C’est le sujet qui monte chez les gilets jaunes depuis quelques semaines : bloquer le pays par la grève. Déjà, le 10 janvier, dans une dizaine de villes, des délégations de gilets jaunes sont allées à la rencontre des organisations syndicales pour les impliquer dans leur mobilisation. Un début de changement de cap pour un mouvement d’abord franchement hostile aux syndicats, malgré des rapprochements ici, ou là, comme à Toulouse dès le mois de décembre. Autre signe d’une évolution de stratégie : des distributions de tracts sur certains ronds-points depuis la mi-janvier, appelant pour certains à la grève générale au début du mois de février.
Depuis, la CGT a fixé seule une nouvelle date de mobilisation interprofessionnelle pour la journée du 5 février. C’est aussi la date qu’a choisie Eric Drouet pour annoncer sur Facebook dans la nuit une grève générale illimitée. Le message avec son affiche appelant au blocage total a été partagé plus de 9000 fois sur le seul groupe de la France en colère, en une dizaine d’heures. Pour autant, le passage des manifestations de rues les samedis aux journées de grève dans les entreprises risque de se heurter aux mêmes difficultés que celles rencontrées par les syndicats pour mobiliser massivement les salariés. En attendant, les gilets jaunes sont nombreux à se poser des questions sur leurs droits dans les entreprises.
La grève : mode d’emploi
Contrairement au idées reçues, il est plus facile, en droit en tout cas, pour un salarié du privé de se mettre en grève que pour un travailleur de la fonction publique. Pas besoin d’un syndicat, d’un préavis ou d’un délai de prévenance pour arrêter le travail. Le droit de grève, c’est-à-dire « la cessation collective et concertée du travail en vue d’appuyer des revendications professionnelles » est garanti par la Constitution.