Spartacus 2022 (avatar)

Spartacus 2022

Romancier Jardinier et doux réveur

Abonné·e de Mediapart

125 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 mai 2020

Spartacus 2022 (avatar)

Spartacus 2022

Romancier Jardinier et doux réveur

Abonné·e de Mediapart

COVID-19 et la tyrannie du sanitaire.

Pondre un fascicule de 65 pages est en soi une gageure mais quand les mesures listées ne tiennent pas compte de la réalité, cela devient grotesque. Finis donc les concerts et les écoles bruyantes, joyeuses. Nous allons sacrifier sur l'autel de l'économie libérale, notre Culture et notre jeunesse, la première par manque de soins, la deuxième par son excès.

Spartacus 2022 (avatar)

Spartacus 2022

Romancier Jardinier et doux réveur

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

COVID-19 et la tyrannie du sanitaire.

« Cachez ce sein que je ne saurais voir ». Cachez aussi cette main, cette bouche. Cachez votre corps. Cachez ce bout de peau. Cachez ce délicieux petit téton que jadis ma bouche suçait avec plaisir. « Tenez Zorro, voilà un masque ». Fini l'érotisme, la séduction. Fini le beau et l'insondable. « Je ne suis pas Zorro ». Nous voilà soumis au diktat du propre et du purifié. L'école n'est pas une infirmerie mais tout concourt à la rendre invivable, hostile, détestable. Il faut nettoyer, récurer, lessiver, javelliser. Peut-on javelliser un téton ? Trop, c'est trop. Nous en sommes arrivés là à cause de l'urgence sanitaire qui voit en tout individu un ennemi potentiel que l'on doit tenir à distance. Il est évident que l'on doit combattre cette pandémie. Ce qui l'est moins ce sont les moyens mis en œuvre dès sa survenue ou plutôt le manque de moyens qui oblige aujourd'hui à recourir à des mesures tant coercitives qu'arbitraires. Pondre un fascicule de 65 pages pour expliquer les dispositions et les précautions à mettre en place est déjà en soit une gageure mais quand ces mesures ne tiennent pas compte de la réalité, cela devient une imbécillité sans nom. Quelle sera la vie de ces enfants de maternelle qui ne pourront plus avoir de relations affectives avec leurs instituteurs, leurs ATSEM et leurs petits camarades ? Qui ne pourront plus aussi être aidés pour boutonner un vêtement ou, pire encore, pour se rendre aux toilettes ? Voilà de la maltraitance qui ne dit pas son nom. J'en parle en connaissance de cause puisque ayant travaillé dans une cantine municipale, il s'avérera à mon avis difficile, voire impossible, de faire respecter certaines règles de distanciation sociale sans recourir à une certaine forme de coercition. Je doute de l'effet éducatif de telles mesures surtout sur des enfants de 3 à 11 ans. Voilà comment l'exécutif, Macron en tête et Philippe en queue, se dégagent de toute responsabilité. On refile la patate chaude aux élus, obligation leur est faite de résoudre les problèmes d'application de directives surréalistes. Je rêve ! Non, je suis dans le monde de Jupiter, ce dieu imbécile qui croit tout savoir, qui croit encore que parler suffit à apaiser les doutes et les peurs. Je l'ai déjà dit et je me répète encore mais une belle gueule et un beau discours ne font pas une politique publique. Les journalistes et autres commentateurs aux motifs du respect de la Constitution ne remettent pas en cause la santé mentale et psychique du président en partant du postulat qu'une élection au suffrage universel garantit au vainqueur une immunité constitutionnelle durant tout son mandat. Je m'insurge contre cela. Il est évident pour moi que Macron souffre d'un ego maladif qui le rend incapable en période de crise de remettre en cause son idéologie mortifère et de prendre les bonnes décisions au bon moment. Comparaison n'est pas raison, néanmoins je le place dans la lignée d'un Paul Deschanel contraint d'abandonner ses fonctions présidentielles en 1920, tient il y a juste un siècle, pour raisons de santé. Depuis que le COVID-19 est apparu en France, Macron n'est plus maître de son destin. Tout est tombé à l'eau comme cette folle promesse affirmée dans l'ombre d'une pyramide de baser son quinquennat sur l'efficacité, avec en filigrane, la culture du résultat par le pragmatisme. Tout cela est caduc sauf qu'il continue de parler, de parler encore... espérant vainement que les mots masqueront son incompétence et son inefficacité. « Parler pour ne rien dire » pourrait devenir un pur slogan macronien. Cette force de persuasion qui avait fait son succès devient avec la crise COVID un repoussoir. Les discours jupitériens oscillent entre le comique et l'absurde, mélange de flou, d'obscur, de nébuleux, voire d'ésotérisme incantatoire. Il y a un moment où il faut arrêter le chichon et revenir au principe de réalité. La crise est là, bien réelle et les promesses si souvent faites pour des masques ou des tests, ne sont que du vent pour endormir les françaises et les français. Halte à la manipulation des consciences.

