Apprendre aux élèves à construire aujourd’hui le monde durable de demain, telle est la raison d’être de l’éducation au développement durable.
En 2015, 184 pays ont déclaré collectivement s’engager dans la Stratégie Education 2030 portant une nouvelle vision pour l’éducation : « Reconnaissant le rôle primordial de l’éducation en tant que vecteur principal du développement et de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notre vision est de transformer la vie grâce à l’éducation. Cette nouvelle approche est portée par une vision humaniste de l’éducation et du développement fondée sur les droits de l’homme et la dignité, la justice sociale, l’inclusion, la protection, la diversité culturelle, linguistique et ethnique, ainsi que sur une responsabilité partagée. Nous réaffirmons que l’éducation est un bien public, un droit fondamental et un préalable à l’exercice d’autres droits » (Déclaration d’Inchéon)
https://uis.unesco.org/en/file/1559/download?token=Nn6VgIpd
L’éducation au développement durable propose un changement de paradigme. L’éducation doit devenir transformatrice. Elle doit interroger les perceptions individuelles, les représentations collectives, elle doit aider à construire la vision d’un monde durable, elle doit initier le changement social en faveur des valeurs et des pratiques de la durabilité.
Dans ses intentions, l’éducation au développement durable vise à faire acquérir aux élèves les 8 compétences essentielles de développement durable : analyse systémique, réflexion critique, résolution intégrée des problèmes, connaissance de soi, analyse normative, coopération, anticipation, conception stratégique.
Concrètement, le référentiel mondial de l’éducation au développement durable (https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000247507), proposé par l’UNESCO en 2017, comprend 255 objectifs d’apprentissage qui sont à la fois cognitifs, socio-émotionnels et comportementaux. L’approche est intégrée. Pour changer de modèle, pour impulser collectivement des pratiques durables, apprendre à coopérer, à se mettre en lien, apprendre à anticiper les effets de ses actes est tout aussi important que de comprendre la complexité des phénomènes conduisant à la destruction des écosystèmes naturels et sociaux.
L’éducation au développement durable repose sur des pédagogies actives et transformatrices : il s’agit d’initier des processus créatifs collectifs selon une démarche de projet qui rend les élèves acteurs de leurs apprentissages.
Dans les établissements scolaires, toutes les disciplines sont mises à contribution pour concevoir les activités d’apprentissage EDD : organisations de journées mondiales (éco-days), participation à des défis, élaboration de fresques, jeux de rôle EDD, projets d’entrepreneuriat durable, dessins du futur d’un territoire, sortie pédagogique, calcul d’empreinte, cartographie des controverses, etc.
L’approche est globale. Elle suppose l’implication de l’ensemble des personnels des établissements scolaires ainsi que les parties prenantes locales. Elle est mondiale puisqu’il s’agit de prendre conscience de l’impact de l’humanité sur l’écosystème terrestre auquel elle appartient. Elle est aussi locale, puisqu’il s’agit de passer à l’action, concrètement, à l’échelle de chaque territoire.
Cette image idyllique de l’éducation au développement durable, celle qui a été proposée par l’UNESCO et qui fait l’objet de deux résolutions de l’Assemblée Générale des Nations Unies est pourtant très éloignée de la réalité vécue en établissements scolaires. Dès 2020, la Feuille de route EDDpour2030 (https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000374891), constatant que le leadership des gouvernements n’était pas démontré, invitait les acteurs de l’éducation à se saisir par eux-mêmes de l’EDD en transformant les environnements d’apprentissage, en renforçant les capacités des éducateurs, en autonomisant et en mobilisant les jeunes, en accélérant l’action à l’échelle locale.
En 2023, une enquête de l’UNESCO menée dans 166 pays auprès de 17 500 jeunes (https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000383615_fre) montre que les élèves estiment que les systèmes éducatifs ne les préparent pas aux enjeux de la durabilité du 21ème siècle et revendiquent des enseignements interdisciplinaires, des méthodes d’apprentissage centrées sur les élèves, expérimentales et réflexives.
Pourquoi un tel décalage entre les intentions de la Stratégie Education 2030 rendues opérationnelles par les recommandations de l’UNESCO et les réalités de terrain en établissements scolaires ?
L’éducation au développement durable repose sur le paradigme de l’éducation complexe et suppose un profond changement de la culture professionnelle des enseignants. Or en 2025, celui-ci ne s’est pas encore opéré. La grande majorité des enseignants conserve une perception très transmissive de leur métier les conduisant à proposer des enseignements très technicistes n’interrogeant aucunement les valeurs et les visions du monde. Cette approche descendante, en transmettant des savoirs existants sans interroger la norme sociale, encourage la reproduction des pratiques destructrices des écosystèmes terrestres.
