Dans les pages "Opinions" du New York Times, un article porte une attaque aussi violente qu'argumentée contre la politique américaine, et plus largement occidentale, menée en Syrie. L'auteur en est Kapil Komireddi, un journaliste indien, qui a écrit sur l'Asie du Sud, l'Europe de l'Est et le Moyen-Orient. :
http://www.nytimes.com/2012/08/04/opinion/syrias-crumbling-pluralism.html
L'article du New York Times est traduit en partie ici et commenté par Shamus Cooke:
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=12518
« L’opposition [l’armée Syrienne Libre] armée et financée par l’Arabie Saoudite a "nettoyé" la province de Homs de 80 000 chrétiens en les chassant de chez eux... en mars et ces chrétiens ont petit à petit abandonné l’espoir de rentrer chez eux un jour. »
« Le nettoyage ethnique perpétré par les rebelles [l’Armée Syrienne Libre] a conduit une partie des Sunnites qui au départ soutenaient les rebelles et des Syriens qui hésitaient entre les deux camps à se rallier à Assad. Beaucoup de gens qui auparavant considéraient le régime comme une kleptocratie, le voient maintenant comme le meilleur défenseur du pluralisme [ethnique et religieux] en danger. »
La complicité des Etats-Unis
Cette soudaine volte-face révèle des faits qui sont connus depuis longtemps par le gouvernement et les médias étasuniens. Le New York Times ajoute :
« Washington est conscient de l’ampleur du problème [fanatisme religieux et persécution des minorités]. Déjà en juin 2011, Robert Stephen Ford, l’ambassadeur étasunien en Syrie, avait prévenu ses homologues à Damas de ce qu’Al Qaeda avait infiltré les forces de l’opposition. En s’entêtant à soutenir la tentative de l’Arabie Saoudite pour déstabiliser la Syrie, Washington, loin d’aider Israël ou d’affaiblir l’Iran, contribue a créer une crise humanitaire qui reviendra hanter les Etats-Unis. »
En résumé : les politiciens étasuniens des deux partis politiques ont menti au public sur la vraie nature du conflit en Syrie parce que le spectacle d’un pays non allié des Etats-Unis détruit par de barbares luttes ethniques et religieuses leur donnait un avantage politique.
Un dernier extrait de l’article du New York Times :
« L’indifférence apparente de la communauté internationale à la dégradation de la situation des minorités religieuses syriennes -et le fait que les gouvernements occidentaux unis contre Assad n’aient quasiment jamais critiqué les forces d’opposition- nourrit un profond sentiment anti-étasunien parmi les Syrien laïcs qui voient les Etats-Unis s’aligner sur l’Arabie Saoudite, le berceau du Wahhabisme [sunnisme extrémiste], contre l’état le plus résolument laïc du monde arabe. »
Voilà. il a fallu plus d’un an, mais tout à coup, tout n’est plus blanc ou noir dans la guerre syrienne, ce n’est plus les bons contre les méchants. Il n’est pas question de porter le gouvernement syrien aux nues, mais la dévastation infligée au pays l’a été sur de fausses prémices à l’instigation de puissances étrangères - l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis - qui voulaient à tous prix annihiler le pays pour isoler l’Iran et faciliter le renversement de ce dernier. Prétendre que cette entreprise meurtrière est une avancée de la démocratie - comme l’ont fait les politiciens et les médias étasuniens - n’est pas seulement un sommet d’hypocrisie ; cela rentre dans la catégorie réservée à ceux qu’on appelle des criminels de guerre.