Une profonde colère à l’énoncé du verdict. C’est le sentiment qui prévaut pour Carole. L’altération psychique retenue par les jurées réduit la peine maximale encourue par l’auteur des viols jugés aux assises de Lyon la semaine dernière. Pour elle : « une déresponsabilisation qui pathologise sa haine des femmes », exprimée pendant le procès. La colère encore à l’égard de l’enquête menée depuis 2010, qu’elle juge bâclée, et pour la dissociation des trois viols jugés à Lyon de celui commis à Troyes en 2015 pour lequel un nouveau procès d’assises est à venir. Mais aussi le dépit de constater que les propos de son agresseur, qui a été présenté comme un homme bien sous tout rapport n’ayant pas le profil d’un violeur, ont été pris trop souvent pour argent comptant. L’étonnement enfin : aucun journaliste n’est présent pendant les trois jours d’audience.
Pourtant, il y a eu l’affaire Weinstein, puis la vague #MeToo et une certaine exposition médiatique des violences faites aux femmes. Pourtant, ce sont des viols en série pouvant être rapprochés des féminicides de Guy Georges. Dans la nuit du 24 janvier 2010, Romain Clément agresse et viole deux jeunes femmes dans les rues de Lyon. En 2011, une troisième, puis une quatrième en 2013 pour laquelle un non-lieu est prononcé malgré les convictions des enquêteurs. Le mode opératoire se répète et semble déjà rodé dès la première agression. « Je ne pouvais pas être la première victime », pense Carole. C’est aussi pour cela qu’elle a écrit son texte. Ensuite en 2015, une connaissance de Romain Clément porte plainte pour viol à Troyes. Son ADN le trahit et le rattache aux agressions commises à Lyon cinq ans plus tôt.
Le viol comme arme de destruction des femmes, c’est ce que raconte Carole dans le texte que nous publions ci-dessous avec son accord. Il a été rédigé moins de 48 heures après le verdict de la cour d’assises où son violeur a été condamné. Il veut témoigner de l’indicible. Sur les trois victimes de ce procès, une n’a pu être retrouvée et entendue par les jurés. L’autre a exprimé devant les jurés que sa vie heureuse s’était arrêtée en 2010.
* Le prénom a été modifié à la demande de la victime