COVID-19. Entre générosité et mendicité, la colère monte.
Premiers de corvées, tendez votre sébile, Macron vous fait l'aumône. Quelques centaines d'euros de prime pour votre dévouement et surtout votre silence. Quand je dis dévouement, peut-être devrais-je dire sacrifice ? Il pleut des milliards mais pas question de rétablir l'ISF. Pensez donc, comment va vivre un milliardaire avec quelques centaines de milliers d'euros en moins. Croyez-vous que la fin du mois risquera d'être difficile si tu vis à Neuilly-sur-Seine ou Avenue Foch, dans le 16e. Misère de misère, comme quoi le libéralisme ne renonce jamais, il protège les siens. La honte est sur vos têtes. En revanche, si tu habites dans le 9.3 et que tu travailles à la Pitié-Salpétrière, tu dois te dévouer, te sacrifier. Normal, tu es une première de corvée touchant à peine le SMIC. Et je ne parle pas des Rmistes et des précaires pour qui la situation va devenir catastrophique, mortelle.
Macron emploie avec complaisance le terme fallacieux de « premier de tranchées » qui m'insupporte. Je ne suis pas un soldat de 14-18 mais un citoyen du XXIe siècle qui a horreur de la vaseline et de la brosse à reluire. Macron tente avec ce langage flatteur et spécieux de sauver le système mais cette fois ci, finis les LBD et les gaz contre les pompiers, contre les aides-soignantes ou contre tous les Gilets Jaunes. Tous ces gens donnent leur vie pour sauver la France, celle des « gens qui ne sont rien » et celle des « gens qui ont tout » car, le paradoxe de cette crise est la Fraternité dont font preuve les Premiers de Corvées. Ils ne veulent pas savoir qui tu es et, d'où tu viens. Ils sauvent des vies, toutes les vies sans distinction de fortunes, de couleurs ou d'origines. La bienveillance et la solidarité font partie de leur serment mais toujours pas question de rétablir l'ISF. Pensez donc, on va faire des malheureux à Neuilly-sur-Seine. Marie-Sophie de Mortecouille va chialer. Misère de misère. Louis de Funès dans « La folie des grandeurs » caricaturait à l'excès un « saigneur » qui ne vivait que pour son magot. Il est navrant de constater que la réalité du libéralisme dépasse la fiction. Macron est ce personnage cupide qui donne un peu d'argent aux gueux pour qu'ils reprennent le travail et apprennent à se taire. Alors il ré-ouvre toutes les écoles qui ne seront que des haltes-garderies pour enfants lorsque leurs parents retourneront au turbin car l'addition risque d'être salée. Quant aux étudiants, ils reprendront les cours à la rentrée de septembre. Il sera toujours temps alors pour Macron de compter son OR avec Darmanin et de nous concocter un budget des plus austères où la rigueur aura comme saveur l'amertume de nos larmes. Néanmoins, j'ai bien peur que la révolte des premiers de corvées dépasse les prévisions des services de renseignements qui déjà s'alarment. La colère monte du côté d'Aubervilliers, de Sevran ou de Vénissieux. La colère se diffuse aussi à Valence, à Nancy ou à Gensac dans le Libournais. Toute la France bouillonne. Et ce ne sera pas uniquement celle des ronds-points. Ce sera celle qui depuis trop longtemps assiste impuissante à cette liquéfaction du pouvoir où quelques privilégiés s'arrogent tous les droits protégés par une milice d'état. Finie la misère, finie l'obole, finie la mendicité. Nous voulons le partage équitable des richesses que nous créons tous quotidiennement par notre travail. Halte là, spéculateurs. Il y aura dans la rue des dizaines et des dizaines de milliers de Gilets Jaunes et de gueux qui demanderont justice pour toutes les infamies endurées. Ils seront debout, fiers et révoltés comme l'ont été avant eux leurs aînés de juillet 1789. Dans l'immédiat, la France d'en-bas se tait. Elle s'interroge. Cette France est celle des salariés, des fonctionnaires, des retraités mais aussi celle des indépendants, des artisans, des commerçants. Ils