J'écris du Lac de Garde, cette petite mer intérieure du nord de l'Italie qui, avec son microclimat méditerranéen, ne descend jamais en dessous de zéro et me donne ainsi l’illusion de ne pas vivre dans le Nord.
Ce nord de la Lombardie, foyer de l'épidémie du Covid19, connu maintenant dans le monde entier aux côtés des villes de Wuhan, New York, Madrid, par le nombre d'infections et de décès.
J'habite à vingt-cinq kilomètres de Brescia, Milan est à moins d'une centaine, Bergame, Crémone encore moins. Des villes où les seuls sons qui transpercent le silence immobile de cette époque traumatisante sont ceux imaginés du sifflement rampant du virus, et ceux inaudibles par l'oreille humaine des ultrasons des chauves-souris chinoises. Résonances internes étranges. En cette absence de bruit, ici où j'habite, dans le golfe de Salò, la vie des gens s'est adaptée passivement à l'isolement imposé ; elle est soudain devenue ordonnée et obéissante, résignée, dépendante. Tous auto-isolés dans la panique individuelle, tous complices de la pédagogie disciplinaire imposée par la peur de l'invisible.
Comme si enfin quelqu'un avait pu donner un nom au sentiment provisoire et d'incertitude qui s'était imposé dans la précarité de notre époque.
Le roi est nu : et sa nudité nous a révélé toutes les déceptions de la doctrine libérale.
Jusqu'à récemment, le système de santé italien considéré par les analystes comme l'un des meilleurs au monde*, sous la hache du bourreau aux yeux bandés par la pandémie, s'est effondré rapidement, comme la maisonnette de chaume construite sur le sable dans le conte de fées pour enfants Les trois petits cochons.
À Brescia, dans le plus grand hôpital de la ville, 350 agents de santé - dont des médecins et des infirmières - ont été testés positifs, un des 51 médecins et 6414 agents de santé italiens infectés est décédé aujourd'hui. Les paradigmes sont inversés : l'hôpital, lieu par excellence du soin, est désormais le véritable multiplicateur de l'infection. À Bergame, durant les nuits sans lune, des centaines de camions militaires en file transportent les cadavres des morts, précipitamment fourrés dans des sacs à ordures, vers d'autres régions, en raison de la surcharge des fours de crémation et des sépultures.
Le village où je vis, trois hameaux d’un peu plus de trois mille habitants au total, observés ces jours-ci par un regard inconscient, pourrait être confondu avec un endroit idéal où passer une hors-saison comme les autres : les premiers touristes arrivent généralement pour Pâques. Si ce n’est par quel fait subtil les indigènes nous effraient plus que les autres : la « Riva » excessive et richissime n’est plus, de même que les bateaux à moteur offshore des riches ont disparu, plus de ferries touristiques, plus de bateaux de pêche. L'eau du lac reste immobile, sans sillons, un miroir fixe d'une couleur plombée et opaque, son souffle silencieux. En un temps furtif, cadence vitale, le lac semble avoir pris des aspects inquiétants et menaçants. Comme des enfants écossais attendant Nessie dans leurs lits, nous, regardant le lac au crépuscule, construisons de nouveaux cauchemars : on s'attend à ce que notre monstre du Loch Ness se lève soudain des eaux douces, le feu entre les mâchoires. Le bassin est devenu silencieux depuis le Covid19, au point qu’on entend les voix de l'autre rive tels les chuchotements des vierges enlevées par les nobles du XVe siècle pour leurs fêtes sadiennes, violées puis jetées dans les puits. On peut percevoir le bruissement de leurs gémissements provenant de ces fonds dans les répliques des palais renaissances. De rivage en rivage. L'écho des sirènes des ambulances enraye le sommeil déjà interrompu par les dernières nouvelles du journal de la nuit sur la tendance de l'infection. Le maire envoie à chaque citoyen un message par jour sur WhatsApp, avec les chiffres tant redoutés, et conclut toujours avec la même phrase : « restez à la maison ». Aujourd'hui, le pays en compte 14 : 2 morts et 12 positifs au coronavirus, isolés mais infectés.
