Se félicitant du travail réalisé, Madame Irina Bokova, la Directrice générale de l’UNESCO, a affirmé que ce texte « marque un tournant : on passe des mots à l’action, de la politique à la mise en œuvre (…) c’est aussi une forte reconnaissance que l’éducation physique est un moteur pour la promotion de l’égalité de genre, l’inclusion sociale, la non-discrimination et un dialogue soutenu au sein de nos sociétés ».
Efficacité, ouverture, lutte contre les dérives
L’ambition de cette révision d’un texte vieux de 47 ans est de tenir compte du retour d’expérience dans un domaine qui n’a cessé de prendre de l’importance tant au niveau individuel que dans les relations entre les États.
L’accent est mis notamment sur les apports de l’éducation physique, de l’activité physique et du sport sur différentes catégories de publics, ainsi que sur le rôle des parties prenantes au sens large (« stakeholders ») dans la mise en œuvre d’une stratégie efficace et dans le respect des contraintes associées au développement durable.
Le texte pose également une exigence nouvelle à l’adresse des intervenants dans ce domaine : la protection contre des dérives telles que le dopage, les manipulations de manifestations sportives, la corruption et la violence. Les violences de genre sont notamment soulignées et leurs causes identifiées (« inégalité, normes sociales infériorisantes, stéréotypes sexuels »). Cette référence, que l’on retrouve dans d’autres documents tels que le « cadre stratégique d’action de la Commission européenne pour l’égalité dans le sport » auquel le think tank Sport et Citoyenneté a contribué, va dans le bon sens[1].
La notion d’inclusion
Le texte insiste enfin sur la nécessaire inclusion des groupes dits « vulnérables et marginalisés ». Les groupes en question étant notamment « les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les femmes, les personnes handicapées, les migrants et les personnes indigènes ».
On notera au passage qu’il est pour le moins choquant de placer les femmes, qui représentent plus de 50% de l’humanité, dans une sous-catégorie qualifiée de marginalisée !
Deuxième remarque : au lieu de pratiquer l’intégration par le respect d’une règle commune, ce qui fait la valeur pédagogique du sport, le texte révisé met explicitement en avant dès son préambule « La diversité culturelle » considérée comme « un héritage intangible ».
Résultat, sur le sujet sensible des codes vestimentaires, l’article 8-1 stipule que « des codes-vestimentaires, doivent être fournis et maintenus (…) en fonction des besoins associés à la culture, au genre, (…) ». Cette orientation est conforme au texte de la « Déclaration de Berlin » de la MINEPS (Conférence Internationale des ministres et hauts fonctionnaires responsables de l’éducation physique et du sport), insistant sur la nécessité d’offrir la possibilité « d’opter pour des tenues adaptées aux capacités comme aux spécificités culturelles, en particulier pour les femmes et les filles ».
Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas de la disparition de la très belle formule de la Charte de 1978 qualifiant l’éducation physique et le sport de « langage universel par excellence ».
Il lui a été préféré une simple référence aux « principes universels mis en avant dans la présente Charte ». Or le seul principe mis en avant dans la nouvelle Charte est celui de l’inclusion de la diversité culturelle.
Le tournant est donc important.
Annie Sugier, Présidente de la Ligue du Droit International des Femmes
Julian Jappert, Directeur du Think tank Sport et Citoyenneté
(*) 5e conférence du MINEPS (ministres et hauts fonctionnaires responsables de l’éducation physique et du sport), 28-30 mai 2013
[1] Sur ce sujet, voir également la revue Sport et Citoyenneté n°20, Dossier spécial « Sport et Violences en Europe », sept. 2012