Après des décennies de délocalisation, face aux défis présents et à venir, la souveraineté énergétique du Vieux Continents dépendait d’une réindustrialisation massive. En quête de liberté, la Commission Européenne s’activait à retrouver autonomie et indépendance, tout en promettant la décarbonation des territoires. Et ce grâce à l’hydrogène, miraculeux substituant énergétique additionnel. Autant d’espoirs contradictoires nécessitant le déploiement semi-décentralisé de quantités d’infrastructures logistiques, ainsi que l’implémentation de réseaux de transport et de stockage, à des échelles internationales, européennes, nationales et interrégionales. Aux yeux de l’UE, les prochaines décennies consisteraient en une gigantesque réorganisation complémentaire des filières industrielles, tant énergétiques, que chimiques, électroniques et agricoles. Les nouveaux moyens de production, de conversion, de stockage et de distribution d’hydrogène, avec ses nombreux dérivés, allaient bouleverser les flux logistiques et les modalités de transports en tout genre, tant de marchandises que de personnes. Ça allait transiter comme jamais !
C’est donc pour satisfaire les désirs de citoyennes et citoyens avertis, que l’Union Européenne s’adaptait aux nécessités écologiques en élaborant pour chaque secteur hydrogène des plans technico-économico-financiers adaptés, afin de maximiser la rentabilité d’investissements garantissant le déploiement de nouvelles capacités, économiquement optimisées. Les secteurs de l’éolien et du solaire s’en frottaient déjà les mains, tandis que lobbyistes et communicants s’appliquaient à verdir le sujet, en concoctant de merveilleux éléments de langage à destination des politiciens et autres propagandistes de plateaux télés.
En parallèle de la construction de méga usines de batteries, de piles à combustibles et d’électrolyseurs derniers cris, la stratégie consistait à multiplier les leviers de diversification économique, en positionnant des ports et des armateurs le long des côtes européennes. La nécessité d’associer une large diversité d’acteurs, artisans et équipementiers aux producteurs d’engrais et de biomasse, imposait de coordonner petites et moyennes entreprises aux multinationales, afin de les préparer à s’ouvrir à l’international. La théorie surpassant la réalité, d’efforts peu écologiques en vue de juteux essors économiques, l’UE souhaitait maximiser les exports d’industriels manufacturiers et agricoles, tout en spéculant sur des matières clés, stocker dans des entrepôts ou des silos, comme les céréales ou les semences. En somme, continuer d’acheter au prix le plus bas et vendre au prix le plus haut, dans l’idée que ruissellent les bénéfices des littoraux vers les campagnes, en espérant qu’ils ne soient pas drainés et détournés dans des paradis fiscaux, ou captés dans des méga-bassines subventionnées avec de l’argent public.

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Confortablement assise dans le train rapide de fibres optiques, la Petite Voix devait au plus vite gagner l’Occitanie pour y rencontrer Karole Dégâts, Présidente de la région, en espérant qu’elle n’ait pas encore eu vent de ce qu’il s’était passé la veille avec Pougnanié. L’entretien était fixé de longue date, il fallait tenter le coup ! Réfléchissant au déroulé de sa journée, la Petite Voix reparcouru en mémoire projective les lieux qu’elle visiterait et les questions qu’elle poserait. L’émission se ferait sans Freud et Jammy, qui avaient préféré ne pas venir, craignant que leurs présences dans un train ou une gare ne soient détectées par une caméra à reconnaissance faciale. Ce qui alerterait immédiatement Sahadey et Pougnanié, qui avaient émis des avis de recherche à l’encontre des trois révoltés. Cachée parmi une infinité d’électrons en mouvement haut débit, la Petite Voix savait comment se dissimuler, mais jusque quand ?
En pleine descente d’échelle, seule, la Petite Voix devrait expliquer le plus concrètement possible comment l’industrie de l’hydrogène révolutionnait les territoires. De Bruxelles aux eaux internationales, exposer les logiques concentriques du déploiement horizontal d’infrastructures industrielles, couplées à des réformes institutionnelles verticales, garantissant investissements sécures et droits de polluer assurés.