La rive opposée du lac et de la pandémie marque ainsi une limite à notre propre confinement forcé. À nos spectres cloîtrés et claustrophobes, vivant dans les chambres de notre intériorité tandis que le néobuonisme et le simili-patriotisme sont endémiques à l'extérieur. Des draps aux fenêtres avec les mots suivants : « tout ira bien », des dessins d’enfants multicolores, des post-it sur les lampadaires, les drapeaux italiens et l'hymne national diffusés dans les rues, à fort volume, à 12 h 30 tous les jours. Voitures de police locales avec des haut-parleurs pré-enregistrés ordonnant à chacun de rester à la maison. Épigraphes rhétoriques de cette soumission désirée par des citoyens obéissants, ordonnés et disciplinés. Une sorte d'effet secondaire, presque morbide, de mesures généralisées, punitives et cadenassantes, comme s'il s'agissait d'un test grandeur nature et global de contrôle total. Il suffit d'attendre la phase suivante, peut-être déjà en cours : culpabiliser les gens. Ainsi nous obtiendrons l'intériorisation dans le récit collectif de la domination médiatique de l'information, inhibant toute rébellion contre l'ordre établi.
Nous sommes tous enfermés dans nos chambres avec vue sur le lac.
Nous absorbons de manière boulimique des sons comme de la nourriture, nous restons connectés, reliés, étourdis et écrasés par des informations contradictoires continues et simultanées du monde entier et des canaux officiels des institutions dont nous ne nous souvenons plus des compétences. Nous ne pouvons tolérer de ne pas comprendre et nous continuons à télécharger des formulaires d'auto-certification à remplir qui changent tous les jours, afin de sortir acheter du tabac, des médicaments, de la nourriture. En réalité, aucun protocole médico-social de gestion-prévention-thérapie praticable et utile n'a été identifié pour sauver des vies. La mort plane entre les rayons de soleil comme un rideau blanc effiloché par le vent, opale. Nous la respirons dans nos relations affectives quotidiennes, exacerbant les conflits et les agressions sans signification ni raison apparente.
Est entré en vigueur l’internement de l'âme. Nous nous sommes transformés en êtres « bannis », des êtres auto-confinés dévorés par la peur. Nous ne nous séparons jamais de nos gants en latex, masques, flacons désinfectants : l'inséparable E.P.I. - Équipement de protection individuelle. Le précieux EPI usé, maintenu serré car il est devenu impossible à obtenir, et toujours près, derrière, attaché au corps, contaminateur potentiel, qui est soudainement devenu notre propre ennemi. Les bouteilles d'oxygène sont devenues introuvables, paradoxe extrême de ce même lac qui abritait autrefois des sanatoriums vivement conseillés aux malades pulmonaires en raison de la qualité thaumaturgique de son air. La distance de sécurité d'un mètre et demi imposée dans la rencontre avec l'autre ternit à elle seule les rêveries possibles. Je regarde et vois la Vierge Noire du Sanctuaire de Carmine passer par la fenêtre, suivie de deux prêtres : une procession hallucinée sans croyants.
Le récit qu'ils nous imposent est catastrophique et sans issue.
Je m’interroge, pour les besoins de mon récit personnel, singulier, sur le rapport au temps. Sur cet instant présent. Comment cela a-t-il changé ? Qu'est-ce qui a changé ?
Je ne voudrais pas que ce soit un temps suspendu, un temps d'attente ininterrompu, non choisi, non régi en dehors de mes propres rythmes. Je ne pense pas qu'être exposé au temps signifie perdre cette caractéristique du temps lui-même, d'être un peu comme une balançoire, un temps de l'âme qui voyage entre le passé, le présent et le futur. Je ne veux pas être cloué dans un présent sans issue. Je veux toujours pouvoir virevolter comme un clown de parc d'attractions dans le temps, pour pouvoir imaginer ce qui va arriver.
Avant ce choc du virus, je marchais tous les jours, longtemps, sur les crêtes entre les oliveraies et le lac. Je vivais beaucoup à la maison, je vivais la maison, souvent seule. En ce moment, l’étendue désiré du trajet est restreinte par des mesures de contrôle.
Il ne me reste que l’autre. La maison où j'essaye de « construire une tanière ».
J'ai relu Bouddha qui enseigne la pratique « d'apprendre à être ».
