COVID-19. J'ai la haine.
La crise est là... Mais quelle crise ? La crise sanitaire, c'est certain, on l'éprouve tous les jours. À celle-ci vient s'ajouter une crise encore plus invraisemblable, celle du pouvoir exécutif qui, jour après jour loin de rassurer le pays, amplifie et aggrave la peur. Macron que l'on présentait comme un orateur hors pair, se retrouve démuni devant une situation inédite. Son ambition d'énarque s'est construite sur sa capacité à séduire son auditoire qu'il tient d'une part de sa faconde d'autre part de sa belle gueule mais sa belle gueule ne nourrit pas le peuple des banlieues qui a faim. Sa belle gueule ne rendra pas la vie à tous les anciens qui sont morts faute d'investissements dans les hôpitaux. Sa belle gueule ne sauvera pas de la faillite le petit artisan qui tente de survivre à la crise. Sa belle gueule ne comblera pas les inégalités sociales entre les premiers de corvées et les premiers de cordées. Sa belle gueule ne lui suffit plus pour masquer toutes les insuffisances qui caractérisent ce gouvernement. Sa belle gueule est une insulte à la pauvreté, à la précarité. Il reste sa faconde, celle qui lui a permis de parler au peuple français suite au mouvement des Gilets Jaunes. Pour parler, il sait parler, je le reconnais sans mal. C'est bien de là que nous vient toute cette ambiguïté entre talent oratoire et inaptitudes à gouverner, inaptitudes à tracer un sillon. La crise vient à brûle-pourpoint nous démontrer que manier la rhétorique ne suffit pas à être un président efficace mais tout juste un communicant de piètre facture. Nous avons eu droit pour commencer à une rhétorique guerrière du style Clemenceau parlant aux poilus ou à celle de Churchill face aux attaques allemandes des V2. C'était à mourir de rire si ce n'était pas si grave. Ce ton martial illustrait à merveille le décalage qui existe entre propos mensongers et actions concrètes. Il a été utilisé pour masquer l'impréparation et les insuffisances du gouvernement Philippe. Mais voilà que le bon peuple n'a pas été dupe de cette grossière entourloupe. Il a donc fallu changer de style ce qui explique ce discours paternaliste et faussement rassurant du 13 avril à 20 heures. Là encore, le flou a été manié avec tellement de « subtilité oratoire » du genre « je ne sais rien mais je vous dirai tout » que le flop fut au rendez-vous. Macron perd de son aura pour devenir un président quelconque entre Ubu roi et le docteur Knock, c'est à dire un charlatan nimbé de vanité qui cherche par un tour de passe-passe à reconquérir son pouvoir. « Merdre alors, ça vous grattouille ou ça vous chatouille » pourrait dire sa caricature. Ce qui m'inquiète aujourd'hui ce sont ces millions de françaises et de français qui tentent de survivre à la crise, qui tentent simplement de nourrir leurs enfants dans des banlieues abandonnées. Ainsi la crise fait ressortir ces inégalités territoriales que nous nous refusons de voir. Elle agit comme un révélateur de notre inhumanité. Il y a longtemps que les V2 se sont abattus sur ces zones de non-droit qui ont été bien avant cela des zones de non-devoir d'un état défaillant. Macron nous promet un nouveau contrat social mais a-t-on vu un loup épargner les brebis ? Non, jamais. Rien ne changera. Macron n'est pas Rousseau. Il n'a ni son talent d'écrivain, ni sa conscience écologique. Le Macron 2020 ressemblera comme deux gouttes d'eau au Macron 2017, ni plus ni moins. Il aura avec lui les mêmes ministres et la même idéologie, pire encore, le même dédain vis à vis des pauvres. Sa belle gueule n'y changera rien. On ne revêt pas la soutane de Saint Vincent de Paul ou de l'abbé Pierre par miracle. Des promesses, rien que des promesses à l'image des masques et des tests qui se font toujours attendre. Mais dans les banlieues, les ventres ont faim. Les milliards d'euros ne nourrissent pas les hommes mais les comptes en banques. Et quand on les verse avec autant d'obligeance, c'est que la peur de l'écroulement du système devient réelle. La révolte est là, toute proche, si proche que l'on commande de nouveau des LBD, des grenades et des gaz. Il faudra contenir la sortie du confinement. Les Gilets Jaunes seront encore là avec les banlieues, les artisans, les commerçants, les retraités... Trop de monde à contenir, trop de mensonges empilés, trop de haine accumulée. Trop de tout. Cette haine ne s'éteindra pas comme par magie. Les mots ne suffiront pas. Macron prend garde. Il y aura aussi les aides-soignantes, les infirmières et les médecins. Il y aura aussi les étudiants et les plus de 70 ans. Il y aura des caissières et des éboueurs. Il y aura tant de monde, tant d'écœurement, tant d'indignation, tant de cette France révoltée que les forces de l'ordre se retireront, te laissant Macron seul avec la haine d'un peuple qui refuse d'être le bouc émissaire d'un système à bout de course. J'ai la haine Macron de te savoir le président d'un pays qui a comme devise Liberté-Égalité-Fraternité. Tu ne représentes que ta belle gueule et celles de tous tes amis qui sont les garants des inégalités sociales qui nous accablent aujourd'hui. La Liberté nous est suspendue. L'Égalité est un rêve. La Fraternité, nous l'enfantons de nos combats quotidiens, de notre générosité collective. Nous sommes, nous les premiers de corvées, les otages d'un système qui nous condamne à la soumission et à l'obéissance servile. Nous refusons les deux au nom de la bienveillance. Sans les premiers de corvées, la France s'écroule. Elle n'existe plus. J'ai la haine Macron de savoir que des familles entières se nourrissent d'un seul repas par jour. J'ai la haine Macron d'entendre tes discours aussi inintéressants et aussi insignifiants qu'un pet de mouton. J'ai la haine Macron de penser à ces SDF qui n'attendent plus rien de la vie et de notre société. J'ai la haine Macron à l'égard de ces riches qui applaudissent le soir mais qui, une fois la crise finie, retourneront à leur petite vie bien tranquille. Marie-Sophie de Mortecouille pourra alors dormir tranquille et regarder le CAC40 se refaire une santé sur le dos des hôpitaux. J'ai la haine Macron de voir nos services d'urgences et nos EHPAD mis sous tension faute de moyens. J'ai la haine Macron de voir les BigPharma faire de confortables profits au détriment de notre système de santé. J'ai la haine Macron de voir des médecins n'avoir que des sacs poubelles comme unique protection. J'ai la haine Macron de voir notre pays soumis au diktat d'une ploutocratie imbécile qui méprise autant le petit peuple qu'elle vénère la finance et la spéculation. J'ai la haine Macron de voir tes ministres se prendre pour des lumières alors qu'ils ne sont que des ignorants ou des clowns grotesques, des incultes ou des barbares. J'ai la haine Macron de savoir qu'il nous faut attendre deux ans avant que de chasser du pouvoir un menteur et un vaniteux, toi. J'ai la haine Macron mais j'ai aussi l'espoir que « Les jours heureux » vont revenir. Il me faut attendre, alors j'attendrai ce jour, patiemment, résolument. Deux ans... Deux ans... Mais j'attendrai.
Spartacus 2022