La France manque de masques et de gel hydroalcoolique mais elle ne tarit pas de donneurs de leçons. Ils ont éclos un peu partout, des y-avait-qua, des y-faudrait-quon ou des jvous-lavais-bien-dis.
Avant COVID-19, on les distinguait à peine, ils étaient occupés à gagner leur vie, à courir. Désormais confinés, ils n’ont d’autres activités que de partager leurs ruminations. Analyse des courbes, benchmarks, spéculations. Ils cherchent. Un petit ding dong sur votre smartphone et vous découvrez, entre deux séries Netflix, une nième stratégie pour lutter contre la propagation du virus. Merci WhatsApp, sans toi, nous serions passé à côté de ces paroles prophétiques, de cette néo-morale. J’en fais partie, j’ai cédé à la mode. Mea Culpa.
Avouons que c’était gagné d’avance. Je suis relégué au télétravail, je n’ai pas besoin de me lever tous les matins pour aller – la boule au ventre – faire le caissier dans un supermarché, conduire une ambulance, soigner des patients, livrer des colis Amazon, surveiller les allées et venues des resquilleurs du confinement. Non, je reste à la maison et je conjecture. Domi Sum, Ergo Cogito.
L’idéal ne serait-il pas de mettre au service de la lutte contre LE fléau les millions de désoeuvrés en bonne santé coincés derrière leur ordinateur en imaginant un système de rotation avec ceux qui sont en première ligne. Trop de monde à l’état-major à palabrer ou à prédire et pas assez sur le champ de bataille.
Et puis, quand les français arrêteront-ils de donner des leçons à la terre entière ? Les droits de l’homme, universels ? Œuf corse. Mais ce qui est avant tout universel c’est d’aspirer à vivre.
A Singapour, vous savez le pays qui - pour les ignares – est le pays où on ne peut pas mâcher de chewing-gum, la contrée où tout est soi-disant interdit, et bien à ce jour il n’y a que deux décès et ceci sans être assigné à résidence. (Densité - France : 100 hab./km2 – Singapour : 8600 hab./km2).
Non, ils n’ont pas mis les malades en prison. En revanche, ils ont mis à profit leur intelligence collective, ont anticipé, ont appris de leurs expériences passées, ont fait des réserves de masques, ont mis au point des protocoles pour isoler, ont inventé des technologies pour tracer les individus contaminés. Et milles autres choses. Mais surtout, ils sont restés DIS-CI-PLI-NéS. Je vous entends déjà dire « bêtes et disciplinés ».
Je sais, je sais mais vous l’avez pensé très fort.
Non, discipliné genre CI-VI-QUE, vous saisissez ?
Car le civisme, n’en déplaise aux français, le civisme donc est la première des règles fondamentales de vie en société. En respectant les gestes barrières, le social distancing, les singapouriens ont manifesté leur fraternité envers leurs compatriotes. Inutile de vous gargarisez de discours de gauche si vous n’êtes même pas capable d’attendre avant de traverser que le petit bonhomme passe au vert. Si nous sommes cloîtrés nous les français, c’est parce que nous n’avons été incapables de suivre de simples consignes. Faute de civisme élémentaire, on n’a pas eu d’autres choix que de nous claquemurer.
Et voilà, restreindre ses libertés individuelles, c’eut été un moyen de préserver un minimum de vie sociale. A méditer pour les mois à venir car COVID-19 va durer. Si, si, je le tiens de sources sûres…
C’était ma leçon de morale du jour #6. Je vous l’envois sur WhatsApp ?
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