Gabriel Matzneff: une indignation très sélective. Et Macron alors...
Depuis quelques jours les médias se font les chantres d'une indignation généralisée. En effet, de toutes parts des journalistes, des critiques culturels ou de simples commentateurs évoquent à qui mieux mieux l'affaire dite Gabriel Matzneff, cet écrivain sulfureux qui fut l'une des célébrités des années 70-80. Les faits de pédophilie évoqués par le livre de Vanessa Springora ne sont pas niés par l'auteur. Ils sont simplement prescrits. Que les médias aujourd'hui se place en tribunal à de quoi surprendre. Ce qui m'irrite donc, c'est bien cette overdose médiatique qui me paraît en ce moment très partisane. En effet, sans remettre en cause la douleur de Vanessa Springora, ni même cette indignation, j'aimerai que cette même indignation s'exprime toutes les fois ou, plus souvent dirais-je, lorsque des individus, hommes ou femmes, sont sujets à des violences physiques, personnelles et intimes. Quand je dis cela, il est évident que je fais spécialement référence à toutes les personnes ayant été éborgnées ou amputées durant les mouvements des Gilets Jaunes. Je trouve que les bobos parisiens, les journalistes en cachemire et loden, les bien-pensants et les donneurs de leçons auraient tout intérêt à ne pas sélectionner leurs indignations. Je voudrais leur rappeler que des jeunes femmes, des adolescents, des citoyens ordinaires ont été gravement atteints dans leur intégrité physique , morale et psychique par des policiers sous les ordres du pouvoir. Il y a un an, vous avez été indigents à voir, à dire, à parler de ces violences policières. Depuis ses 14 ans, Vanessa Springora vit avec une douleur personnelle qu'elle a pu récemment exorciser par l'écriture. Cette douleur n'est pas moindre et ne le sera jamais comparée à la douleur ressentie par ces gens qui n'ont plus qu'un œil pour voir la vie alors que pour vous indigner vous avez encore vos deux yeux. Je vous trouve mal-pensants, petits, moches... Que faisiez-vous hier lorsqu'il fallait vous indigner davantage ? Vous étiez derrière votre bureau à commenter l'actualité comme de simples touristes. Vous aviez à l'époque un avis plutôt négatif sur les Gilets Jaunes, ces illettrés ou ces gens de rien. Aujourd'hui vous avez encore un avis à donner comme si votre avis avait valeur d'évangile. Gabriel Matzneff mérite sûrement son sort actuel, peut-être, je n'en sais rien. Ce que je sais c'est que ni Vanessa, ni les autres Gilets Jaunes n'ont mérité ce qu'ils ont subi. Personne ne peut être fier de cela. Macron est un profanateur dans le sens où, sous son quinquennat, des ordres ont été donné entraînant des blessures irréparables. Je vous invite, vous les redresseurs de torts à aller voir les archives du journaliste David Dufresne où le visage d'une jeune femme éborgnée ne cesse de me hanter. Vous serez, vous aussi, ébranlés de voir ces figures meurtries pour le restant de leur vie. J'en frémis encore. Votre empathie, votre compassion, ne doit pas être sélective mais fraternelle envers toutes les victimes passées, présentes et futures. J'accuse Macron d'être en cette fin d'année un éborgneur ni plus ni moins fréquentable que Gabriel Matzneff. Je les mets tous deux dans le même panier des infréquentables de la société. La temporalité, qui autorise ou non l'indignation, fera que dans 20 ou 30 ans, Macron aura la même place dans l'histoire que n'importe quel corrompu d'aujourd'hui. Ne vous mettez pas en retard d'une indignation.
Spartacus 2022