SylvainPö (avatar)

SylvainPö

Abonné·e de Mediapart

60 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 mars 2020

SylvainPö (avatar)

SylvainPö

Abonné·e de Mediapart

Place Wagram

La pluie s'est arrêtée, le soleil est réapparu derrière les nuages qui filaient. Je lui ai proposé d'aller marcher avant qu'il ne fasse nuit.

SylvainPö (avatar)

SylvainPö

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La pluie s'est arrêtée, le soleil est réapparu derrière les nuages qui filaient. Je lui ai proposé d'aller marcher avant qu'il ne fasse nuit.

Nous nous sommes habillés et nous sommes descendus prestement.

En sortant, j'ai été cueilli par la bise et les bruissements sur le boulevard détrempé.

Et puis, nous sommes partis en direction de la place Wagram.

Au moment de franchir le boulevard Pereire, le soleil de cinq heures nous a rejoints dans l'axe de la petite ceinture.

Illustration 1

Il éclairait de splendeur la façade d'une bâtisse du 19ième.

Je lui ai répété deux fois: "Qu'il est beau le Paris haussmannien après une giboulée!".

Et puis, nous avons poursuivi en direction de la porte d'Asnières.

Au passage piéton, je lui ai signalé une plaque d'immeuble qui indiquait que Sarah Bernhardt y avait résidé.

Et puis, nous avons obliqué à gauche rue Nicolas Chuquet, nous étions curieux de découvrir la médiathèque Edmond de Rostand. Avant d'atteindre celle-ci nous avons contemplé un bâtiment Art Déco. Il trouva hideuse la médiathèque. Je balayai son mépris en mettant en avant les trésors culturels censés s'y trouver.

Et puis, nous avons longé la rue Philibert Delorme dont l'écriteau mentionnait qu'il était né "vers 1510" et mort "vers 1570". Il m'a dit: "Il avait 60 ans". Je lui ai rétorqué: "Vers 60 ans".

Nous avons constaté avec surprise la présence d'une tour moyenâgeuse juste avant d'arriver sur la place Loulou-Gasté.

Il m'a dit: "C'est bizarre, il y a un grand trou". Je n'ai pas su quoi répondre.

Et puis, il est allé voir ce que cachait le drapeau au milieu de la rue Alfred Roll. En revenant, il m'a dit: "C'est l'ambassade du Togo".

Et puis, nous nous sommes embarqués dans la rue Eugène Flachat. Nous nous sommes arrêtés devant des hôtels particuliers, nous étions surpris de les voir à cet endroit de la capitale. Le plus majestueux, juste avant d'arriver sur une grande place sans nom, faisait miroiter une plaque de notaire aux couleurs or.

Et puis, nous avons continué vers la porte de Champerret.

En longeant le boulevard Berthier, nous avons échangé quelques réflexions, il semblait que les données du problème étaient maintenant plus claires.

Alors que nous traversions le square Jérôme-Bellat, la solution est presque apparue. Là, sous les derniers rayons. Nous avons respiré un grand coup.

Nous avons laissé sur notre droite la porte de Champerret et avons emprunté la rue d'Héliopolis. J'ai été incapable de lui expliquer l'origine de ce nom. A l'angle avec la rue Guillaume Tell, il y avait une statue d'un garçonnet avec une pomme rouge sur la tête. Il m'a questionné. Je lui ai répondu: "C'est un personnage."

Rue Jean-Baptiste Dumas, nous nous sommes fixés longtemps devant deux pierres de taille et avons admiré les ornementations.

Un peu plus loin, le décor a changé. Une imposante construction des années cinquante en brique rouge a surgi. Je lui ai dis: "C'est le style fonctionnel". Il n'a pas repris, il y avait trop de sous-entendus.

En prenant vers l'ouest, rue Bayen, nous avons reçu une bourrasque de vent en pleine figure.

Et puis, nous avons mis cap au sud, rue Roger Bacon. Au bout de celle-ci nous nous sommes figés à l'entrée d'une avenue privée (de Peterhof) fermée par une lourde grille en fer forgé. J'ai tourné sur moi-même en observant les rares passants.

Je l'ai entendu dire: "Je sais ce que je vais faire". Je lui ai demandé: "Tu es sûr?".

Il a acquiescé du regard pendant quelques secondes. J'ai inspiré profondément en le dévisageant, j'étais heureux.

Nous sommes rentrés sans dire mots par la rue Guersant.

La nuit était tombée, le ciel était pur, le vent cisaillait nos pommettes, des larmes de vent suintaient.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.