Dans le même état d'esprit, Macron s'est senti obligé, pour contrecarrer son Premier Ministre, de communiquer sur la Culture au sens large. Molière, si tu reviens parmi nous, tu seras surpris de voir autant de Tartuffe au gouvernement qui de prescriptions en interdictions prônent la politique du plaisir solitaire dans un domaine où la relation physique, presque charnelle, entre public et acteurs est indispensable. « Dona Maria, cachez ce sourire que je ne saurais voir ». Finies donc les huées et les acclamations car qui imagine un comédien déclamer Feydeau dans le silence feutré d'un hôpital psychiatrique d'une salle de théâtre. Succès garanti ! Devant ce désastre annoncé, Jupiter encourage les acteurs de la Culture à aller à la rencontre des collégiens et des lycéens en évoquant pour les mois à venir une « révolution d'accès à la culture et à l'art ». Tel qu'en lui-même, Jupiter se gargarise de mots et d'envolées lyriques à la mode « Canard WC ». Tu tires la chasse d'eau et tout disparaît. Fort heureusement, une année blanche est annoncée pour les intermittents du spectacle. Malheureusement, le mécénat ne sera pas une priorité pour les entreprises ce qui va durablement affecter l'équilibre financier des lieux culturels et tous les spectacles en général, y compris les concerts et les opéras. Bien sûr, on pourrait taxer les GAFAM et redistribuer les sommes perçues vers la Culture. Mais là encore, Jupiter ne saurait disconvenir à sa sacro-sainte formule « pas de nouvelles taxes » fussent-elles en faveur du modèle culturel français alors que ces mêmes GAFAM sont des prédateurs sans scrupules. Alors, entendre Macron utiliser le mot « réinventer » me semble de la pure démagogie alors que lui-même a été incapable de se réinventer au-delà de la couleur de sa cravate ; bleu indigo ou bleu de Prusse.

Toutes ces contraintes, légitimes ou non, s'apparentent à une tyrannie du sanitaire qui va gravement affecter deux domaines essentiels à la vie sociale et intellectuelle de notre pays, c'est à dire l'Enseignement et la Culture. Notre vie d'avant ne reviendra pas. Il faut en être convaincu. Ce qui m'indigne au plus haut point, c'est le manque de stratégie, d'anticipation, de réactivité de notre gouvernement mais aussi de ceux qui se sont succédés depuis vingt ou trente ans. Par ses mensonges, son usage de la peur, son infantilisation et j'en passe, Macron n'a fait qu'empirer la situation. On est ainsi passé de la Start-up Nation à la Névrose Passion, goût amer. Après avoir brutalisé le domaine de la santé, ce qui a aggravé la crise sanitaire actuelle, va-t-on maltraiter la jeunesse et la Culture ? Si oui, cela aura de graves conséquences dans l'avenir. Et comme je crois que Macron n'a finalement aucune capacité intellectuelle à se remettre en cause à part faire des incantations à Zeus et à choisir la couleur de sa cravate, je pense que nous sommes mal engagés pour sortir de cette crise par le haut. Nous allons donc sacrifier sur l'autel de l'économie libérale, notre Culture et notre jeunesse, la première par manque de soins, la deuxième par son excès.

Spartacus 2022

À Véronique et à Franck, pour leur dévouement envers les enfants. À Gloria et à son saxo pour ses rigaudons et ritournelles. Merci à tous. Et aux artistes et aux gavroches.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.