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Billet de blog 15 janvier 2016

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Le Dakar et les grands événements sportifs face aux défis du développement durable

Après une semaine, à nouveau endeuillée par le décès d’un homme, le Dakar poursuit sa route et continue de soulever dans son sillon les interrogations liées à son existence même.

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Chaque année en cette période, de nombreux experts s’interrogent sur l’opportunité de continuer à mettre sur pieds de tels événements sportifs. En effet, la prégnance de plus en plus forte des enjeux liés au développement durable rend l’organisation du Dakar, et de tous les événements sportifs de ce type, de plus en plus délicate, compte-tenu des impacts environnementaux, sociaux et en vies humaines de ce genre de manifestation. Une réflexion approfondie s’impose désormais à ces organisateurs pour concilier au mieux les enjeux sportifs à cette nouvelle donne sociétale.

Environnement et grands événements sportifs

Toute activité humaine impacte l’environnement : en matière de consommation d’énergie, de production de déchets ou encore d’émission de gaz à effet de serre (GES). Les grands événements sportifs n’échappent pas à la règle, loin s’en faut : le Tour de France, par exemple, génère à lui seul 12 000 tonnes de déchets en trois semaines ; 450 000 bouteilles plastiques sont jetées à terre en  une demi-journée lors du Marathon de Paris[1]; Le Dakar, quant à lui, émet 15 500 tonnes-équivalent CO2[2] de GES, plus de 40 000 t-éq. CO2 si on y intègre l’impact des spectateurs. Une empreinte environnementale très lourde, et une évidence factuelle que les acteurs du secteur sportif doivent impérativement intégrer aujourd’hui dans leur fonctionnement et leurs démarches.

Le mouvement olympique montre l’exemple, et toutes les candidatures à l’organisation des Jeux sont tenues de suivre les recommandations du CIO et de ses Agendas 21 et 2020[3]. Lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012, les sponsors ont investi massivement dans le programme de développement durable, y injectant même 40 millions d’euros supplémentaires[4]. L’environnement est clairement devenu une préoccupation majeure et un défi immense pour les organisateurs de compétitions sportives.

Le Dakar : « insuffisant, peut tellement mieux faire »

Le Dakar, dont la 38ème édition se déroule actuellement, illustre bien l’émergence de cette problématique. Exporté depuis 2009 en Amérique du sud, ce changement de continent a eu notamment comme effet de faire monter en flèche les émissions carbones liées à l’événement et d’endommager le riche patrimoine historique et préhistorique des pays qu’il traverse[5].

Les paléontologues et archéologues péruviens se sont notamment alarmés dès 2012 des dégâts considérables causés par la course à l’environnement et à certains vestiges préhistoriques exceptionnels, accusant également celle-ci de laisser derrière elle des routes et des bivouacs dans des états pitoyables. Face à de telles accusations, l’organisation du Rallye a été contrainte de proposer des solutions afin d’atténuer son impact sur l’environnement et de préserver le patrimoine des pays traversés.

Plusieurs mesures notoires ont été prises par les organisateurs :

Tout d’abord, le Rallye a décidé de compenser l’intégralité de ses émissions carbone directes (hors spectateurs) en soutenant financièrement des projets de lutte contre la déforestation.

Une collaboration étroite a été par ailleurs mise en place entre organisateurs du Rallye et autorités concernées par ces questions environnementales et culturelles, pour établir des règles et un tracé qui soient plus respectueux de l’environnement.

De plus, les organisateurs assurent effectuer un état des lieux après chaque bivouac en présence des autorités gouvernementales, mettre en place un tri sélectif rigoureux, ou encore faire traiter l’intégralité de certains déchets spécifiques par des entreprises agréées.[6] Applaudissons le principe de ces mesures salutaires, même si les chiffres démesurés annoncés sur le site officiel de l’événement nous paraissent erronés.

Beaucoup reste à faire en la matière, comme intégrer des classements mettant davantage en perspective d’autres types de véhicules que les tout-essence, et introduisant des critères de consommation, d’économie, de limite de puissance, etc.

Que le Dakar garde également  à l’esprit que le principe de pollueur-payeur qu’il a intégré dans sa démarche n’affranchit en rien du devoir de moins polluer jour après jour, édition après édition.

Et qu’enfin il lui FAUT inclure dans son périmètre d’étude prioritaire toutes les mesures permettant de mettre un terme définitif aux décès insupportables enregistrés trop fréquemment sur les pistes qu’il parcourt !

Contraint et forcé, le Dakar s’est engagé depuis quelques années à réduire et compenser ses impacts environnementaux. Il doit en aller ainsi pour toutes les compétitions sportives. Une bonne organisation passe par la maîtrise raisonnée des consommations d’eau et d’énergie, une gestion à chaque édition plus efficace des déchets produits, ou encore une minimisation des émissions de GES liées aux transports des participants et des spectateurs. Les événements sportifs se doivent d’être exemplaires en la matière, pour contribuer à faire évoluer les comportements individuels de nos concitoyens.

Didier Lehénaff, Président de SVPlanète et Concepteur des Eco-Games. Membre du comité scientifique du Think tank Sport et Citoyenneté 

Julian Jappert, Directeur du Think tank Sport et Citoyenneté


[1] http://blog.lefigaro.fr/sport-business/2015/03/a-9-mois-de-la-conference-paris-climat-2015-paris-passe-au-vert.html

[2]http://www.dakar.com/dakar/2015/fr/environnement.html

[3]http://www.olympic.org/Documents/Olympic_Agenda_2020/Olympic_Agenda_2020-20-20_Recommendations-FRE.pdf

[4]http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1370601-jo-2024-ou-expo-universelle-2025-paris-peut-organiser-les-2-si-les-projets-sont-ecolos.html

[5]http://www.greenetvert.fr/2012/01/11/des-sites-archeologiques-victimes-du-paris-dakar/43677

[6]http://www.dakar.com/dakar/2015/fr/environnement.html

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