Il y eut les millénaristes, ceux qui prévoyaient au nom du christianisme la fin du monde. La peur a donc toujours accompagné l'homme depuis que celui-ci a pris conscience de son humanité. Nous avons enterré nos morts, nous leur avons donnés une sépulture, nous les avons honorés bien après qu'ils nous aient quittés. Cette première époque a commencé dans des temps immémoriaux lorsque nous sommes partis loin de l'Afrique, le berceau original de tous les hommes. Le divin plutôt que la religion s'est alors imposé à ces homo sapiens comme une réponse à des questions philosophiques incroyablement complexes. Ainsi entre l'homme, la nature et le divin se sont tissés des liens, je dirai une convention, lui permettant de surmonter ses peurs.
Avec l’holocène il y a plus de 11 500 ans, l'homme a commencé sa grande révolution. Il s'est regroupé, a constitué des petites communautés, a cultivé la terre, a domestiqué des plantes puis des animaux. Là a débuté sa phase d'expansion où des sociétés archaïques se sont réellement constituées. La nature était encore présente dans son panthéon imaginaire et mythologique. Il apprenait seulement à l'exploiter tout en la respectant. Il pratiquait à cette époque des rites animistes ou chamaniques donc une forme polythéiste avec une place prépondérante à la symbolique féminine. La terre était encore matricielle et nourricière. Et lorsqu'il coupait un arbre, il s'en excusait. Je m'en excuse encore aujourd'hui.
Avec le monothéisme, une invention probablement sémitique, nous passons à un autre stade du sacré. L'homme se réinvente et avec lui la religion qui devient pour l'essentielle masculine. De cette époque date sa volonté de jouir un peu plus de la nature, de la dominer entièrement. Il coupe alors le cordon ombilical qui le relie avec la Terre-Mère. On passe ainsi d'un rapport de communion à un rapport de domination. De là vient probablement tous nos problèmes présents car il faut analyser notre humanité dans une système holistique qui relie chaque être vivant aux autres. Nous avons coupé ce lien dès cette époque. Nous en payons aujourd'hui le prix. Les religions monothéistes et chrétiennes en particulier ont cette volonté de hiérarchiser les êtres, les choses, les moments. Il faut des dates, des lieux, des saints, des autorités et beaucoup de liturgies capables d'endormir les pauvres pêcheurs que nous sommes. Dieu était l'être suprême et qu'il se nomme Jéhovah, Allah ou Bidule n'y change rien. Le malheur de cette histoire, c'est le rôle que les hommes ont attribué à leurs épouses, leurs filles et toutes leurs parentes. Elles étaient reléguées à de la simple figuration. Où la chose se complique, c'est le rapport nouveau qui s'installe entre lui et la nature. Elle était de moins en moins respectée. Au contraire, on la violait, on l'offensait, on l'abusait. Vous me direz, cela ressemble beaucoup à ce que l'homme à fait et fait encore subir à toutes les femmes. Oui, le parallèle est saisissant.
De l'holocène jusqu'au milieu du XIXe siècle la température a augmenté d'un degré avec cependant des fluctuations de 3 degrés mais elles se déroulaient sur un laps de temps qui permettaient à la nature de s'adapter. Le GIEC prévoit qu'en 2050, temps très court, l'augmentation sera de 1,5 à 2 degrés ce qui va bouleverser radicalement nos modes de vies ; inondations, sécheresses, migrations... Faire l'autruche ni changera rien. Par contre ce que l'on oublie de dire c'est que pour revenir à la situation antérieure, il faudra au moins 5000 ans. Là est le véritable problème. Nous avons alimenté le dérèglement climatique sans prendre de réelles décisions pour arrêter ce processus. Ce que dit ou fait Jupiter, n'est rien d'autre que de l'esbroufe car s'est bien nos modes de vie dans leur ensemble qu'il faut revoir et à bien considérer ses décisions, il n'y est pas favorable.
Je dis merci à Gréta Thunberg pour son courage et sa détermination. Comment peut-on l'aider ? Commençons d'abord par mettre la nature au centre de nos préoccupations et d'arrêter de penser que le progrès nous sauvera. Non, la science moderne nous conduit tout droit dans une impasse où la mort nous attend sagement. La science nous aveugle. Sait-on ou veut-on réellement savoir que pour fabriquer un téléphone, il nous faut des centaines de kilo de terres rares, des milliers de litres d'eau, que l'on exproprie des paysans de chez eux et que parfois l'on tue... Un téléphone portable est un puissant facteur de destruction car il produit un nombre considérable de déchets. Notre simple plaisir devient monstrueux, assassin, ignoble. Demandez-vous ce que les peuples premiers pensent de notre société dite moderne ? Elle est à vomir. Finalement croire que la solution viendra de la science est comme parier sur un cheval boiteux au Prix de l'Arc de Triomphe. Il faut avoir une sacré dose de confiance ou d'inconscience.
Revenons à dieu par qui tout a commencé. L'homme ne peut pas et ne doit pas posséder la terre comme il est dit dans certains textes divins. La terre promise de Canaan est donc une imbécillité qui a conduit l'homme à exproprier son prochain, à tuer son frère, à polluer les fleuves. À simplement se croire l'égal de dieu. La terre appartient à chacun d'entre nous. Elle est un bien commun que l'on doit respecter et transmettre aux générations futures et cela avec une nature intacte. Remettons dieu à sa juste place, c'est à dire comme une entité métaphysique abstraite qui peut aider certains humains à se tenir debout. Il faut aussi revenir à des pratiques anciennes qui consistaient à respecter la moindre parcelle de terre et d'abandonner notre monde industriel basé sur le PIB. Le PIB ne nous sauvera pas alors qu'une nature préservée peut nous protéger, nous et nos enfants.
Notre salut passe donc par un changement profond et radical qui remet en cause notre monde occidental basé sur la rentabilité, le profit, la productivité, tout ce qui caractérise le capitalisme devenu pour certains un dieu tout-puissant. Quand Moïse apporta les tables de la loi, son peuple avait élevé un veau d'or devant lequel il se prosternait. Ce veau d'or est aujourd'hui vénéré dans toutes les bourses du monde entier, de Paris à Tokyo, de New-York à Shanghai. Le capitalisme est une religion à part entière, une religion monothéiste, mortifère capable de nous anéantir dont la devise pourrait être « Cupide à en mourir ». Et je dis donc avec bonheur « vive le polythéisme, l'animisme et le chamanisme » qui seuls respectent toute forme de vie.
La nuit prochaine, j'irai donc me promener nu sous la lune gibbeuse.
Spartacus 2022