J'essaie de pénétrer et de greffer, parmi tous ces trop de mots et la mort qui s'en rapproche, très proche, une pensée imaginaire, pour offrir à mon regard des horizons plus ouverts, plus larges. J'essaie d'accueillir le ciel. Je respire par la fenêtre cette nature qui regagne du terrain, nous encerclant dans nos maisons, j'observe de loin les animaux s'approcher stupéfaits des zones habitées, dans le silence insolite de la suspension. Une nature repeuplée d'animaux et de fleurs en parade nuptiale printanière, prélude de nouveaux sauvages possibles.
Ils ont l'intention de trouver de nouvelles façons d'être au monde. Progressivement, non sans effort, j'abandonne le mythe du contrôle, brisé par les événements.
Je pratique le détournement cognitive, inventant des images de sensation, d'étonnement, d'ouverture. Je n'essaye pas de museler ma peur, je la laisse s’accrocher à ma chair jusqu’à la douleur, aux larmes et j'attends les tremblements qui arrivent ponctuellement et secouent mon corps.
Je ne peux pas encore me duper, je ne peux pas me bâillonner, je dois vraiment passer par là. Cette peur.
Halte, je m'arrête où je suis et respire, je respire en écoutant ce lien subtil et invisible qui sous-tend tout, tout le monde.
Il n'y aura plus de normalité, car la normalité était le problème. Nous payons le prix de notre zone de confort.
Marina Guarneri
San Felice del Benaco, 28/03/2020
(Traduit de l'italien par Stéphane Léger)
* En Italie, nous avions un SSN, un système de santé unique (L.833 / 1978), c'était la santé publique et défendait « la santé des citoyens en tant que bien universel ». Par la suite, le système a été régionalisé et transformé en 20 systèmes de santé différents et concurrents. Les autorités sanitaires locales (ASL) ont été activées, avec une logique de profit et de marché. Les privatisations de nombreux hôpitaux ont été soutenues et parrainées. La Lombardie en est un exemple significatif. 1981: 450 000 lits, 2017: 230 000 lits. Au fil des ans, des coupures de 37 milliards d'euros et une réduction drastique des effectifs ont été opérées au fil des années (- 46 500 entre médecins et infirmières), avec pour résultat remarquable d'avoir perdu plus de 70 000 lits, ce qui, en matière de soin intensif, d'une actualité dramatique aujourd'hui, signifie être passé de 922 lits pour 100 000 habitants en 1980 à 275 en 2015.
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Non ci sarà più la normalità, perché la normalità era il problema.
Scrivo dal lago di Garda, quel piccolo mare interno del nord Italia che, con il suo microclima mediterraneo non fa mai scendere la temperatura sotto lo zero e mi illude così di non vivere al Nord.
Quel Nord Lombardia centro del focolaio del Covid19 che ora viene conosciuto nel mondo accanto alle città di Wuhan, New York, Madrid per numero di contagi e decessi.
Vivo a venticinque chilometri da Brescia, Milano ne dista meno di cento, Bergamo, Cremona ancora meno. Città in cui gli unici suoni che squarciano il silenzio immobile di questo tempo traumatico sono quelli immaginati del sibilo strisciante del virus e quelli inudibili da orecchio umano degli ultrasuoni dei pipistrelli cinesi. Lugubri risonanze interne.
In questa assenza di rumori, qui dove vivo, nel golfo di Salò, la vita delle persone si è adeguata passivamente all'isolamento imposto, si è fatta di colpo ordinata e ubbidiente, rassegnata, eterodiretta. Tutti autoisolati nel panico individuale, tutti aderenti alla pedagogia disciplinare imposta dalla paura dell'invisibile.
Come se finalmente qualcuno fosse stato in grado di dare un nome alla sensazione di provvisorietà e incertezza che si era fatta, negli ultimi precari tempi, dominante.
Il re è nudo: e la sua nudità ci ha mostrato tutti gli inganni della dottrina liberista.
Il sistema sanitario italiano fino a qualche tempo fa considerato dagli analisti tra i migliori del mondo*, sotto la scure del boia bendato dalla pandemia, è crollato fulmineamente, come la casetta di paglia costruita sulla sabbia nella fiaba per bambini dei Tre Porcellini.
A Brescia, nel maggior nosocomio cittadino, 350 sanitari – tra medici e infermieri – sono risultati positivi, uno, dei 51 medici deceduti e 6414 sanitari italiani contagiati, è morto oggi. Si invertono i paradigmi: l'ospedale, luogo elettivo delle cure, è ora il vero moltiplicatore del contagio. A Bergamo, nelle notti vuote di luna, centinaia di camion militari incolonnati portano i cadaveri dei morti, infilati di fretta nei sacchi dell'immondizia, in altre regioni per sovraccarico dei forni di cremazione e sepoltura.
