Le 17 août, le Service d’information de l’Etat égyptien (SIS) a publié un communiqué qui reproche à certains correspondants étrangers de "s’éloigner de l’objectivité et de la neutralité", et par conséquent de transmettre à leur public "une image déformée" des événements dans le pays. "L’Egypte ressent une profonde amertume face à la couverture tendancieuse de certains médias occidentaux, favorables aux Frères musulmans, et qui préfèrent ne pas faire la lumière sur la violence et les actes terroristes commis par ce groupe", peut-on lire dans le communiqué.
D’après Service d’information de l’Etat égyptien (SIS), les médias occidentaux seraient coupables de sept manquements dans leur couverture de la situation. Non seulement ils ferment les yeux sur les "brutalités et le sabotage" des Frères musulmans, mais quelques-uns d’entre eux "s’abstiennent toujours de présenter les [manifestations anti-Morsi] du 30 juin comme l’expression de la volonté du peuple". Autrement dit, le gouvernement égyptien réfute l’idée, qui circule dans les médias internationaux, que le renversement de Morsi ait été un coup d’Etat militaire.
Le communiqué accuse également la presse occidentale de taire le soutien que des étrangers et des djihadistes apportent aux Frères musulmans.
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Le ministre des Affaires étrangères Nabil Fahmy a tenu une conférence de presse le matin du 18 août, avant laquelle un document intitulé L’Egypte affronte le terrorisme : 14-16 août a été distribué aux journalistes. Le ministre a ensuite critiqué certains représentants de la communauté internationale qui appelleraient exclusivement le gouvernement égyptien à faire preuve de retenue, tout en "ignorant toutes les violences et les attaques contre des bâtiments publics".
Ces reproches exprimés officiellement à l’égard de la presse étrangère coïncident avec la multiplication des agressions contre les journalistes alors qu’ils couvrent les événements du Caire.
Patrick Kingsley, du Guardian, Abigail Hauslohner, du Washington Post, Alastair Beach, de The Independent, Matt Bradley, du Wall Street Journal, et Nancy Youssef, de McClatchy, ont tous été pris à partie par les forces de sécurité égyptiennes ou des par civils au cours des derniers jours.
Le journaliste brésilien Hugo Bachega a également été interpellé alors qu’il couvrait les manifestations le 16 août, de même que le réalisateur John Greyson et le médecin urgentiste Tarek Loubani, tous deux canadiens, dont on est pour l’instant sans nouvelles.
http://www.courrierinternational.com/article/2013/08/19/la-presse-occidentale-dans-le-viseur-du-gouvernement