
« Nous sommes détournés de notre but premier qui est d’être en relation avec les patients », constate Jérôme, infirmier à Angoulême. « Nous devons être de plus en plus sur un ordinateur à coter des actes ou être des managers d’équipe. » Ces nouvelles activités sont mal vécues par une partie du personnel soignant. Les agents, qu’ils travaillent à l’hôpital ou dans d’autres services publics, partagent le sentiment d’être éloignés de leurs missions, celles les ayant conduits à choisir leur métier.
« Si tu remplis tous les papiers réclamés par l’administration et que tu changes de programme à chaque fois qu’on te le demande, tu as une telle quantité de travail que cela te détourne de ta mission d’origine », affirme Fabienne. Institutrice depuis une vingtaine d’années, elle observe qu’une partie de ses collègues sont débordés par les tâches administratives. À La Poste, outre la transformation des bureaux accueillant du public en boutiques à tout vendre, la distribution du courrier semble devenir secondaire pour l’opérateur postal. Pour les facteurs, cap sur la vente et les nouveaux services.
Mission de services rentables
« Demander à tout le monde sur la tournée : Vous ne voulez pas m’acheter des timbres ?. C’est quelque chose qui me rend mal à l’aise », avoue Robert. Facteur depuis 1986 il n’est pas davantage convaincu par les nouveaux services proposés par La Poste. « Tous les jours, il y a un nouveau truc à faire, installer une tablette chez une personne âgée ou faire une prestation Veiller sur mes parents. Mais ils ne prennent pas le temps de nous expliquer, c’est fait à l’arrache. » Loin de donner du sens à son travail, Robert peine à adhérer à ces changements. « Les personnes âgées sont une vache à lait », regrette-t-il. Aux antipodes d’un esprit tourné vers le service rendu au public d’un métier qu’il aime encore.