Vous avez dit « PRODUCTIVISME » ? Echange polémique avec TCHAPAIEV
Nous parlons du PCF (« dans sa courte histoire » dites vous ? …… )
Vous rappelez que dès sa création le PCF adhéra à la IIIème Internationale et apporta un soutien inconditionnel à l’URSS en tant que « porteuse principale d’un système radicalement nouveau » ; périphrase pour dire communiste… ? …J’interprète.
Vous dites que ce faisant, le PCF montra une certaine myopie, …. y compris en France .
Parlons –en ! Avec du recul, en toute sérénité donc.
En 1920 : Qu’est-ce que le communisme ?
Une théorie de K. MARX réduite à une vulgarisation : « la théorie de forces productives » qui, ce faisant, épouse l’ambiance de l’époque : philosophie positiviste et vision du progrès inéluctable des sciences et des techniques et un pays l’URSS : patrie du socialisme. ( je fais dans le synthétique : je m’en tiens à ce point précisément )
Donc ce que j’entends par « productivisme », non pas en général, mais au sein même de la théorie communiste, c’est cette lecture de l’histoire qui voit sa perspective dans la succession inéluctable des forces productives : mode de production féodal , puis mode de production précapitaliste, puis mode de production capitaliste, puis à dimension impérialiste, puis à dimension financiarisée etc …et dans l’attente d’un renversement ( dialectique pour faire sérieux ) : un mode de production communiste sans exploitation .
Je pense que cette perception affecte aussi l’orientation du PCF « de façon immanente c’est à dire sans y songer » pour utiliser vos mots. Même si je n’ai pas suivi les documents-phare dont vous faites état, je sais que le PCF fait une critique de ce matérialisme mécanique, dogmatique ; mais aujourd’hui cette « pensée-productiviste » est de l’ordre de l’imprégnation culturelle ( immanente et non pas «entré par effraction ») . Ce faisant, si elle entrée par effraction, elle ressort sur le terrain des choix politiques concrets.
Aussi, « Le productivisme » épouse divers habillages: la productivité, la compétitivité, le modernisme, la consommation de masses ; ou populaire comme vous dites ; mais là, on procède subrepticement au transfert du « mode de production » à la transcription idéologique de ce même mode de production capitaliste il va sans dire ; mais ça va mieux en le disant.
A noter, que la scission d’avec la SFIO porte sur la question de l’adhésion à la IIIème internationale et non pas sur une quelconque critique « du productivisme » qui, à l’époque, est associé à l’idée de Progrès qui fait déjà consensus dans le monde politique. Dire qu’aujourd’hui : le PS est « productiviste » sous couvert de « compétitivité », c’est dire qu’il est dans la continuité de la SFIO , comme vous l’avez bien noté. Mais dire que pour le PCF, ce problème n’en n’est pas un, c’est aller un peu vite en besogne.
Parce que capitalisme et productivisme sont intimement liés : « Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général » ; c’est un postulat marxiste encore en cours me semble-t-il .
Ainsi pour vous, si je vous ai bien lu, « le productivisme » aurait une fonction utile, une certaine valeur d’usage pour ainsi dire : pour la consommation populaire ( pas chère , je suppose) ; pour les besoins en énergies prévisibles . Tenons nous en à ces deux points.
Pour ce qui est de la « consommation populaire » : elle est lié au niveau du revenu : salaires et prestations sociales. Leur niveau est un enjeu de lutte permanant entre capital et travail ; on appelle ça la lutte pour le partage des richesses.
Le propre du système « productiviste » c’est de dire que la consommation est liée à la croissance ; façon élégante de nier la lutte de classe ; on est alors dans le jeu d’accompagnement pour l’obtention de gains de productivité ; le soit disant donnant-donnant. Et aujourd’hui, nous sommes condamnés à l’austérité à perpétuité qui se double de lois liberticides en matière du droit du travail pour entretenir l’attente du retour de la croissance. Voilà le lien entre productivisme et capitalisme.
Ce ne sont pas les discours anti croissance, en tout cas pas plus que les discours pro-croissance, qui sont la cause ou qui menacent la consommation populaire, c’est le faible niveau de conflictualité que nous avons atteint qui est en cause.
« Les besoins en énergies prévisibles » et » l’idée maîtresse est celle de l’’entrelacement » de la crise du capitalisme avec le problème des ressources naturelles ; tout ça pour nous dire que sur la question du nucléaire les communistes ne peuvent pas décider par « OUI ou NON » .
Alors quelques raisons pour décider quand même :
- Ce n’est pas parce que nous sommes dans une société nucléarisée pour les mille ans à venir du fait du nécessaire traitement des déchets et du démantèlement des centrales nucléaires vieillissantes que nous devons encore attendre une décision du PCF. Nous devons exiger l’arrêt de toutes nouvelles constructions immédiatement ; ainsi que celles en fin de vie. Cela relève d’une prévention des risques élémentaires : c’est le 1er acte de la sortie du nucléaire.
- 2ème acte : Création d’un pôle public de l’énergie pour planifier et financer la transition énergétique ; en l’état une révolution citoyenne est nécessaire pour mettre en œuvre cet acte ; à moins qu’un accident nucléaire nous y précipite, à nous de voir ?
- 3ème indépendance énergétique ; il n’a échappé à personne, et surtout pas aux communistes, que notre approvisionnement en uranium nécessitait de poursuivre une politique guerrière et néocoloniale.
En conclusion un peu de pub: le Manifeste sur l'éco-socialisme est aujourd’hui la référence politique pour une alternative radicale et concrète. C’est un programme à la fois réformiste pour un autre partage de la productivité du travail et l’accès pour tous à des services publics gratuits ; et à la fois révolutionnaire dans ses objectifs d’instaurer « la règle verte » et de produire autrement ; c’est à dire une remise en cause du modèle productiviste.
 
                 
             
            