son efficacité. Elle est une subjectivité institutionnalisée qui produit de la croyance parce qu’elle repose sur un consensus historique incorporé qui fonde, en fait et en droit, l’ordre établi. Ce consensus n’est possible que parce qu’il est porteur d’un oubli, celui de ses propres conditions d’émergence et de structuration. C’est cette double méconnaissance, de ses fondements objectifs par ceux qui l’ont inventé, et de la violence qu’elle enferme par ceux qui la subissent, qui explique l’efficace d’une domination qui s’exerce avec la complicité aliénée des dominés, depuis plus de deux siècles.

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