« La chambre froide » belle exemple de la connerie humaine.
Est-ce une surprise que la police s'est lentement déshumanisée à l'image d'une société de plus en plus individualiste, égoïste et narcissique. Pas vraiment. Déshumanisée, oui car avoir autant de blessés, d'éborgnés, d'amputés depuis le 17 novembre sans que l'IGPN n'est su trouver les coupables montre à quel niveau de conscience morale se place cette administration républicaine. Il a fallu la mort d'un jeune innocent de 24 ans pour qu'enfin la société civile se réveille. Mais avant Steve, évoquons une autre personne qui n'avait pas demandé de mourir en fermant ses volets. Zineb, je pense à toi, à ta famille, à tes amis, à tous ceux qui se sont sentis profondément touchés par ta mort. L'IGPN n'a pas voulu désigner un coupable alors qu'une autopsie dans ton pays montre que ta mort est consécutive à un tir de LBD. Le coupable est donc à rechercher derrière le viseur du LBD, rien d'autre mais il portait un uniforme ce qui lui garantit jusqu'à maintenant une totale immunité. Steve, ton corps meurtri prouve une fois de plus la violence avec laquelle la police tient à réprimer, selon elle, « tout trouble à l'ordre public ». Elle le fait de manière disproportionnée alors qu'aucun voisin ne s'était manifesté sur le quai Wilson puisque le lieu reste inhabité. C'était de la violence gratuite, indigne de personnes devant protéger plutôt que de tabasser. Mais le plus ignoble est encore à venir néanmoins revenons une fois de plus en arrière...
Je me souviens à Paris lorsque des Gilets Jaunes avaient crié « suicidez-vous » tout l'émoi qu'avait suscité de telles propos dans les médias plus prompt à relayer un épisode fâcheux certes qu'à le remettre dans son contexte initial. Aujourd'hui, je le fais au risque de m'assurer les foudres de ces mêmes médias comme BFM TV ou le Figaro par exemple. Le matin de ce jour maudit, les Gilets Jaunes avaient invité les CRS à les rejoindre. Ils avaient crié « Ne vous suicidez pas, rejoignez nous », un slogan que j'ai moi-même entendu dans de nombreuses manifestations où j'étais présent. Mais les CRS sourds à fraterniser avec le peuple, se sont simplement contentés d'exécuter les ordres de leurs supérieurs, c'est à dire gazages, matraquages, encerclements, tabassages et tout l'arsenal répressif qui va avec... Alors oui, certains ont peut-être hurlé sous le coup de la colère « suicidez-vous » puisque leur demande de fraternisation du matin s'est soldé uniquement dans l'après-midi par des violences policières. Cela est peut-être regrettable mais c'est ainsi que cette journée s'est passé. Demandons-nous cependant quelles conséquences peut avoir de tels ordres sur des CRS, hommes ou femmes confondus, dont certains se sentent proches du peuple. Ils obéissent certes, mais dans leur for intérieur ils condamnent ces ordres, se condamnant eux-même à une douloureuse introspection. Voilà peut-être pourquoi, hantés par des actes et des images pour le moins inhumaines, certains se suicident. Ces mots malheureux prononcés par des Gilets Jaunes n'étaient que l'expression d'une colère momentanée et conjoncturelle que certains médias ont sciemment instrumentalisés pour nuire à un mouvement social contraire à leurs intérêts de classe.
Aujourd'hui, ce n'est pas une colère qu'expriment certains policiers ou gendarmes sur les réseaux sociaux mais leur lâcheté crasse. Ils étaient comme vous et moi calmement assis devant leurs écrans à tenter de faire un bon mot sans avoir à l'esprit d'une part, la portée
de leur échanges et d'autre part, le respect à l'uniforme qu'ils portent. Tant de conneries devient pour le moins inquiétant à moins qu'ils se sentent simplement au-dessus des lois ou intouchables, allez donc savoir. Par contre, ils ne peuvent à ce jour ni implorer le stress ni l'erreur de jeunesse, encore moins la fatalité. Leurs écrits sont nauséabonds, ignobles et ne respectent en rien le deuil d'une famille ayant perdu un enfant. J'aimerai donc voir, non dans six mois ou un an, mais dans les jours qui viennent ces mêmes ignobles personnes présentées à un juge d'instruction et inculpées pour des motifs qui soient proportionnels à leurs propos. Ceux-ci ne s'effaceront jamais des mémoires, au contraire ils resteront gravés comme une infamie. Que de telles personnes censées représenter la probité aient pu aller jusqu'à de telles extrémités montrent à quel point nos forces de l'ordre sont à présent dans une errance morale rarement atteint et ce n'est pas Castaner qui va malheureusement solutionner le problème. En effet, on ne soigne pas un alcoolique en lui donnant de l'alcool tout comme on ne soigne pas les dérives de la police en nommant à sa tête un ancien copain du milieu marseillais. Peu de jeunes gens peuvent se souvenir du Métro Charonne mais tout comme Malik Oussekine ou Rémy Fraisse que je ne peux pas oublier, Steve Maïa Caniço restera dans ma mémoire à côté de Yann Pallack et de tant d'autres victimes de l'injustice humaine qui rêvent tous d'un monde meilleur débarrassé de la violence d'état.
Ce que je sais aussi c'est que nombre de Gilets Jaunes ont retrouvé le sens des mots amitié, respect, fraternité ce qui visiblement n'est pas le cas de tous les membres des forces de l'ordre où certains préfèrent l'ignominie au respect dû à un mort et prouve une fois encore que la connerie humaine peut aussi se teinter de bleu.
Spartacus 2022