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Billet de blog 30 septembre 2019

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Chirac : la fracture sociale vaut-elle une messe ?

En son temps,Chirac a posé le bon diagnostic de la « fracture sociale » mais n'a pas pu ou pas voulu attaquer de front ce problème. Pour cela il aurait dû avoir une conscience du temps long, de l'audace et le courage d'affronter une droite conservatrice opposée à tout progrès social.

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Chirac : la fracture sociale vaut-elle une messe ?

Remettons l'église au milieu du village comme aimait à le dire mon trisaïeul qui bouffait du curé à la manière d'un farouche anticlérical de la IIIe République. Depuis que Chirac a rejoint le royaume des « innocents », les louanges à son égard se multiplient. C'est à croire que nous avons perdu un saint homme qui mériterait une prochaine béatification. Il n'en est rien. Tout d'abord, c'est un pur produit de la classe politique française nourrit au cassoulet, à la magouille et aux petites combines qui lui ont valu quelques ennuis judiciaires dont une condamnation, ce qui est le seul cas à ce jour pour un ancien président de la république. Bientôt je l'espère, il sera rejoint par l'un de ses poulains et successeur, le petit Sarko. Mais n'anticipons pas, la justice est parfois sous influence...

Ensuite cet homme ambitieux et magouilleur a été notre employé en tant que président de la république, et rien d'autre. J'ajoute en ce qui me concerne qu'il ne fut pas au niveau national un employé modèle, bien au contraire. Je juge donc un peu indécent tous ces discours affectés et dithyrambiques au même titre qu'il me paraît choquant cette journée de deuil national. Cela donne une très mauvaise idée de notre république qui oublie les casseroles d'un président mais condamne illico presto une femme coupable d'avoir volé un paquet de pâtes pour nourrir ses enfants. Ah, la justice... Selon que tu sois riche ou pauvre, les jugements de cour te feront noir ou blanc. Quel plus bel exemple d'amnésie républicaine. Quel plus bel exemple de partialité médiatique et journalistique. Non, je ne souscris pas à ces foutaises qui voudraient que la mort d'un ancien président soit tout à la fois un visa pour l'oubli, sa rédemption nationale et sa prochaine béatification. Toute gloire posthume ne se décrète pas le jour des funérailles par quelques complimenteurs patentés mais par des historiens libres de toutes attaches partisanes. Si aujourd'hui nous en sommes là, c'est à dire avec la crise sociale qui a engendré le mouvement des Gilets Jaunes, nous le devons en partie à Chirac. En son temps, il a posé le bon diagnostic de la « fracture sociale » mais n'a pas pu ou pas voulu attaquer de front ce problème. Pour cela il aurait dû avoir une conscience du temps long, une véritable audace et le courage nécessaire pour lutter contre son propre camp, contre une droite conservatrice opposée à tout progrès social. La France d'en-bas lui en aurait été reconnaissante. Aujourd'hui, si une partie de notre pays est dans la rue, c'est uniquement parce que les promesses d'hier n'ont pas été suivies d'actes. Ne l'oublions jamais.

Certains commentateurs affirment, non sans une certaine ironie, que Chirac était un homme de droite mais avait le cœur à gauche. Et bien en ce qui me concerne, je n'ai rien vu qui allait dans ce sens même si il a vendu quelques heures « L'Humanité ». J'ai donc dû louper des épisodes plus intéressant de sa vie. Et si cette affirmation purement spéculative était exacte, c'est donc bien de courage que Chirac a manqué pour exprimer sa véritable personnalité. Dommage et regrettable pour nous. Mes propos que certains jugeront acerbes et injustes, et ils le sont sûrement, ne s'adressent ni au père, ni au mari ou à l'ami mais bien à l'homme politique et à sa part d'ombre. En effet, je considère que derrière chaque personne publique, il y a un homme ou une femme ordinaire avec ses peines et ses joies lesquelles doivent être respectées. Merci néanmoins pour sa position contre la seconde guerre du golfe où il n'a pas ajouté de la misère à la misère. Merci aussi pour le respect qu'il y accordé à toutes les civilisations, existantes ou disparues, qui constituent l'humanité dans sa diversité. J'aurai donc aimé que ce courage et cette vision du monde se traduisent à l'échelle hexagonale pour apporter des solutions concrètes à cette fameuse « fracture sociale ». Voilà comment aurait agit un homme véritablement de gauche. À bas donc les postures.

À l'église Saint-Sulpice, Jupiter rempli de sa bonté habituelle, ni gazage et ni matraquage ce jour là, sera au première rang pour lui rendre un dernier hommage. Après Johnny et Aznavour, le voilà de nouveau appelé à officier ou plus exactement à parader, à utiliser les médias pour revêtir l'aube du communiquant et non du communiant. Il sera donc dans le rôle qu'il affectionne le plus, celui de cajoleur patenté de la nation, celui de vestale cathodique en espérant gagner quelques points de popularité supplémentaire. Mais n'est pas Chi-chi qui veut. Malgré cela, il peut compter sur BFMtv, le Figaro et toute la presse pro-business qui vont tout mettre œuvre pour vendre son image de bigot sirupeux. Le plus malheureux dans cette piété républicaine est le rôle du mort car personne ne peut souscrire à un Chirac fervent adepte du goupillon malgré chez lui un côté mystique indéniable. Mais il ne pourra rien dire, n'émettra aucune critique, ne protestera pas et encore moins il se lèvera subitement de son cercueil pour avouer ses renoncements passés ainsi que ses fautes. Malheur à celui qui est parti silencieusement trop tôt ou trop tard car les « fractures sociales » subsistent encore et se sont même aggravées pour certains.

Je fais un rêve. J'imagine non sans une certaine malice quelle pourrait être la réaction du peuple français si Jupiter venait à disparaître subitement. Elle serait tout à l'opposée du recueillement républicain pour Chirac qui est réel. Pour beaucoup, il y aurait des cris de joie et d'allégresse. Un peu partout les estaminets seraient pris d'assaut. Les rues seraient pavoisées de Jaune, de Jaune et encore de Jaune. Partout du Jaune. Les rond-points retrouveraient leur folie, leur humanité, leur fraternité. On y mangerait autour des braseros merguez et chipos au son des guitares et des banjos. Les enfants quant à eux auraient droit à une semaine de congé ainsi que toutes les administrations publiques. Les trains seraient gratuits ainsi que les autoroutes qui de nouveau seraient nationalisées. Il y aurait partout la fête, une fête monstrueuse, inimaginable, grandiose. Une fête pour toutes les françaises et les français, petits et grands, jeunes et vieux, croyants et non croyants. L'Europe entière nous envierait. Enfin nous serions libres, débarrassés de l'arrogant et méprisant personnage. Seuls seraient chagrinés les ultra-riches et nos amis les barbares. Mais bien sûr, ce n'est qu'un rêve... Alors n'abandonnons pas notre combat. Rêvons tous ensembles car ce jour là arrivera.

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