ACTE 3 – LE FABULEUX ESSOR OCCITAN DU MERVEILLEUX CORRIDOR H2 IBÉRIQUE
- Bonjour les amis. Pour ce troisième épisode sur l’hydrogène, peut-être l’énergie du futur, je vous propose de voir sur le terrain comment la magie des énergies renouvelables transforme les territoires. En France, une région pionnière opère sa transformation énergétique entre air, terre et mer : l’Occitanie ! Où le Corridor H2 a pour ambition de connecter l’intérieur des terres au littoral, en reliant campagnes, villes et ports. Les promesses de l’hydrogène vert, produit à partir d’énergies renouvelables, stimulent les secteurs ferroviaire, aéronautique et maritime. Pour voir ça de plus près, naviguons vers Port-La-Nouvelle, dans l’Aude, où se construit le troisième plus grand port de commerce sur la façade méditerranéenne française.
GÉNÉRIQUE - Guitare ROCK’N’ROLL - Trop cool.
PShiiiiiiiii - Après être passé devant l’usine du cimentier Lafarce de Port-La-Nouvelle, le camion s’arrête au milieu d’un immense quai en chantier, d’où s’étendent de chaque côté de longues digues.

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- Nous voici à l’endroit où seront construits une usine de production d’hydrogène, ainsi que des bâtiments pour assembler et assurer la maintenance d’éoliennes flottantes. La filière de l’éolien en mer s’est vue offrir un môle dédié, d’une surface de 40 hectares, doté de 2 quais de 200 mètres. Profond de 16 mètres, le port peut accueillir des navires d’un tirant d’eau de 14 mètres. Autrement dit la hauteur de coque sous l’eau...je vous laisse imaginer la taille des bateaux qui importeront et exporteront toutes sortes de marchandises, dont du vrac liquide et solide, comme des céréales ou du gaz. A savoir qu’en 2021, l’Occitanie était la 1ère région exportatrice de produits agricoles bruts de France, avec 16 % de la valeur des exportations nationales. Mais approchons de la jetée, où nous attend Karole Dégâts pour parler de tout cela, on y va !?
Alors que la Petite Voix se dirigeait vers l’eau remuée par une drague à hydrogène faisant un boucan pas possible, Karole Dégâts reçue un sms de son ami Sahadey, sans avoir le temps de le lire : « Bonjour Madame Dégâts, alors que se passe-t-il par ici, on dirait que de grands chantiers sont amorcés ?
- Absolument ! La première pierre du projet Hyd'Occ, qui prévoit l’installation d’une unité de production et de commercialisation d'hydrogène renouvelable, a été posée le 29 juin 2023. Il y a également un projet d’éolien en mer flottant, qui devrait être un des principaux piliers de notre futur mix énergétique renouvelable. Si pour l’instant seules trois éoliennes sont raccordées au réseau, à terme, 40 % de l’énergie d’origine éolienne sera assurée par l’éolien en mer flottant. Port-La Nouvelle est à l’avant garde de la décarbonation de l’Occitanie. Véritable hub logistique multimodal, en passant de 60 à 210 hectares, ce port est la brique logistique centrale de la stratégie REPOS, « Région à énergie positive », qui elle-même s’inscrit dans une solution globale de développement des énergies marines renouvelables en Méditerranée.
- Impressionnant ! J’ai cru comprendre qu’une fois chaque hub développé, il s’agirait dans un second temps d’interconnecter les différents hubs, ce qui permettraient d’acheminer hydrogène et marchandises à travers l’Europe. Ainsi qu’à l’international. A l’exemple de Teréga, constructeur français de gazoduc, qui ambitionne d’interconnecter la France et l’Espagne via le projet européen H2Med - BarMar. Port-La-Nouvelle serait alors un relais essentiel pour relier les dorsales nationales d’hydrogène.

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- Tout à fait. Par ailleurs, Téréga porte le projet HySoW, qui se destine à déployer 600 kilomètres de canalisations pouvant transporter 16 Twh/an d’hydrogène décarboné à travers tout le Sud-Ouest. Cette infrastructure permettra le transit de flux d’hydrogène bidirectionnels Est-Ouest et Ouest-Est, entre Marseille et Bordeaux, tout en alimentant les territoires du grand Toulouse, le pôle industriel de Lacq ainsi que les ports de Bayonne et Port-La-Nouvelle.

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En phase de quasi extase, Karole Dégâts poursuivit : « Autant visionnaire que pionnière, la Région Occitanie s’efforce de bâtir un écosystème complet, en étant dès aujourd'hui présente sur l’ensemble de la chaîne hydrogène, de la R&D à la production, au stockage et à la distribution, mais aussi sur le développement des usages.