Il paese dove risiedo, tre frazioni poco più di tremila abitanti in tutto, osservato in questi giorni da uno sguardo ignaro, potrebbe essere scambiato per un'ideale location di un fuori stagione come un altro: i primi turisti, di solito, arrivano per Pasqua. Se non fosse per quel dato sottile che a noi indigeni spaventa più di altri: niente più sproporzionati e costosissimi Riva, motoscafi offshore dei ricchi, niente più traghetti per turisti, barche di pescatori. L'acqua del lago rimane immobile e non solcata, uno specchio fermo dal colore plumbeo, opaco, il suo fiato silente. In poco tempo da presenza vitale, il lago pare abbia assunto sembianze incombenti e minacciose. Come bambini scozzesi che attendono Nessie nei loro lettini, noi, guardando il lago all'imbrunire costruiamo nuovi incubi: ci si aspetta da un momento all'altro che il nostro autctono mostro di LochNess si alzi di colpo dalle dolci acque con il fuoco tra le fauci. Il bacino si è fatto silente da Covid19, cosi tanto che si odono le voci dell'altra sponda come sussurri delle fanciulle rapite dai nobili del quattrocento per le loro feste sadiane, violentate e poi buttate nei pozzi, si sentono i fruscii dei lamenti provenire dal fondo dei pozzi dei riflessi palazzi rinascimentali. Da sponda a sponda. L'eco delle sirene della ambulanze scalfisce i sonni già interrotti dalle ultime notizie dei TG della notte sull'andamento del contagio. Il Sindaco invia ad ogni singolo cittadino un whatsapp al giorno con i numeri temuti e chiosa sempre i messaggi con la stessa frase: “state a casa. Oggi il paese ne conta 14: due morti e 12 positivi al coronavirus, isolati ma contagiati.
La sponda opposta del lago e della pandemia segna così un confine al nostro stesso obbligato confino. Al nostro essere spettri claustrali e claustrofobici, respiranti dentro le stanze della nostra interiorità mentre in esterno dilagano neobuonismo e similpatriottismo. Lenzuola alle finestre con la scritta: “andrà tutto bene”, i disegni multicolori dei bambini, i post-it sui lampioni, le bandiere italiane e l'inno nazionale diffuso per le vie, a volume elevato, alle 12.30 di ogni giorno. Le auto della polizia locale con gli altoparlanti preregistrati che ordinano di stare tutti a casa. Epigrafi retoriche di quella sudditanza auspicata da cittadini obbedienti, ordinati e disciplinati. Una sorta di effetto collaterale, quasi morboso, delle misure generalizzate, punitive e ingabbianti, come fosse una prova aperta e generale del controllo totale. Dobbiamo solo attendere la seconda fase, forse già in atto, quella della colpevolizzazione delle persone: si otterrà così l'interiorizzazione nella narrazione collettiva, del dominio mediatico della informazione, inibendo qualsiasi ribellione verso l'ordine costituito.
Siamo tutti serrati dentro le nostre camere con vista lago.
Assorbiamo bulimicamente i suoni come i cibi, restiamo collegati, connessi, frastornati e schiacciati da continue e simultanee informazioni contraddittorie provenienti da tutto il mondo e dai canali ufficiali delle istituzioni di cui non ricordiamo più le competenze. Non possiamo tollerare di non capire e continuiamo a scaricare moduli di autocertificazione da compilare che mutano ogni giorno, per poter uscire ad acquistare tabacco, farmaci, alimenti. In realtà non è ancora stato individuato alcun protocollo di gestione-prevenzione-terapia medico-sociale percorribile e utile a salvare vite umane. La morte aleggia tra le lame di sole come una tenda bianca sfilacciata nel vento, opalina. La respiriamo nel quotidiano delle nostre relazioni affettive inasprendo conflitti e aggressioni senza senso e motivo apparente.
