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Billet de blog 31 octobre 2022

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Catherine Marand-Fouquet par elle-même

Reçue major à l'agrégation d'histoire, chercheuse en histoire des femmes, Catherine Marand-Fouquet n'est pas recrutée par l'Université, qui lui préfère systématiquement des hommes. Elle proteste : "voie maxi barrée". En 1989, alors que le Bicentenaire fait la part belle et exclusive à la Révolution au masculin, elle épouse la cause d'Olympe de Gouges...

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Illustration 1
Couverture de La femme au temps de la Révolution, publié par Catherine Marand-Fouquet en 1989 chez Stock dans la collection de Laurence Pernoud.

Pas de place à l'Université pour une historienne des femmes

Née en 1942, mariée en 1961, je suis mère en 1962 et 1966.

Études d'histoire à Aix en Provence, Capes en 1966, premier poste en Bretagne (1967-1970) puis à Marseille (1970-1973). Un an de disponibilité pour me présenter à l'agrégation d'histoire, succès (major). Nouveau poste en lycée, fréquentation du séminaire de Michel Vovelle, début d'une thèse en histoire de la médecine, sur "Le médecin et l'épileptique, en France du XVIIe au XXe siècle". Rencontre avec Yvonne Knibiehler, trois ouvrages en collaboration : L'histoire des Mères, 1980, et troisième enfant en guise de travaux pratiques, La Beauté, pour quoi faire ?, 1982, La Femme et les médecins, 1983. À deux reprises, la fac d'Aix refuse de me recruter comme assistante. Je réagis par un mini pamphlet "à l'usage des candides qui se présentent…" sur le mode des idées reçues de Flaubert. Le thème du genre y est évidemment présent, avant la lettre. Mini scandale.

Voie maxi barrée. Faute d'un poste, je n'ai pu faire ma thèse. Quand je me suis penchée sur les raisons profondes du refus de mon recrutement. Critère déterminant : la ressemblance au groupe. Aussi bien physiquement que sociologiquement et à d'autres égards, j'en étais assez loin. Et quelle chance finalement !

À partir de 1978, j'enseigne "à cheval" sur le lycée Marcel Pagnol de Marseille et en Lettres sup au lycée Paul Cézanne d'Aix. Sollicitée par Laurence Pernoud qui souhaite surfer chez Stock sur le succès de sa belle-soeur (La Femme au temps des cathédrales) en créant une collection sur ce thème, je lui suggère plusieurs titres et auteurs, mais me réserve le sujet "Révolution française", question que j'avais besoin de creuser pour mieux comprendre certaines pesanteurs. La rédaction me prend beaucoup de temps. Stock est à deux doigts de me refuser, enfin le livre paraît en février 1989.

Pour des raisons familiales, je suis bloquée à Marseille. J'ai besoin de continuer à réfléchir, à chercher. Plutôt que de bâcler mon enseignement, de délaisser ma famille ou de détruire ma santé, je choisis en 1988 de prendre une retraite anticipée.

Visibiliser les actrices de l'histoire

Dès lors, au lieu de me lancer dans un grand œuvre, je me laisse happer par différentes causes, dont celle d'Olympe. Je réponds volontiers aux demandes de conférences des associations féminines et féministes. Je suis active au CODIF (Centre d’Orientation de Documentation et d’Information). Il joue un rôle actif dans le premier rassemblement devant le Panthéon (1993, bicentenaire de l’exécution d’Olympe de Gouges).

Je me suis intéressée à Olympe de Gouges comme à d'autres lors de mes recherches sur l'histoire des femmes pendant la Révolution. Son nom s'est imposé à moi quand il a été question de proposer une femme d'envergure comparable aux autres panthéonisés. Pendant de Condorcet.

Lire Olympe de Gouges plus que jamais au Panthéon, entretien avec Catherine Marand-Fouquet

En 1989, cofondation de l’Association Les Femmes et la Ville (AFV), qui se donne pour but la recherche sur l’histoire des femmes à Marseille. Codirection des deux Dictionnaires qui en émanent (Edisud 1998, David Gaussen 2012).

1993, cofondation de la revue CLIO, Histoire, femmes et sociétés. Membre du comité de rédaction de 1994 à 2006. Direction en 1997 du n° 5, sur les Guerres civiles.

Actions pour la reconnaissance des femmes dans l’espace public. Demande à François Mitterrand de panthéoniser trois femmes (Olympe de Gouges, Marie Curie, Berthie Albrecht, 1989) ; Square Berthie Albrecht  à Marseille (1991) ; collège Olympe de Gouges à Plan de Cuques (2010) ; participation à la Commission de dénomination des rues à Marseille (2015-2020).

Agir contre la maltraitance des personnes âgées

Ayant constaté le scandale que représente le non-respect des droits et libertés de citoyens âgés en raison de leur âge, je fonde en 1997 l'association ALMA Provence (aujourd'hui ALMA13 2A-2B, affiliée à la Fédération 3977 contre la maltraitance) qui lutte contre la maltraitance des adultes âgés et handicapés. Je participe au comité d’éthique de la Fédération. Ayant transmis la présidence de l’association, j’en reste administratrice, conseillère active et conférencière.

Ma bio serait incomplète si elle ne mentionnait pas le bonheur ressenti dans l’exercice de mon rôle de grand-mère active auprès de mes cinq petits-enfants (1990, 1991, 1995 puis 2020 et 2022).

Catherine Marand-Fouquet, octobre 2022

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