Dans un monde où le modèle économique de l’influence pousse les individus à devenir des consommateurs effrénés, sans réflexion sur l’empreinte écologique et sociale de leurs achats, il devient urgent de défendre les valeurs de la durabilité. Dans un monde où la culture concurrentielle dominante pousse les jeunes vers des activités économiques permettant de maximiser les gains privés sans considération pour les coûts sociaux qu’elles peuvent engendrer, il devient urgent de montrer les contributions que chacun pourrait apporter à la contribution d’un monde durable.
Faire de l’éducation au développement durable, apprendre aux élèves les valeurs de la durabilité, leur montrer les contributions qu’ils pourraient apporter à la construction d’un monde durable supposerait que les enseignants s’emparent de leur pouvoir d’agir et se convertissent aux approches globales, transformatrices, centrées sur les élèves. En 2025, en ordre de grandeur, à nuancer selon les contextes, il n’y a que 3 à 6% des enseignants disposés à s’engager dans de telles pratiques, ce qui correspond à 1 à 2 enseignants par écoles, collèges ou lycées alors que la masse critique nécessaire pour impulser le changement de culture professionnelle est au minimum de 6 à 7 enseignants par établissement, ce qui représente environ 15% des effectifs.
Pourtant, les réseaux d’éducation au développement durable sont actifs et les ressources éducatives libres (REL) ne manquent pas.
Le réseau TousPourEDD a déjà diffusé plus de 350 REL d’éducation au développement durable sur ses fils Bluesky (https://bsky.app/profile/touspouredd.bsky.social) et Mastodon (https://mastodon.social/@touspouredd).
Ce qui manque souvent aux enseignants dans les établissements scolaires, c’est l’effet d’entrainement. Lorsque les activités d’apprentissage EDD sont portées par différents acteurs sous forme de Partenariats, on constate une plus grande adhésion des enseignants. La démarche de partenariat s’inscrit dans la logique de l’Objectif de Développement Durable 17 qui montre l’importance des partenariats.
Le réseau TousPourEDD lance un appel aux Partenariats EDD. Il s’agit de lancer collectivement des campagnes d’éducation au développement durable en proposant des démarches, des ressources libres et des activités d’apprentissage auxquelles les établissements scolaires peuvent souscrire.
Concrètement, le référentiel EDD recommande différentes approches paraissant particulièrement pertinentes pour l’éducation au développement durable :
- les éco-days (Journées mondiales) : il s’agit d’accompagner les élèves pour leur permettre de construire des ateliers permettant de montrer comment il est possible de passer à l’action, collectivement, de façon concrète, sur son territoire sur un sujet porté par les Journées mondiales : finance durable, zéro déchets, alimentation durable, refus de la misère et des inégalités, mobilités douces, lutte contre le changement climatique, éco-conception, égalité femmes-hommes, basse empreinte numérique, préservation de l’eau, célébration de la Terre, habillement durable, préservation de la biodiversité, préservation des océans, etc,
- défis et challenges : il s’agit de relever collectivement des défis lancés aux niveau mondial, national ou régional : défi énergie, défi mobilité, défi alimentation, défi numérique responsable, etc,
- entrepreneuriat durable : il s’agit de montrer aux élèves les possibilités d’engagement professionnel dans des métiers durables, régénérateurs des écosystèmes ou à faible empreinte écologique et sociale, selon le modèle de l’éco-conception,
- projets créatifs littéraires ou artistiques à vision durable : il s’agit de lancer des concours suscitant la créativité des élèves en les invitant à produire des œuvres portant les valeurs et la vision de la durabilité,
- jeux de rôle EDD : il s’agit de proposer des concours de négociation des concours d’éloquence, des débats réglés, de mettre en place des Parlements des jeunes portant sur des sujets de durabilité.
Toutes ces approches contiennent un volet éthique (s’interroger sur les valeurs, sur les conséquences de ses actes), un volet prospectif (construire une vision du monde), un volet stratégique (faire des choix collectifs), un volet coopératif (s’enrichir des contributions des autres) et un volet opérationnel (passer à l’action).
Nouer des partenariats EDD permet de lancer collectivement des campagnes EDD en proposant des ressources éducatives libres aux établissements scolaires. Ces partenariats sont démonétisés. Les accords de principe émanant de ces partenariats consistent à mutualiser des pratiques, à coconstruire des actions et à relayer ensemble des campagnes EDD.
Pour rejoindre les Partenariats EDD et connaître les orientations de la Stratégie EDD pour 2025-2026, il suffit de contacter le réseau TousPourEDD à l’adresse :
ou en utilisant le formulaire de contact sur le site de l’association :