Le Conseil « Education, Jeunesse, Culture et Sport » est réuni depuis hier à Bruxelles dans le cadre de ses activités pluriannuelles. Les ministres des sports des 28 États Membres de l’UE ont notamment adopté des conclusions sur la prévention de la radicalisation à travers notamment les actions socio-éducatives. Le sport est ainsi reconnu comme un des moyens d’action pertinent pour combattre le phénomène de radicalisation auprès de la jeunesse notamment. Ce Conseil de l’Union européenne intervient alors que le 9 mai dernier, le Premier Ministre français Manuel Valls présentait le plan d’action national contre la radicalisation et le terrorisme qu’il qualifiait alors comme un des « grands défis de notre génération ». Ce rapport reconnaît lui aussi la pertinence du sport et de ses acteurs dans la lutte contre la radicalisation, comme nous l’avions défendu à plusieurs reprises. Le sport est identifié dans ce rapport comme un moyen de prévention « primaire », c’est-à-dire un outil « général et collectif » dont l’objectif est de renforcer la cohésion sociale.
Deux mesures concernant le mouvement sportif viennent compléter le rapport :
- Mesure 41 : Le sport est mobilisé dès le plus jeune âge dans le cadre des « activités périscolaires » pour sensibiliser à la citoyenneté et au développement de l’esprit critique.
- Mesure 45 : L’objectif est de combattre la radicalisation dans le monde du sport amateur en renforçant les contrôles et mise en place de sanctions :
o La mise en place d’une mission nationale d’appui dont la mission sera d’engager des contrôles dans les associations et clubs sportifs. Une cinquantaine d’inspecteurs référents bénéficieront d’une formation dédiée et seront déployés sur le territoire pour effectuer ces contrôles.
o Dans le cas où une situation de radicalisation est avérée, les subventions publics ou encore l’agrément « sport » pourront être retirés à la structure.
Le Think tank Sport et Citoyenneté se réjouit de ces mesures. En effet, le sport est un espace social qu’il appartient aux autorités publiques de préserver de toutes formes de radicalisation. De plus, le sport a la capacité de contribuer à renforcer la cohésion sociale et constitue ainsi un outil de prévention pertinent et efficace, même s’il s’inscrit nécessairement dans la durée. Ce rapport reconnaît la pertinence du sport et l’intègre dans une démarche plus générale de lutte contre la radicalisation.
Comme nous l’avions souligné dans notre synthèse sur la question, ce rapport ne tranche pas la question politique pourtant fondamentale à la lutte contre la radicalisation : qu’est-ce qui constitue un acte de radicalisation dans le sport? La réponse est nécessairement complexe et regroupe un ensemble de facteurs. Pourtant la lutte contre la radicalisation dans le sport ne peut se permettre de contribuer à la stigmatisation d’une partie de la population, elle-même source (parmi d’autres) de la radicalisation. C’est donc cette frontière, nécessairement politique, entre un acte ou un comportement religieux jugé comme signe de radicalisation et une pratique religieuse « normale » qu’il reste à déterminer. C’est sur cette seule base que les inspecteurs nationaux pourront lutter efficacement contre la radicalisation et le terrorisme sur nos terrains.
Sylvain Landa, Direceteur adjoint du Think tank Sport et Citoyenneté
Hamdi Benslama, Chargé de mission, Think tank Sport et Citoyenneté