Tout devrait être joyeux et pourtant, il y a comme un goût amer de solitude qui inonde la vie des hommes. Nous sommes chez nous, prisonniers du temps et de notre vie, prisonniers de notre liberté.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Confiné(e)s
Parler avec son âme et regarder son corps. Les gestes sont lents. Penser à son repas et à ses amis. Lire et relire le cahier à petits carreaux de son enfance. Se réciter un poème de Rilke juste pour s'évader un instant. Ouvrir un livre de voyages, le parcourir et s'arrêter sur une photo. Rêver un peu d'ailleurs. Des gestes lents et mesurés comme pour effacer le temps, l'abolir, pour le meubler de souvenirs tendres. Revoir une vieille photo de sa grand-mère et lui parler. Lui dire que l'on l'aime malgré l'absence, cette absence qui devient pesante. J'oublie qui je suis pour devenir un autre que j'ignorais. Je me redécouvre. Le café coule. Il parfume la salle à manger d'une odeur légère. Je suis seul avec mes fantômes. Ils reviennent. Ils me hantent. J'oubliais qu'ils étaient assoupis. Grand-mère, je t'aime. Tu étais douce avec ce beau visage rond et tes cheveux blancs. Grand-mère, je voudrais te dire tout ce que je n'ai pas su te dire lorsque tu étais vivante. Tu es loin et je suis seul. Je me lève. Tout est calme. Pas un bruit sur la terre. Pas un avion dans le ciel. Juste le chant des oiseaux, le souffle du vent et mes souvenirs qui me hantent. Le sablier coule. Je suis vivant, assez pour me souvenir des morts. Le soleil brille. Le printemps arrive. Tout devrait être joyeux et pourtant, il y a comme un goût amer de solitude qui inonde la vie des hommes. Nous sommes chez nous, prisonniers du temps et de notre vie, prisonniers de notre liberté. Elle demande de l'espace, un jardin, une rue, un boulevard où la vie des autres se mélangent à la nôtre. Nous sommes des animaux de compagnie, de société, d'humanité. Quand fais-je revoir les miens ? Quand pourrais-je de nouveau marcher le long des quais ? Quand tout cela finira-t-il ? Je n'en sais rien. Je bois mon café. Le temps s'arrête.
Spartacus 2022
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