Spinoza1670

Abonné·e de Mediapart

4 Billets

0 Édition

Billet de blog 31 août 2011

Spinoza1670

Abonné·e de Mediapart

Les moyens c'est important, les programmes c'est encore plus important

Spinoza1670

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Claude Lelièvre vient de publier sur son blog Refonder l'école à partir du primaire en réponse certainement à l'article de Fanny Capel paru la semaine dernière : "Malaise dans l'école : la bataille du primaire".

Je regrette que le débat porte plus sur les moyens (postes, méthodes pédagogiques) que sur les programmes d'enseignement qui sont pourtant le squelette du tout système scolaire car ils guident tous les aspects de l'enseignement : apprentissage, enseignement, progression de classe en classe, formation des enseignants, rédaction de manuels, plans de leçons.

Afin de mettre en évidence cet aspect primordial, je me contenterai pour l'instant de commenter succinctement les premières lignes de l'article de M. Lelièvre :

"En cette rentrée, l’école primaire fait l’objet d’une attention toute particulière "

Mais le collège n'est pas en reste : l'article de Casali sur les programmes d'histoire au collège sur le Figaro a déjà recueilli plus de 900 commentaires à l'heure où j'écris ! Il est vrai que l'enseignement de l'histoire dépasse le cadre de l'école pour toucher aux liens entre enseignement et politique, mais tout de même...

" et à juste titre car elle aurait dû être depuis longtemps privilégiée s’il y avait une volonté politique prioritaire que chaque élève réussisse au mieux sa scolarité obligatoire."

"depuis longtemps" : c'est trop flou. Tout le monde peut donc accepter cette proposition car on peut mettre la date que l'on veut derrière le "depuis".

Effectivement, le maillon faible, c'est l'école primaire (= maternelle + élémentaire), pour ce qui concerne strictement la mission de l'école, instruire.

Car, évidemment, il y a encore d'autres causes qui sont moins du ressort de l'école elle-même : fatigue, tv lobotomie, manque de soutien à la maison, encadrement périscolaire (garderie, cantine, devoirs surveillés) parfois inadéquat.

Le problème, c'est qu'avec le socle commun, il semble que les compétences à acquérir auparavant en fin d'école primaire soient devenues celles à acquérir en fin de collège. Le problème, ce sont les programmes d'enseignement, et l'amélioration relative en termes de contenus et de structuration d'apprentissage des programmes 2008 pour le primaire est sabordé par l'utilisation en parallèle du socle commun qui nous fait retomber dans le bas niveau des programmes 2002.

"Ce qui importe est le programme : on ne récolte que ce que l'on a semé [Au plus, bien sûr. MD]. Une des plus importantes découvertes faites à partir de l'étude du TIMMS [Third International Mathematics and Science Study] est que la différence des résultats suivant les pays dépend de ce qui est enseigné dans chaque pays. En d'autres termes, les variables démographiques ou autres ne sont pas à l'origine et ne changent pas de beaucoup le niveau d'instruction obtenu. On constate que c'est l'enseignement lui-même qui fait la différence. Plus précisément, on observe que ce sont les programmes eux-mêmes – ce qui est enseigné – qui fait la différence."

A lire :

- Critique des Programmes 2002 (les pires programmes jamais connus ?)

- Critique des programmes 2008

L'essentiel consiste donc à restaurer des programmes cohérents, de qualité, en commençant par le primaire, - ce qu'est en train de faire le GRIP ou ce qu'a fait Lou Delap pour l'école Hattemer en français et maths

- car ce sont en fait les programmes et les progressions qui sont le système circulatoire de tout le système scolaire.

Si donc Martine Aubry et Claude Lelièvre veulent refonder l'école primaire, il faut qu'ils détaillent aux citoyens français quel programme d'enseignement (curriculum) ils veulent mettre en place pour l'école primaire et pour le collège afin que tous les citoyens français puissent juger sur pièces avant l'élection.

Quel est leur programme de français (lecture, écriture, grammaire, rédaction, langage oral), d'arithmétique (compter, calculer, résoudre des problèmes, mesures, géométrie, d'histoire, de géographie, de "sciences", etc. ?

Quelle est leur position sur le redoublement ?

Quelle est leur position sur le système des cycles ?

Quelle est leur position sur le socle commun ?

Quelle est leur évaluation de l'évaluation ? Le niveau baisse ou le niveau monte ? Dans quelle mesure ?

Quand on sait la désinformation qui a eu lieu pour le Grand Débat sur l'école de 2003, ce serait la moindre des choses pour un parti qui se veut démocratique de ne pas rester dans le flou des annonces qui peuvent cacher tout et n'importe quoi. Il faut des analyses et des projets précis, sur lesquels les électeurs pouront se prononcer en toute connaissance de cause.

Mais la même chose vaut pour tous les autres partis.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’auteur n’a pas autorisé les commentaires sur ce billet