De guerrier à prophète, une story-telling inquiétante.
« Nous sommes en guerre ». Quelle connerie d'entendre une pareille affirmation et cela à plusieurs niveaux. Tout d'abord, c'est endosser l'uniforme du général pour un jeune blanc-bec qui ne connaît de la guerre que celle des cours d'écoles où un genou égratigné à valeur de victoire. À mon avis, le film d'Yves Robert « La guerre des boutons » a eu sur son esprit d'histrion quelques effets négatifs avec une distorsion flagrante du réel.
Ensuite, c'est désigner un ennemi avec lequel il n'y aura jamais de traité de paix puisque ce virus n'a ni frontière, ni pays, ni drapeau, et encore moins d'état d'âme. Le COVID-19 n'a du reste jamais entendu parler ni de Macron, ni de Mao, tout au plus de chauve-souris. Le véritable ennemi du COVID-19, ce sont les milliers de chercheurs qui, de part le monde, essayent de trouver un vaccin. Il serait donc utile que Macron, au lieu de parler, donne les moyens à ces scientifiques et à leurs laboratoires. L'action est plus utile que le discours.
C'est encore confisquer à son propre intérêt le sacrifice de millions de soldats qui en 1914 auraient sûrement préféré rester chez eux que d'aller perdre leur vie à Verdun ou à Compiègne. Je lui conseille la lecture d'Henri Barbusse qui, ayant connu les tranchées, prôna le pacifisme et fut aussi un ardent partisan d'une plus grande justice sociale. Jupiter aurait-il besoin de se replonger dans l'histoire ? Je pense que oui. Le plus tôt serait le mieux.
C'est encore jouer au rassembleur alors que depuis l'élection de ce matamore d'opérette, à la mode mépris et vanité, il n'a été question que d'insultes, d'agressions et de brutalités envers ces françaises et français qu'aujourd'hui ils encensent. Aurait-il oublié les actes inadmissibles commis contre les pompiers ? Aurait-il oublié les personnes éborgnées ? Aurait-il oublié les violences policières à l'encontre du peuple ? Les français n'oublieront jamais. Quand on demande la concorde nationale, faut-il au minimum n'avoir jamais offensé, par quelque forme que ce soit, les premiers de corvées ou alors, s'en excuser d'une manière extraordinaire.
Macron tente de se refaire une virginité présidentielle en employant un ton martial, jupitérien. Cette rhétorique commence à être passablement usée, je dirai même que cela fatigue et insupporte. Les ficelles sont devenues trop grosses. C'est tout bonnement du réchauffé. Halte là, marmiton, retourne à ta cambuse. Tu deviens sans aucun doute, après avoir été un mauvais comédien, un mauvais rassembleur. On ne s'improvise pas du jour au lendemain le messie d'un pays que l'on a maltraité. Alors, tu changes de tactique. Te voilà gauchiste à la mode CNR. C'est à mourir de rire si la chose n'était pas si grave.
Ton discours de lundi soir avait des relents révolutionnaires. Te voilà devenu gauchiste en reprenant les termes du Conseil National de la Résistance (CNR), « Les jours heureux ». Tu n'as plus aucune pudeur, plus aucune limite. Tu te raccroches aux branches du populisme à la mode Le Pen et consort. Cela devient indécent pour toutes les personnes, communistes compris, qui se sont battues pour que la Sécurité Sociale existe et qu'ainsi la justice sociale devienne une réalité dans notre pays. Donc lundi soir, après le guerrier, voilà que le prophète nouvelle formule sort de sa boite magique. Silverstone Stalone a réalisé plusieurs Rocky, plusieurs Rambo. Combien de Macron aurons-nous encore à endurer ? En effet, après l'acte I dit « libéral » et l'acte II dit « le grand débat », il y aura sûrement l'acte III dit « le prophète de gauche » puis l'acte IV en attendant le V et le VI dont on attend encore les sous-titrages et la bande son... Souvenons-nous que l'acte II du quinquennat, suite au mouvement des Gilets Jaunes, devait être un nouveau départ... Raté. Et si Macron nous a parlé du « en même temps », il a soigneusement omis de nous causer de « la girouette amiénoise » copine avec « je retourne ma veste ». Autant, on peut avoir du plaisir à revoir Stalone, autant les apparitions de Macron vont devenir indigestes, non que la France en cette période difficile n'ait pas besoin d'un président, faut-il au moins que celui-ci soit crédible, respecté et sincère. Pour cela, changer tous les quatre matins de costume me paraît plutôt inquiétant, voire opportuniste ce qui n'augure rien de bon pour le futur. Pensez que si Macron a été capable de modifier son discours suite à cette crise, rien ne dit qu'il ne pourra pas revenir à ses premières amours une fois la crise finie, c'est à dire le libéralisme version acte I versus socialisme acte III. Le « Je vous ai compris » du général de Gaulle devrait nous inciter à la plus grande méfiance, surtout envers un homme qui n'a pas hésité à autoriser l'usage excessif du LBD contre des manifestants, c'est à dire contre les premiers de corvées. Lallement a encore de beaux jours devant lui. La démocratie a de quoi s'inquiéter. Pour l'instant, toutes les mesures prises vont augmenter la dette mais rien n'est annoncé pour dire qui va finalement payer la facture alors qu'il serait si facile par exemple de rétablir l'ISF ou de nationaliser certaines entreprises dans le but d'alléger cette dette. L'affichage ne coûte rien surtout quand on en appelle au civisme des français, aux « gens qui ne sont rien » et aux « illettrés » tandis que l'on ne touche pas aux fortunes françaises qui se comptent en milliards. Bravo la solidarité. On va donc laisser aux générations futures une dette encore plus vertigineuse sans la partager équitablement selon les ressources et les biens de chacun. Il me semble que jouer au prophète et agir comme un banquier est dans la droite ligne du personnage Macron. Jésus avait les poches vides. Celles de Macron sont pleines. Et quant aux quelques paroles d'excuses dites sobrement, elles me paraissent largement insuffisantes compte tenu du passif et de l'idéologie du gouvernement. En effet, garder les mêmes ministres et dire qu'ils vont agir autrement, c'est comme parier sur des ânes pour qu'ils gagnent le Grand Prix d'Amérique.
Gageons néanmoins que la résilience dont fait preuve notre République sera suffisante pour se relever des humiliations et des outrages subis depuis un certain temps. Oui, la résilience, mise à toutes les sauces par Macron comme le remède miracle, sera pour les premiers de corvées une nécessité absolue. Macron ne sera jamais la solution car il est au jour de son élection, le problème de chaque français, de ceux qui jour après jour soignent, pansent, enseignent et qui font face à une politique libérale contraire au CNR. La résilience nous permettra de nous relever de ce virus autant que de ce faux prophète, ardent défenseur du libéralisme. Il se pourrait même qu'un jour les blouses blanches viennent chercher un homme qui, du haut d'une pyramide de verre, annoncera avec audace et arrogance qu'il est le nouveau prophète. La folie n'a pas de limites. Le libéralisme non plus, hormis la porte du cimetière.
Spartacus 2022