- Vous voulez dire que les gens vont devoir s’adapter à de grands changements ?
- Des changements positivement écologiques. Les citoyennes et citoyens vont pouvoir bénéficier de moyens de transports décarbonés. Le premier train à hydrogène fabriqué en Occitanie sera prochainement mis en service sur la ligne Montréjeau-Luchon. Des bus à hydrogène circulent déjà et des stations de distribution d’hydrogène sont placées le long des autoroutes, à proximité des grandes villes. Le Plan Hydrogène occitan se développe à toute vitesse depuis 2019. La Région est engagée autant sur des enjeux de mobilités, que financiers, fonciers, scientifiques et d’innovation. En tant que région pilote, l’Occitanie se mobilise partout où elle peut, pour anticiper le changement climatique.
- Comme près de Béziers, où l’entreprise Genvia prévoit la construction d’une gigafactory, qui à terme devrait produire plusieurs milliers d'électrolyseurs de nouvelle génération par an.
- Effectivement. Soutenue par l’État à hauteur de 200 millions d'euros dans le cadre de France 2030, les technologies conçues par Genvia sont aujourd’hui considérées comme les plus efficaces du marché. Avec l’aboutissement de leurs électrolyseurs haute température à oxyde solide, Genvia garantira une production d’hydrogène décarboné à bas coûts, tout en gravissant une marche déterminante vers un déploiement industriel massif de ces technologies de rupture, d’ici la fin de la décennie.
- De quoi booster les secteurs de l’éolien et du solaire, dont certains projets « prêts à être montés » sont en attente de réalisation, à cause de délais ou de coûts de raccordements trop importants. Pourriez-vous nous dire où en sont les différents projets aujourd’hui ?
- Nous avançons vite. Le 4 décembre 2023, nous avons inauguré la station HYPORT, qui produit et distribue de l'hydrogène renouvelable sur le tarmac de l'aéroport Toulouse-Blagnac, en voie de verdissement. Le 7 décembre nous avons inauguré la plus grande usine de production d’hydrogène renouvelable de France, construite par Lhyfe, à Bessières, au nord de Toulouse. Près de Pamiers, en Ariège, deux stations de production et de distribution d’hydrogène installées par le groupe Ondulia, à proximité de l’A66, permettent aux usagers de s’alimenter en hydrogène vert. Et sont déjà construites, ou en cours de construction, de nombreuses autres stations de distribution.

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Avec une carte interactive où retrouver l’avancée des projets, proposée par la Région, qui ne présente que quelques points de production et distribution, sans révéler l’étendue des connexions entre les projets réalisés, en construction ou en attente de validation :
- Si je comprends bien, les usines de production se situent dans les pôles industriels près des grandes villes, à proximité des aéroports ou des ports de commerce. Et les stations de distribution sont placés le long des autoroutes, là où circulent les poids-lourds provenant d’Espagne, qui gagnent les villes et ports d’Europe du nord, ou du sud vers l’Italie. On aurait là un réseau de stations de production-distribution qui interconnecterait les territoires européens.
- Absolument ! Nous construisons dans le même temps un techno campus à Francazal près de Toulouse, qui sera le plus grand centre européen de recherche, d’essai et d’innovation dédié à l’hydrogène vert, notamment aux mobilités. Cela permettra d’établir un réseau scientifique grâce à Erasmus. Construire un avenir prometteur demande de développer de nouvelles compétences vectrices d’innovation, dont l’économie de l’hydrogène profitera à la création de nombreux emplois.
- Malgré tout de nombreuses voix sont sceptiques quant à la viabilité des projets, entre les quantités d’hydrogène annoncées et nos moyens actuels de production, que répondez-vous à cela ?
