L'opinion publique en période de COVID.
Si il y a une chose bien incertaine en cette période de crise, c'est bien l'opinion publique. Son inconstance n'a d'égale que son amnésie. Hier, elle plébiscitait Macron, ce jeune ambitieux qui sous couvert de rigueur budgétaire, était sourd aux demandes réitérées des blouses blanches. Aujourd'hui, elle applaudit à l'unisson l'abnégation, l'altruisme, la bienveillance de ces mêmes blouses blanches. Entre les deux, un silence assourdissant, titanesque. Elle était où cette opinion publique quand il fallait manifester son soutien aux personnels des hôpitaux en grève ? Elle était où cette opinion publique quand il fallait marcher derrière des banderoles ? Rien. Absente. Silencieuse. Transparente. Il a fallu qu'un virus lui rappelle l'essentielle de la vie ; la fraternité. Riche ou pauvre, ta seule richesse tu la tiens des autres. Les Gilets Jaunes ont dans leur absolue majorité soutenus les pompiers, les soignants, les services publiques en général, et pourtant l'opinion publique les montrait du doigt comme une meute de personnes violentes, agressives, belliqueuses, dangereuses. Les Gilets Jaunes, disons le simplement, avait raison avant l'heure. Il faut plus de services publics pour que notre société fonctionne mieux. Tout le monde le reconnaît aujourd'hui car la mort frappe à la porte de chaque français. Elle est là, sournoise, qui attend son lot de mourants, de cadavres. Elle attend silencieuse à l'image de l'opinion publique qui s'est tu lorsqu'il fallait parler, quand il fallait lutter pour plus de justice sociale. Macron, ce bonimenteur mythomane, nous a menti sur cette crise et avec lui tout son gouvernement. Cela est un secret de polichinelle. Il consent enfin à délier les cordons de la bourse pour que ce « pognon de dingue » aille là où il doit aller, c'est à dire dans l'économie réelle. L'opinion publique, confinée chez elle, se réveille. Elle pense. Elle conscientise son devoir moral vis à vis des blouses blanches, vis à vis des caissières, vis à vis des invisibles du quotidien. Parmi eux, beaucoup de Gilets Jaunes qui sont les rouages essentiels de la nation. Néanmoins, l'opinion publique est versatile. Ma peur est que demain, par facilité et habitude, l'opinion publique fasse confiance aux mêmes incapables et oublie bien vite ceux qui les ont soignés, protégés. L'opinion publique est une fille de mauvaise vie qui trouve vite son réconfort auprès d'un petit bourgeois qui lui promet monts et merveilles. Elle pense se grandir alors qu'elle donne les clés de sa liberté à son maître. Fini les messages d'amour, oublié toutes les promesses car la vie continue. Il faut reprendre son chemin là où on l'avait laissé. Se trahir n'est plus une question de moralité mais simplement une question marginale, presque insignifiante. « Judas l'a bien fait. Pourquoi pas moi » se dit la fille de mauvaise vie au bras de son protecteur. Le COVID-19 aura-t-il une action salutaire sur la mémoire ? J'en doute fortement car, telle une girouette, elle prendra le vent dominant, fut-il un pet. Espérons néanmoins le contraire. Gardons espoir en l'humanité. Je le voudrais tellement.
Spartacus 2022.
À Xavier, mon camarade de luttes et d'espoir.