Le soutien prémédité et scandaleux apporté par Emmanuel MACRON à un acteur pourtant mis en examen pour viols (émission C à vous du 20/12/2023) a eu pour effet immédiat - et sans doute était-ce l'un des objectifs - de passer au second plan, voire d'invisibiliser, l'adoption, la veille, de la 29e loi immigration depuis 1980, mais cette fois sous les applaudissements et avec les voix du Rassemblement National.
Marine LE PEN n'a pas manqué de signaler qu'il s'agissait là d'une "victoire idéologique" puisque la loi votée est à ce point discriminante que le Ministre de l'Intérieur lui-même a reconnu que des mesures du texte "sont contraires à la Constitution". Rien que ça ! Il se trouve que cette expression – la "victoire idéologique" – Marine Le Pen l'avait déjà employée à propos d'un tout autre sujet ; l'éducation.
"Les discours de Monsieur BLANQUER sont (...) pour nous une victoire idéologique mais même maintenant une victoire politique" expliquait-elle sur RTL le 8 décembre 2017. Car dès l'arrivée d'Emmanuel MACRON à l'Élysée, le monde de l'éducation n'a plus du tout tourné rond. Le Rassemblement National n'a ainsi quasiment rien eu à reprocher à Jean-Michel BLANQUER, pourtant confortablement installé tout au long d'un interminable premier quinquennat malgré des fautes innombrables.
On remarquera au contraire la rage haineuse dont a été victime son successeur Pap NDIAYE, non pour sa politique éducative *inscrite dans une consternante continuité, mais sur sa personne. Il suffit de relire les propos d'une rare violence tenue par Marine LE PEN parlant du "choix terrifiant pour les parents et grands-parents" de voir arriver à la tête du ministère de l'Education nationale 'un homme qui défend l'indigénisme, le racialisme et le wokisme".
Il aura suffi que lui succède Gabriel ATTAL pour qu'aussitôt les critiques cessent. Il faut dire que le nouveau ministre a montré qu'il portait les solutions de ceux qui n'en ont aucune : uniforme, redoublement et groupes de niveau. Surtout, tout en favorisant l'enseignement catholique privé chantre du séparatisme social, il a pris la décision qui allait empêcher toute critique du Rassemblement National : l'interdiction de l'abaya, perçue alors comme une mise au pas des musulmans.
Quatre mois plus tard, Louis ALIOT, maire frontiste de Perpignan, semble conquis par les annonces intempestives et gesticulations médiatiques du ministre ATTAL. S'il constate qu'il est venu "piller les mesures de notre programme", il se montre satisfait : "Pour une fois qu'il y a quelqu'un qui vient sur des terrains un peu difficiles. Et ces terrains-là, ce sont les nôtres en l'occurrence" (RTL, 09/01/2024). Une façon de dire que le nouveau ministre était venu chasser sur ses terres mais avec un talent indéniable pour le braconnage.
Depuis, Gabriel ATTAL a déjà quitté le ministère où il n'aura même pas passé 6 mois, le temps suffisant pour se voir offrir par des médias complices - les mêmes qui avaient fabriqué le produit MACRON - la panoplie d'un présidentiable. Il a constitué un gouvernement que n'aurait pas renié SARKOZY, le visiteur du soir de l'Élysée qui profite de ses peines avec sursis pour bâtir librement l'union des droites et de l'extrême droite dans laquelle la macronie dérivante pourrait venir s'échouer avec l'approbation posthume de Patrick BUISSON.
Voilà dans quel contexte détestable me parvient la réaction outrée d'un enseignant qui a souhaité – plus que jamais en ces temps de répressions bureaucratiques – conserver l'anonymat. Je préciserai simplement que j'avais déjà accueilli ici sa lettre au ministre BLANQUER : "École : on achève bien les "choyés", en juillet 2021 (https://blogs.mediapart.fr/sylvain-grandserre/blog/260721/ecole-acheve-bien-les-choyes).
Voici donc sa Lettre ouverte au pRésideNt macRoN
Sylvain GRANDSERRE
X : @GrandserreSylv1
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Lettre ouverte au pRésideNt
Monsieur, certain.es déplacent les montagnes, vous êtes encore plus fort : vous déplacez votre majuscule, vous la doublez et vous la colorez.
Désormais, je vous orthographierai ainsi : macRoN. Ce sera plus simple et plus clair.
Et votre exploit est contagieux : boRNe, daRmaNin, veRaN…
Beaucoup dans votre gouveRNement pavoisent.
En ce début d’année, voici quelques conseils en vrac (moins chers que ceux de McKinsey) :
Vous vous adressez régulièrement à tous.tes les Français.es.
Contactez en particulier les personnes qui ont inséré votre bulletin dans l’urne au(x) deuxième(s) tour(s). Expliquez-leur pourquoi votre incantation « en même temps » n’est pas infaillible. En effet ces personnes ont espéré un barrage mais n’ont reçu qu’un marchepied. Quelle surprise ! Encore plus la deuxième fois…
La biodiversité vous tient à cœur.
Prenez-soin des membres de votre gouveRNement qui ne sont pas (encore) mis en examen ou qui ne sont pas exemptés voire dispensés de condamnation : leur nombre diminue drastiquement.
Vous êtes très occupé, et c’est normal. Pour représenter la France à votre place, vous envoyez parfois un des deux anciens Présidents de la République. Mais quatre fois le même ?
Comparez les deux casiers judiciaires, votre choix sera moins honteux …
Enfin, si vous avez une jeune cavalière dans votre entourage.
Téléphonez-lui. Déconseillez-lui de participer à une chasse à l’homme. Et soyez fier d’elle, surtout lorsqu’elle fait du manège (équestre) en public…
J’ai encore d’autres sujets à aborder mais le rejet (NB pas celui des étrangers) arrive. Je vais m’arrêter là.
Maintenant que la France a le bouclier qui vous manquait, portez-vous bien dans la startup nation. Et encore bravo pour l’ajout macRoNien à ce proverbe ancien :
Nul n’est censé ignorer la loi, sauf si c’est un avocat, ministre de surcroit.
Marseille, le 01/01/2024