- Qu’il faut croire en l’innovation, aux prouesses du Progrès. - A nouveau le téléphone de Karole Dégâts vibra dans sa poche. Mais Karole avait pour règle de ne jamais le regarder lorsqu’elle était interviewée. Prenant sur elle, elle enchaîna méthodiquement : « L’introduction d’électrolyseurs super efficaces va réduire les coûts de production, tout en permettant d’accélérer le déploiement d’énergies renouvelables à partir de nouvelles sources d’approvisionnement, qui jusque là dépendaient de gisements difficilement exploitables, ou encore non autorisées. Laissez-moi prendre un exemple, avec la biomasse. A l’avenir, la production de bio-méthane durable, subventionnée par le Fond européen agricole pour le développement rural (FEADER), va révolutionner les directions des flux énergétiques en Europe. Comment ? Parce qu’avec 15 kg de de biomasse sèche, on peut produire 1 kg d’hydrogène. On a là des potentiels naturels aujourd’hui sous-valorisés, comme la transformation du bois de vigne, par exemple. Avec le réchauffement climatique, la filière viticole va subir des tailles massives, et nous nous assurons d’optimiser ces ressources en aidant les viticulteurs avec des primes à l’arrachage. Par ailleurs, nous prévoyons la construction de retenues hivernales, remplies avec l’eau du Rhône en hiver, pour maintenir les filières agricoles le temps de diversifier les cultures. Mais revenons à l’hydrogène. Produire du bio-méthane réduira la dépendance à des intrants extérieurs, que ça soit en agriculture ou pour l’industrie. Synthétiser notre propre ammoniac est indispensable à l’agriculture pour faire des engrais, à l’industrie textile avec le tannage et la production de tissus synthétiques, à l’industrie cosmétique pour produire des teintures capillaires et à certains produits ménagers. D’où le fait que nous misions sur le développement d’une production de bio-masse à l’avenir.
« Un calcul monstrueux », se dit la Petite Voix, tout en se rappelant d’horribles témoignages d’agriculteurs qui s’étaient essayés à l’agrivoltaisme, quand d’autres, le couteau sous la gorge, s’étaient vues froidement rachetées leurs terres pour y implanter des fermes solaires. Ça devait être ça l’engagement foncier que vantait Dégâts juste avant… Amère, la Petite Voix tenta de réfréner sa colère : « La promesse des électrolyseurs semble belle, mais j’ai entendu que les membranes qui constituaient le cœur des stacks d’électrolyseurs et des piles à combustible, ainsi que de nombreux autres composants de la filière, comprenaient des substances chimiques appartenant à la famille des PFAS. Considérées comme nocives pour la santé humaine et pour l’environnement, la réglementation européenne REACH vise à bannir l’usage des PFAS, est-ce que cela pourrait représenter un frein important au déploiement des technologies hydrogène, alors que l’ARS Occitanie a détecté plusieurs dépassement du taux de PFAS dans l'eau de consommation ?
Karole Dégâts sourit tout en grimaçant : « Ne mélangeons pas les sujets. Néanmoins vous pointez une contradiction qui fait partie des grands défis à relever, à savoir le développement de standards et de normes de qualités au niveau national et européen. La normalisation des technologies et de leurs équipements est un levier majeur pour garantir la compatibilité technique des matériels, l’interopérabilité des systèmes, mais surtout définir des niveaux de qualité, de sécurité et de moindre impact environnemental communs. L’écologie est une prérogative à laquelle nous ne pouvons déroger. Aussi, l’écologie sociale que nous développons se fera en créant des emplois, grâce à une standardisation-normalisation des technologies hydrogènes, qui iront de pair avec celle des composants auxiliaires. Il y aura du travail pour tout le monde !
Tant de langue de bois commença à sérieusement agacer la Petite Voix, qui se fit plus inquisitrice : « Je comprends que vous vous évertuiez à déployer des logiques de circuits « courts et locaux », favorables au tissu industriel territorial, mais plus on regarde dans le détails les multiples pôles hydrogène, moins on y voit de vertus écologiques. On a plutôt l’impression que la Région poursuit des projets qui nuisent à l’environnement, comme l’Autoroute A69, déclaré d’utilité publique par l’État en 2018. Êtes-vous bien sur que ce projet soit écologiquement viable ?
- Évidemment ! Ce projet, qui a fait l’objet d’une procédure de concertation approfondie, répond à une forte attente des territoires concernés. C’est un exemple emblématique des logiques d’aménagement équilibré de notre pays !
- Ça serait surtout l’autoroute le plus cher et le moins emprunté de France. Le déclarer d’utilité publique a raccourcit et simplifié l’octroi des permis, afin que les promoteurs s’accaparent aisément les parcelles autour du chantier. Des entreprises comme Samsolar, ou Solarvia, une filiale de Vinci, se positionnent pour aligner des panneaux solaires sur les « délaissés autoroutiers », comme ils appellent les terres le long du tracé. Terrains qui intéressent de plus en plus les sociétés d’autoroutes. L’hydrogène semble est un vecteur de relance économique industriel et foncier à ne pas louper...
