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Billet de blog 3 juillet 2013

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Pour se reconstruire, un toit oui avec ....un accompagnement adapté!

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Les Enfants de Don Quichotte Toulouse

 Militants au sein de l’association les Enfants de Don Quichotte, veuillez trouver  quelques éléments de réponses suite à l'article de Mathieu ARNAL publié dans le magazine Friture et sur le blog dans le journal Médiapart à propos du programme « Housing First »,  « Un chez soi d'abord »

 En préambule nous tenons à dire que nous avons dès le début soutenu et appelé de nos voeux ce programme spécifique, y compris en y intégrant des travailleurs pairs.

 L’une de leur fonction justement est la transformation du regard des professionnels,  avec l’objectif que ces derniers  puissent faire évoluer  leurs pratiques afin qu’ils  s’adaptent  au plus juste aux besoins du patient/usager.

En tant qu'association militante, aux Enfants de Don Quichotte, ce sont toujours les personnes à la rue ou issues de la rue qui guident nos actions. Ce sont eux les experts, et oui nous militons  pour qu'ils soient intégrés en tant que tel dans la formation des soignants/éducateurs amenés à prendre en charge ce public.

 En revanche  cette possibilité d’entraide, se nourrit de l’expérience vécue et de la capacité de la partager et non d’une place définie. C’est justement le fait que ces pairs-aidants ne soient pas des professionnels, mais justement des pairs qui leur donnent cette pertinence dans l’accompagnement de certains des leurs.

Les mettre en position de soignants/éducateurs, c’est les invalider en tant que pair. En outre se pose la question de la confidentialité, de l’accès au dossier médical et du recul vis à vis “d'histoires de rue passées” entre les ex-personnes à la rue devenues travailleurs pairs et ceux qu'ils sont censés prendre en charge en toute « objectivité. »

 Le fait qu'à Toulouse les travailleurs pairs s'occupent d'anciens co-galériens de la rue entraîne parfois des attitudes éthiquement très contestables

 Venons-en à l'article proprement dit. Nous connaissons, à Toulouse plusieurs personnes prises en charge par ce programme expérimental. Le fait qu'il soit d'ailleurs expérimental pose un réel problème éthique, car les personnes prisent en charge ne sont en aucun cas rassurées sur la finalité de ce programme. Alors qu'elles ont besoin de stabilité et d'assurance en l'avenir pour se reconstruire, le programme les maintient dans un flou, facteur d'angoisse majeure.

 Pour exemple la plupart du temps, le loyer du logement trouvé par le PACT 31, est trop élevé pour quelqu'un touchant le RSA. Le reste à vivre une fois celui-ci payé n'est que d'une grosse centaine d'euros.

Tant que le programme existe (durant 2 ans) le loyer est maintenu artificiellement bas par une aide  au logement. Cette aide se terminera à la fin du programme. Les personnes relogées n'ont aucune certitude d’intégrer un logement HLM (donc accessible) à la fin de la prise en charge. Pourtant il serait possible de le faire dès l'entrée du programme.

 À notre connaissance seule une personne y a accès pour le moment, grâce à la pression que Les Enfants de don Quichotte ont pu mettre sur un organisme HLM et le programme “un chez soi d'abord”.

 Quant à « la rampe sans faille » que constitue  l'accompagnement  il est beau sur le papier mais complètement mensonger. Nous vous livrons, non sans colère, ces quelques constats  pour les personnes que nous  accompagnons vers le programme et qui continuent à militer au sein de l'association :

-        Sur l'astreinte pour les crises et les urgences : aucune, les équipes ne sont pas joignables 24h sur 24, loin de là, elles sont même très peu joignables ni par l'usager, ni par le voisinage parfois désemparé face aux comportements, explicables, mais déstabilisant de la personne suivie pour troubles psychiatrique. Lorsque les voisins appellent, personne ne se déplace ni ne répond, même dans les 24h.

-        Sur la prise en considération et l’accompagnement : il est insignifiant, les problématiques somatiques exprimées, même relativement urgentes, ne sont pas prises en compte en temps et en heure, voire niées.

-        Sur le suivi quotidien : de fait il n'est pas spécifique, on ne parle que de prise en charge sociale, jamais l'accompagnement psychiatrique n’est abordé.

-        Les visites au domicile n'ont même pas lieu toutes les semaines, alors «3 fois»...cela est très hypothétique.

 Pour faire bref, de nombreuses questions et demande de soins, légitimes, sont souvent sans réponse. Pour exemple, une de nos militante actuellement en squat qui doit être relogée (depuis 1 ans...on est loin de la dizaine de jours annoncée par l'article), attend toujours qu'on l’informe :

Quand verra-t-elle un médecin ? Quel jour aura lieu son déménagement ? Avec qui ? Avec quels moyens etc…...Que de questions sans réponse….  facteurs d’angoisse !

 Nous sommes hélas très loin d'une prise en charge idyllique présentée par votre «article» que nous n'estimons pas digne d'un journal d'investigation et que nous qualifions plutôt de «communiqué de presse du programme».

En effet Mr Arnal  vous prenez comme unique point de vue celui des personnes employées par le programme, sans esprit critique ni recul, et utilisez les outils de propagandes (vidéos) de ce programme gouvernemental.

 Quant à l'efficacité théorique de l'expérimentation chez nos voisins nord-américains, nous ne sommes évidemment pas en capacité de la vérifier ;il convient néanmoins de l’aborder avec prudence nous signalons entre autre  que la FNAPSY a pu vérifier sur une expérience similaire ( les pairs aidants en psychiatrie) qu'entre la théorie idéalisée et mensongère et la pratique réelle il y avait une grande différence ( http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=1174 ).

 Souhaitant vivement que vous ne vous contenterez pas du regard biaisé des personnes employées par ce programme, nous sommes à votre disposition pour un complément d'information

 Cordialement

Les Enfants de Don Quichotte.

 Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas l’association des Enfants de Don Quichotte sachez que nous sommes bénévoles, nous agissons toujours et à la demande des personnes mal logées et avec elles ; elles seules guident nos pas, nos actions visibles ou pas, nos coups de gueule médiatiques ou pas … nous sommes libres de notre parole, nous ne touchons aucun euro de l’État.

Isabelle Bricaud

Stella Montebello

Pour les Enfants de Don Quichotte  eddq31@gmail.co

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