Hier soir, Jean Daniel a parlé comme si c'était la dernière fois d'un sujet qu'il n'a cessé d'aborder, avec rigueur et constance mais sans rigidité, depuis 1956. Ce sujet, son sujet, Israël, les Arabes, la Palestine donne son titre à un gros livre rouge qui désormais réunit toutes les chroniques qu'il a tenues sur ce thème depuis ce premier reportage publié dans L'Express et pour lequel il avait rencontré David Ben Gourion.
Cela fait trente ans que je lis Jean Daniel sur le sujet, son sujet, et s'il m'a lassé depuis bien longtemps sur d'autres questions, et notamment la politique française, il continue de m'intéresser dès lors qu'il aborde Israël, les Arabes, la Palestine. J'y retrouve toujours la plume de celui qui, le premier, m'a donné envie de faire ce métier de journaliste.
Sans doute est-ce à cause de cette dette, de la timidité qui en résulte, toujours est-il que je n'avais jamais rencontré Jean Daniel. Hier soir, pour la première fois, je l'ai entendu parler en public. C'était à la Maison de l'Amérique Latine, boulevard Saint-Germain, à l'occasion de la parution de ce gros livre rouge. Il était entouré de l'ami Elias Sanbar, aussi brillant et chaleureux qu'à l'habitude, et de l'habituel Régis Debray qui crut bon nous prévenir que, désormais, on allait voir ce qu'on allait voir : il allait lui-même s'occuper du problème... L'ensemble était mené par Edwy Plenel qui choisit d'ouvrir, clin d'œil à Aimé Césaire, par quelques vers de Mahmoud Darwich.
Après que de sincères et forts compliments lui furent adressés pour ce qui, rétrospectivement et pour une fois, apparaît comme une monumentale œuvre journalistique, Jean Daniel, fatigué, à peine audible, prit la parole. D'abord pour remercier puis très vite pour nous adresser, à tous, assez solennellement, un message. Il faut l'écouter. (il suffit de cliquer sur la flèche grise ci-dessous)
Jean Daniel, Israël, les Arabes, la Palestine, Galaade éditions, 29,90 euros.