E' scattata la reclusione dell'anima. Ci siamo trasformati in esseri “banditi”, autoreclusi divorati dalla paura. Non ci separiamo mai dai nostri guanti in lattice, dalle mascherine, dalle boccette di disinfettante: gli inseparabili D.P.I.- Dispositivi di Protezione Individuale. I preziosi DPI consunti, tenuti stretti stretti perché divenuti ormai introvabili e sempre appresso, addosso, appiccicati al corpo, potenziale untore, divenuto improvvisamente nostro stesso nemico. Sono introvabili le bombole per l'ossigeno paradosso estremo di questo stesso lago che un tempo ospitava Sanatori e Colonie vivamente consigliate ai malati polmonari per la qualità taumaturgica della sua aria. La distanza di sicurezza di un metro e mezzo imposta nell'incontro con l'altro da sé appanna le visioni possibili. Mi affaccio e vedo passare dalla finestra la Madonna Nera del Santuario del Carmine su un motocarro, seguita da due preti: un'allucinata processione senza credenti.
La narrazione che ci stanno imponendo è catastrofica e senza vie d'uscita.
Mi interrogo, per la salvaguardia della mia personale e irripetibile narrazione, sulla relazione col tempo. Intorno a questo tempo. Com'è cambiato? Cosa è cambiato?
Non vorrei fosse un tempo sospeso, un tempo di attesa ininterrotto, non scelto, non governato dai miei ritmi. Essere esposti al tempo non credo significhi perdere quella caratteristica del tempo stesso di essere un po' come una altalena, un tempo dell'anima che viaggia tra passato, presente e futuro. Non voglio rimanere inchiodata a un presente senza vie d'uscita. Voglio ancora potermi piroettare come un clown del luna park nel tempo che sarà, poter immaginare quello che verrà.
Prima di questo trauma del virus, camminavo ogni giorno, lungamente, sui crinali tra gli uliveti e il lago. Vivevo molto anche in casa, vivevo la casa, spesso sola. In questo momento, la desiderata dimensione del cammino è impedita dalle misure di controllo.
Mi resta solo l'altra. La casa, in cui cerco di “fare tana”.
Rileggo Buddha che insegna la pratica “dell'imparare a stare”.
Cerco di intuire e di inserire, tra tutte queste troppe parole e la morte che si fa vicina, vicinissima, un pensiero immaginale, di offrire al mio sguardo orizzonti più aperti, più vasti. Cerco di accogliere il cielo. Respiro dalla finestra questa natura che sta riconquistando terreno, accerchiandoci nelle nostre case, osservo da lontano gli animali che si avvicinano sbalorditi agli abitati, nel silenzio inusuale della sospensione. La natura che si ripopola di animali e fiori in parata nuziale di primavera, preludio di nuovi selvaggi possibili.
M' intenziono a trovare nuove vie per stare al mondo. Abbandono progressivamente, non senza fatica, il mito del controllo, frantumato dagli eventi.
Pratico il distoglimento cognitivo inventando immagini di senso, di stupore, di apertura. Non tento di imbavagliare la mia paura, la lascio scorrere a uncinare la mia carne fino al dolore, alle lacrime e attendo i tremori che puntualmente arrivano e mi scuotono il corpo.
Non posso ingannarmi ancora, non posso imbavagliarmi, devo proprio attraversarla. Questa paura.
Sosto, mi fermo nello stare e respiro, respiro ascoltando quel legame sottile e invisibile sotteso a tutto, a tutti.
Non ci sarà più la normalità, perché la normalità era il problema. Paghiamo il prezzo della nostra comfort zone.
Marina Guarneri
San Felice del Benaco, 28/03/2020
* In Italia avevamo un SSN, Sistema Sanitario Unico (L.833/1978), era la sanità pubblica e tutelava “la salute dei cittadini come bene universale”. In seguito il sistema è stato regionalizzato e trasformato in 20 sistemi sanitari diversi e in competizione tra loro. Sono state attivate le ASL, Aziende sanitarie Locali, con logiche di profitto e di mercato. Sono state sostenute e sponsorizzate le privatizzazioni di molti ospedali. La Lombardia ne è significativo esempio. 1981: 450.000 posti letto, 2017: 230.000 posti letto. In tutta la nazione negli anni sono stati effettuati tagli da 37 miliardi complessivi e una drastica riduzione del personale (- 46.500 fra medici e infermieri), con il brillante risultato di aver perso più di 70.000 posti letto, che, per quanto riguarda la terapia intensiva, di drammatica attualità, significa essere passati dai 922 posti letto ogni 100mila abitanti nel 1980 ai 275 nel 2015.
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