Changement de paradigme : la fin de l'espace temps économique unique et mondialisé

Difficultés chez Amazon, Tweeter, Tesla etc., la fin d'une époque, mais laquelle? Jusqu'à la 1ère crise du COVID, s'était installée l'idée que l'économie planétaire n'allait devenir qu'une seule et même entité; et que même si des fractures politiques existaient, elles seraient toujours derrière la naissance d'un intérêt économique uniforme et d'une puissance indépassable que celle des GAFAM. Autrement dit, l'histoire et la géographie avaient un " sens" définitif, celui de l'installation d'une société capitaliste à l'efficacité croissante, ne tenant plus compte des distances, ni du prix de l'énergie, ni des frontières, ni même des écosystèmes économiques locaux, ou des écosystèmes tout court. La création d'un monde en forme de continuum d'espace temps intensifiant à coup de Deliveroo et autre Uber son emprise sur la vie quotidienne peut apparaitre à la fois utile, logique et efficace. Malgré la misère générée, l'exploitation des rythmes de travail, la surexploitation de la nature, et tout le malheur de la disparition des échelons économiques plus fragiles, leur quêtes et leurs conquêtes paraissaient sans limites autres que celle de "nous", les consommateurs. Mais voilà. Une crise sanitaire qui non seulement n'en finit pas mais se désynchronise d'un pays à l'autre, ne permettant pas son règlement international une bonne fois pour toute, une crise militaire et diplomatique au cœur de l'Europe qui déjà retisse dans l'ombre silencieusement le nouveau partage du pouvoir planétaire, des finances étatiques sous profondes crises de part la quantité des dépenses dont on sait désormais qu'elles ne seront jamais remboursées, et voilà notre continuum espace temps cassé, brisé ! Les investissements gigantesques financés avant crise les yeux fermés par le système financier n'ont plus aujourd'hui les perspectives d'hyper profits calculés il y a 3 ans seulement : usines massivement arrêtées en Chine, renforcement de la compétitivité américaine, effondrement de l'Euro, etc, les données sont non seulement perturbées mais elles le sont de manière durable. Autrement dit , les alignements nécessaires à garantir l'accaparement universel de la vie économique par une poignée d'entreprises est en train de se fissurer, voir même d'être compromis durablement. Ce temps d'arrêt vient de marquer aussi en 2022 la perte de croissance et de confiance en bien des startup, tant leur modèle en germination n'était que le début possible d'un emballement planétaire créant leur valeur future. C'est donc toute la projection spéculative de la création de la valeur qui se retrouve désormais à l'arrêt. Il faudra désormais plus compter sur la valeur locale, coopérative, les synergies de territoires, plutôt que sur des "autoroutes de la soie" qui ne verront pas le jour, manquant désormais de leur motif profond, celui d'un temps économique qui me semble révolu. La question est de savoir si la récession qui s'annonce s'accompagnera ou non d'une forte crise financière, s'accompagnera ou non de la naissance d'un modèle économique respectueux de l'humain et de la planète.