prennent tous conscience de la valeur et de la puissance du mot solidarité. Nous sommes tous individuellement les éléments d'un même puzzle qui ne tient debout que par sa cohésion. Les dépenses des uns sont les recettes des autres. L'équation est simple : pas de clients, pas de revenus, et qui dit pas de revenus, dit la misère. Ceux qui pensaient s'en sortir seuls ont tort. Nous nous en sortirons tous ensemble ou alors nous mourrons les uns après les autres, victimes de notre égoïsme. Devant cette sombre hypothèse, la colère gronde. Cela les services de renseignements l'ont compris. Ils avertissent les préfets qui eux-mêmes font remonter l'information à l'Élysée qui dès lors lâche des milliards. Voilà pourquoi sous la contrainte et la peur Macron vous fait l'aumône. Néanmoins, ne rêvons pas, cette soudaine générosité va prendre fin avec « le en même temps » si cher à Jupiter. Il reprendra de la main droite ce qu'il a offert de la main gauche. Des signaux faibles annoncent déjà le resserrement des cordons de la bourse. C'est le cas avec les 10 jours de RTT pour les fonctionnaires qui seront décomptés sur avril et sur mai. Fini les cadeaux, retour aux boulot. Il y a aussi son entretien dans le Financial Times de Londres. Alors que dans son discours à la nation du 13 avril à 20 heures, il s'est montré très flou, il a donné au journal londonien une interview très musclée dans laquelle il affirme contrôler la situation tant sur le plan sanitaire qu'économique. Il veut donner des gages de fermeté aux instances européennes qui craignent une dérive financière de la France. Il veut rassurer l'Allemagne, les Pays-Bas et tous les pays qui refusent de mutualiser la dette. Rien ne dit que la France dans 1 ou 2 ans ne connaisse pas, sous la pression de ces pays, un scénario à la grecque. Macron expérimente à ses dépens le « en même temps ». D'une part la colère des français, d'autre part la fermeté de l'Europe. Le cul entre deux chaises, il hésite entre finir embastillé à Paris ou partir en exil en Argentine. Cruel dilemme d'un président qui se voyait l'égal de Jupiter. En attendant, il nous faut trouver de quoi faire bouillir la marmite et aussi les ressources financières pour boucler les fins de mois. Et où trouve-t-on l'argent ? Bien sûr, chez ceux qui en ont, c'est à dire les riches, les ultra-riches, les spéculateurs et certainement pas chez les premiers de corvées ou les Gilets Jaunes qui justement en réclamaient de ce « pognon de dingue » pour vivre dignement.
L'autre petit détail inquiétant est la mise en accusation, à l'instar des USA, de l'OMS. Il y aurait dans cette querelle, une opportunité pour le pouvoir, celle de commencer à se dédouaner de ses insuffisances en faisant porter le chaos autant par la Chine pour ses mensonges que par l'OMS pour son manque de réactivité. Ainsi, en ayant réparti les fautes, il se sentira plus libre pour nous appliquer une politique de rigueur. C'est en quelque sorte la tactique de Laurent Fabius sur le sang contaminé, « responsable mais pas coupable ». Résultat des courses, le libéralisme a continué durant des années ses méfaits. Nous le constatons tristement dans la crise actuelle qui n'est que la fille aînée de l'incurie passée.
Aujourd'hui nous passons à l'étape vérité. Nous ne jouons plus. Nous risquons nos vies, celles de nos enfants et de leurs grands-parents. Alors soit Macron comprend que les premiers de corvées sont essentiels à la nation et dans ce cas il prend l'argent là où il est en invoquant la solidarité et il doit dans ce cas rétablir l'ISF, soit le peuple se met en colère et il se retrouve avec mammy Brigitte en slip à Orly, direction l'Argentine. Il n'y a plus du « en même temps ». Il n'y a que la peur qui fera changer les choses. Alors tous à nos fourches et à nos baïonnettes. Rejouons 1789. La comédie du « en même temps » a assez durée.
Spartacus 2022