Prenant appui sur le sport, cette action diplomatique a permis d'affirmer de grands principes, d'impulser des actions bénéfiques, d'encourager le développement humain et la paix, en impliquant à la fois les États et le mouvement sportif international.
Au niveau mondial
La première institution gouvernementale à mentionner ici est l'Organisation des Nations Unies (ONU), qui a soutenu à la fin des années 1960 la décision du CIO de suspendre le comité olympique d'Afrique du Sud en raison de la politique d'apartheid pratiquée par ce pays. L'assemblée générale de l'ONU a ensuite multiplié les recommandations et résolutions en vue de bannir l'apartheid, pour finir par adopter une convention internationale contre l'apartheid dans les sports en 1985, jusqu'à ce que celui-ci soit aboli et que soit adoptée en 1991 une résolution invitant la communauté internationale à renouer des relations sportives avec l'Afrique du Sud. A partir de 1992, l'ONU a appelé au respect de la trêve olympique que le CIO avait décidé de lancer avant les Jeux Olympiques, et reformulé ce vœu tous les deux ans, avant chaque nouvelle édition. Cet appel a été suivi de résolutions visant à soutenir « l'idéal olympique », puis « l'édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique », et enfin « le sport comme moyen de promouvoir l’éducation, la santé, le développement et la paix ». En 2001, le secrétaire général de l'ONU a créé auprès de lui un poste de Conseiller spécial et un bureau dédié au sport au service du développement et de la paix. Les actions conduites par l'ONU en faveur du sport comme vecteur de paix et d'émancipation ont induit une coopération avec le CIO qui n'a cessé de se renforcer ; l'institution olympique recevant en 2009 le statut d'Observateur permanent. Cette collaboration a trouvé sa consécration dans l'accord signé en avril 2014 entre les deux institutions. Il convient d’évoquer aussi le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (UNEP) qui s'est notamment intéressé à l'impact environnemental des Jeux Olympiques, en lien avec le CIO et les États concernés.
« L’accès au sport, un droit fondamental pour tous »
C'est sous l'égide de l'UNESCO qu'a été adoptée en 1978 la « Charte internationale de l'éducation physique et du sport », largement révisée en novembre 2015. Ce texte affirme que la pratique de l’éducation physique, de l’activité physique et du sport est un droit fondamental pour tous, qui peut apporter toutes sortes de bienfaits aux individus, aux communautés et à la société toute entière. Il fournit un cadre pour orienter les politiques gouvernementales en faveur du sport pour tous. Parallèlement à cet instrument non contraignant, il faut mentionner l'adoption en octobre 2005 sous son égide de la Convention internationale contre le dopage dans le sport, faisant suite à l'adoption du Code mondial antidopage par l'Agence mondiale en mars 2003. Ce texte qui lie les quelques 180 États qui l'ont ratifié à ce jour, trace notamment les lignes d'une indispensable coopération internationale. Là encore, la coopération entre l'UNESCO et le CIO s'est matérialisée par des accords successifs.
« Une politique sportive européenne pour coordonner les approches »
Au niveau européen
Le Conseil de l'Europe qui siège à Strasbourg a été un précurseur en matière sportive. D'innombrables résolutions ont suivi la première adoptée en 1968 sur le dopage des athlètes, invitant successivement les États membres (aujourd'hui au nombre de 47) à favoriser l'accès des femmes au sport, à lutter contre la violence et les discriminations dans le sport, etc. La doctrine humaniste du Conseil de l'Europe est rassemblée dans la Charte européenne du sport, adoptée en 1975 et révisée en 1992 avec le code d'éthique sportive. L'institution paneuropéenne a aussi adopté des conventions plus contraignantes, telles que la Convention sur la violence et des débordements de spectateurs en 1985, ratifiée aujourd'hui par 41 États membres, et la Convention contre le dopage adoptée en 1989 et ratifiée aujourd'hui par 52 États membres, auxquels s'ajoutent cinq États non européens, dont l'Australie, le Canada, le Maroc et la Tunisie. Pour lui succéder, une convention « sur une approche intégrée de la sécurité, de la sûreté et des services lors des matches de football et autres manifestations sportives » a été adoptée en mai 2016 et ouverte à la signature des États. Confirmant son rôle pionnier, le Conseil de l'Europe a adopté en septembre 2014 une Convention sur la manipulation des manifestations sportives. On doit mettre aussi à son actif la conduite du programme d'assistance SPRINT, qui a permis durant les années 1990 aux États de l'ancien bloc communiste de démocratiser et remettre à niveau leurs institutions sportives.
Le cas de l’Union européenne (UE)
L'UE pour sa part s'est ouverte plus récemment aux questions sportives, et dans un registre plus incitatif. Ainsi, le traité sur le fonctionnement de l’UE indique à présent que « l’Union et les États membres favorisent la coopération avec les pays tiers et les organisations internationales compétentes en matière d’éducation et de sport, et en particulier avec le Conseil de l’Europe » (article 165). Toutefois le TFUE ne confère à l’UE qu'une simple compétence d'appui et de coordination, en excluant toute harmonisation des dispositions législatives et réglementaires des États membres en matière sportive. Cette disposition restrictive n'a pas empêché les 28 États membres de mieux coordonner leurs approches, de partager leurs visions respectives, et de converger progressivement vers des politiques communes, sur un fond d'institutions nationales et de cultures sportives qui restent très diversifiées.
Par Colin Miège
Président du Comité Scientifique du Think tank Sport et Citoyenneté
@Colinmiege
Article à retrouver dans la revue 35 du Think tank Sport et Citoyenneté : "Sport et Diplomatie" - à paraitre en août 2016