- Cela fait partie des contrats de concession, où la création d'une joint-venture pour l'installation et l'exploitation de centrales photovoltaïques est évoquée sans détour. Ça n’est pas un secret que NGE Concessions, qui a remporté le marché de l'A69, a retenu Gaïa Energy Systems pour l'accompagner dans cette démarche écologique. Je ne sais pas dans quel monde vous vivez, mais vous feriez bien d’un peu mieux comprendre ce qui se joue en Occitanie en terme de transition écologique, grinça des dents Karole Dégâts.
Dans sa poche, son smartphone vibrait sans cesse. En stress, l’irritabilité commençait à l’emporter, ce que recherchait la Petite Voix pour l’amener à se livrer aussi loin qu’elle pourrait : « Vous parlez de transparence, alors que le contrat de l’A69 est protégé par le secret des affaires. Toutes les parties essentielles qui concernent notamment le plan de financement et la politique tarifaire sont grisées, vous parlez d’un intérêt public...! N’y a t-il pas là des conflits d’intérêts entre Atosca, Pierre Fabre et plusieurs élus locaux, avec vous qui arbitrez juridiquement les arrangements ?
- Mais qui êtes-vous pour me parler comme ça !? Vous n’
- Non vous écoutez-moi ! On vous a assez entendu mentir comme ça ! L’accès massif au foncier est un enjeu majeur pour les porteurs de projets qui veulent installer des sites industriels. Mais les multinationales sont confrontés à des contraintes qui limitent l’accaparement et l’artificialisation des terres, et à un refus des populations. Pour l’acceptabilité sociale, la police se charge de réprimer les résistances, quand de votre côté vous rassurer et favoriser les industriels avec des réformes, comme avec la votation en 2023 d’un projet de loi sur l’industrie verte, qui vise à accélérer la réindustrialisation de la France. Autrement dit, doper la concurrence en facilitant la conversion et l’implantation d’industries au cœur de territoires stratégiques. Et plus on s’y intéresse, moins ça semble écologique !
Peu habituée à ce qu’on lui parle de la sorte, lèvres crispées, Karole ouvrit de grands yeux prêts à démolir la Petite Voix, qui à nouveau ne lui laissa pas le temps de dire mot : « Au vu de l’acharnement sur les militants contre l’A69, je me demandais si vous vous efforciez de terminer au plus vite l’A69 avant l'application des lois Zéro artificialisation nette en 2030 ? Et si cet autoroute inutile et nuisible ne servait pas à justifier le déploiement des acteurs de l’hydrogène, le long du tracé et tout autour ? Paraît-il que la proximité de route à forte circulation favoriserait l'obtention d'aides européennes pour construire des usines de production d’hydrogène...
Excédée, n’en pouvant plus de sentir vibrer sa poche, Karole Dégâts décrocha furieusement en hurlant : « Quoi encore !? Qu’est-ce tu me veux Rudolphe ?!
Quand Karole leva les yeux, la Petite Voix était déjà loin, en transition vers d’autres aventures dans des câbles numériques. La Petite Voix aurait apprécié demander à Karole Dégâts si sur le littoral occitan était envisagée le déploiement d’usines de désalinisation « vertes », alimentée par hydrogène renouvelable. « Ce sera pour une prochaine fois, ou pas… » s’amusa la Petite Voix.
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Les promesses de décarbonation européennes et mondiales allaient-elles s’inscrire dans une logique de décroissance globale ? Ou l’hydrogène renouvelable s’additionnerait aux autres énergies, dans des logiques prédatrices d’accaparement des dernières ressources accessibles à moindre coûts ?
Afin d’éviter que les sociétés ne basculent dans un monde à la Mad Max, sans plus de fascination pour une apocalypse esthétisée, anticipant un réel cruellement mortel, Freud voulait partager quelques réflexions à Jammy à propos des luttes d’aujourd’hui et demain. Au fil du siècle, il allait falloir s’adapter à l’omnipotence d’une surveillance de plus en plus centralisée et intrusive, avec des moyens restreints pour les populations, tandis que se dégraderont les conditions matérielles. Les plus précaires trinquant en premier, dans le malheureux constat que l’extrême droite les avaient fatalement trahi en les desservant. Face aux multiples périls à venir, Freud n’en doutait point, nombreuses seraient les existences qui retrouveraient sens et espérance dans la résistance. Ne restait qu’à s’organiser.
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